Un ex-Premier ministre du Bénin en charge du projet de fondation sur l’esclavage

Gérard Larcher et François Hollande lors de la cérémonie du 10 mai et Lionel Zinsou
Lors de la cérémonie commémorative de l’abolition de l’esclavage à Paris, François Hollande a annoncé qu’il souhaitait mettre en place une fondation pour la mémoire de l’esclavage. Lionel Zinsou est en charge de cette mission qui pourrait aboutir sur un musée à Paris. 
Lionel Zinsou ne passe pas inaperçu. C’est bien simple, il est immense, pas loin des 2 mètres. Ce Franco-Béninois semble très à l’aise avec la nouvelle tâche qui vient de lui être confiée par François Hollande : créer avant la fin de l’année une fondation pour la mémoire de l’esclavage. Associant "tous les acteurs publics, privés, associations, entreprises", la fondation "réfléchira avec la mairie de Paris à l'édification d'un mémorial aux esclaves et d'un lieu muséographique", a précisé le président de la République.
 

Un CV qui donne le tournis 

Et c’est donc Lionel Zinsou ce quinquagénaire franco-béninois dont le curriculum vitae donne le tournis qui a été choisi pour présenter un rapport à l’automne sur ce projet. "Nous avons jusqu'au 22 décembre, la fin de l'automne", précise-t-il à La1ère.fr.
 
Lionel Zinsou, en charge de la mission de préfiguration de la fondation pour la mémoire de l'esclavage

Ex-Premier ministre du Bénin

Son père était le médecin de Léopold Sédar Senghor. Normalien, diplômé de Sciences-Po et de la London School of economics, Lionel Zinsou a fait carrière aussi bien dans le public que dans le privé. Professeur, conseiller de Laurent Fabius (il était sa plume à Matignon), banquier d’affaires et ex-Premier ministre du Bénin (2015-2016), il a logiquement toutes les capacités requises pour faire un bon chargé de mission.
 

"Protégé par les esprits"

A cela s’ajoute la baraka. Selon Victorin Lurel, l’ex-ministre des Outre-mers, interrogé par La1ère : "Lionel Zinsou a survécu à un crash en avion. Du coup, en Afrique, on dit qu’il est protégé par les esprits".

Défaite au Bénin 

Lionel Zinsou sort d’une élection présidentielle douloureuse. Après neuf mois de campagne, l’ancien Premier ministre du Bénin a été battu, il y a quelques jours, par Patrice Talon. Interrogé par La1ère.fr, il affirme que cette nouvelle mission confiée par François Hollande est une surprise. Il souligne qu’il va s’y atteler avec sérieux et enthousiasme.
 

Vers un musée

"C’est important qu’il y ait une présence physique de l’histoire des esclavages à Paris", souligne Lionel Zinsou. Nous en sommes au tout début du processus. On est encore loin du choix du lieu et de l’architecte, s’amuse le chargé de mission. Mais on n’a jamais trop de monuments", souligne l’ancien Premier-ministre du Bénin.

Une revendication ancienne  

L’ancien banquier d’affaires compte très rapidement mener des auditions et se rapprocher, comme le souhaite François Hollande, de tous les acteurs publics, privés, les associations et les entreprises pour mener sa mission de préfiguration. L’objectif est bien de parvenir à la création d’un musée de l’esclavage comme le demandent plusieurs associations telles que le Cran, SOS Racisme, le Crif ou la Licra.

En revanche, l'association "Mémoires et Partages" de Bordeaux estime dans un communiqué que "plus que d'un musée, nous avons besoin d'un respect de ce qui existe déjà. Cette journée nationale est peu célèbrée". 


Un choix atypique

De son côté, Victorin Lurel qui a été l'un des promoteurs du Mémorial Acte en Guadeloupe, s'avoue étonné du choix de Lionel Zinsou, tout en soulignant le riche parcours de l'ancien banquier d'affaires. "Ca va faire débat", conclut l'ancien président de Région.