Un "expert en masculinité" d'origine guadeloupéenne condamné à la prison à vie pour avoir tué de 80 coups de couteau son ex-compagne

La balance, symbole de la justice (Photo d'illustration)
Mickaël Philétas, 41 ans, a été reconnu condamné mercredi par la cour d'assises des Yvelines à la prison à perpétuité pour avoir assassiné son ex-compagne de près de 80 coups de couteau en janvier 2020. D'après "Le Parisien", l'homme qui se proclamait coach en séduction a été élevé en région parisienne par des parents guadeloupéens.

Un "expert en séduction" et en "masculinité" a été jugé coupable de l'assassinat de Mélanie G., 34 ans, de tentative de meurtre sur le nouveau compagnon de la victime et de tentative de meurtre ainsi que d'atteinte sexuelle sous la menace d'une arme sur sa petite sœur. 

"On voulait la peine la plus grave et on l'a eue", a déclaré la mère de la victime, partie civile au procès, en quittant la salle d'audience. Me Frédéric Roussel, avocat des parents et des deux sœurs de Mélanie G., a salué de son côté une peine "juste, adaptée et proportionnelle à la gravité des faits".

Mickaël Philétas, aujourd'hui âgé de 41 ans, comparaissait depuis le 17 janvier pour des faits remontant à janvier 2020 : il s'était introduit en pleine nuit au domicile de son ex-compagne, et l'avait frappée cette nuit-là de près de 80 coups de couteau. Il avait aussi poignardé à de maintes reprises le nouveau compagnon de Mélanie G. ainsi que sa petite sœur, qui dormaient tous les deux chez elle.

"Spécialiste de la masculinité"

D'après Le Parisien, l'homme a grandi en région parisienne, et a été élevée par ses parents guadeloupéens qui travaillaient dans les hôpitaux.

Professeur de zumba, l'accusé animait une chaîne YouTube comptant près de 1.000 vidéos, dans lesquelles il se proclamait "virtuose de la séduction", "spécialiste de la masculinité" et vilipendait la "castration" des hommes par leurs compagnes.

"Il est clair que Mickaël Philétas ne tolère pas qu'une femme lui tienne tête", a affirmé l'avocate générale dans son réquisitoire ce mercredi matin, citant notamment une vidéo de la chaîne animée par l'accusé intitulée "Comment dézinguer une ex". 

Décrivant un "crime sauvage" d'une "violence inouïe" et dont la préméditation ne fait "aucun doute", elle avait requis la perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans. 

La famille quitte la salle

Dans le box, assis bien droit, emmitouflé dans un anorak noir, l'accusé n'a pas réagi à l'énoncé des réquisitions. Alors que son avocat s'avançait à la barre pour plaider, la famille de la victime, partie civile, a quitté en silence la salle d'audience. Évoquant les vidéos mises en ligne par son client, Me Guillaume Gombard a pointé du doigt une "idéologie" qui l'aurait "rendu dingue".

À plusieurs reprises, le mis en cause avait fait allusion au mouvement américain MGTOW ("Men going their own way", en français "les hommes qui prennent leur propre chemin"), qui rassemble des hommes jugeant néfastes toute relation avec les femmes. 

"Certain que cet homme ne mérite pas la peine requise", l'avocat de la défense a demandé à la cour de ne pas retenir la préméditation pour ce "meurtre catastrophique", arguant notamment que l'achat d'une arme blanche quelques jours avant les faits ne présumait pas d'une "volonté d'homicide". Un argumentaire qui n'a visiblement pas convaincu.

Tout au long de son interrogatoire, lundi après-midi, l'accusé avait invoqué son droit au silence. Ce silence traduisait une "très très grosse honte", avait-il expliqué en fin d'audience. 

Sa sœur poignardée 30 fois

Lors de l'enquête, Mickaël Philétas avait expliqué qu'il s'était rendu au domicile de son ex-compagne, "obsédé" par l'idée de savoir si elle fréquentait un autre homme, et qu'il n'était venu armé que pour la menacer et obtenir la vérité.

La nuit du crime, avant de se rendre dans la chambre de la victime, où celle-ci se trouvait avec son nouveau compagnon, l'accusé serait d'abord tombé sur la petite sœur de Mélanie G., endormie dans le salon.

Sous la menace d'un couteau, il l'aurait contrainte à se taire, avant de lui baisser son pantalon ainsi que sa culotte, de la menotter et de lui porter des premiers coups de couteau. Elle en recevra près de trente au cours de la nuit. 

"Je me suis effondrée. [...] Quand je reprends connaissance, j'entends les cris de ma sœur en train d'agoniser. Elle hurle de douleur", avait raconté la semaine dernière à la barre la jeune femme de 23 ans. Le décès de cette dernière a été constaté sur place, peu après l'arrivée des secours.