Une commission alternative pour les Réunionnais de la Creuse

L'universitaire et chercheur Louis-Georges Tin
Le Comité représentatif des associations noires (CRAN) qui conteste la commission officielle du gouvernement sur les enfants de la Creuse  a annoncé  le 13 mars le lancement du Cevou, la commission pour les enfants volés en Outre-mer.
A peine lancée, déjà contestée, et même concurrencée. Le 18 février 2016, la commission  des enfants réunionnais de la Creuse se réunissait pour la première fois, deux ans après l'adoption d'une résolution par les députés. Réunissant un sociologue, deux historiens, un géographe et un retraité de l'Inspection générale des affaires sociales, cette dernière a pour but de permettre aux enfants déportés d'accéder à leurs archives.
Elle doit également favoriser la diffusion de cette histoire, notamment dans les manuels scolaires.
 

Intégrer les victimes dans la commission

Mais pour le Cran, cette commission est "disqualifiée'. Notamment parce qu'elle ne comprend pas de victimes. D’où cette volonté de lancer le Cevou, une commission alternative. "Les victimes sont les premiers experts de leur situation. Nous allons aider les personnes à réaliser des dossiers avec les éléments épars dont elles disposent", prévient Louis George Tin, président du Cran au micro de Radio Outremer 1ere.
 

Des victimes de Guadeloupe et Mayotte

Autre motif de création de cette commission alternative: celle du gouvernement ne prendra en compte que les enfants de la Réunion. "Les premières victimes viennent de Guadeloupe, assure Joanès Louis, vice-président du Cran. Nous avons eu un témoignage d'une personne qui, à la fin des années cinquante, a l'âge de 8 ans a été séquestrée avec son frère avant d'être envoyée en métropole manu militari.
Ce n'est qu'a leur arrivée dans l'Hexagone qu'ils ont appris que c'était l'Etat qui les avait, d'une certaine manière, déporté en métropole ", poursuit--il, citant également des exemples concernant Mayotte jusqu'à la fin des années 1990.
 

"L'Etat a décidé ce qui était bon pour les Réunionnais ou pour les Antillais"

"Ce sont plus de 1 600 enfants qui ont été arrachés à la Réunion, rappelle Françoise Vergès. Et tout ça n'est pas sans lien avec tous les abus de l'Etat à l'époque: la censure, la répression culturelle et politique, c'est tout un cadre qui a rendu possible cette déportation des enfants de la Creuse. C'est tout un cadre qui a fait que l'Etat a décidé ce qui était bon pour les Réunionnais ou pour les Antillais, comme si les populations n'avaient aucune autonomie de parole", précise-t-elle, toujours au micro d'Outre-mer 1ere.

Pour ce nouveau comité, la responsabilité de l'état ne doit pas seulement être reconnue: des réparations doivent suivre. "Quand les dossiers seront réunis, nous irons devant le Ministère des Outre-mer pour demander réparation. Si la réponse n'est pas appropriée, nous irons au tribunal", prévient Louis George-Tin.