L’Ananas-bois et le Cerisier montagne en Martinique, le Bois de senteur blanc à La Réunion, le Kaori du Mont Panié en Nouvelle-Calédonie… Ces espèces sont menacées, comme une espèce d’arbre sur trois dans le monde selon le dernier bilan publié par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Ce chiffre, alarmant, provient de la dernière mise à jour de la liste rouge des espèces menacées. Créée en 1964, cette liste est un inventaire de l’état de la faune et de la flore au niveau mondial. La liste rouge accorde un degré de vulnérabilité ("préoccupation mineure", "vulnérable", "en danger", "éteinte", etc.) à près de 166.000 espèces, animales ou végétales.
Plus d’une espèce d’arbre sur trois est menacée d’extinction. Les arbres sont essentiels au maintien de la vie sur Terre du fait de leur rôle vital dans les écosystèmes, et la vie et les moyens d’existence de millions de personnes en dépendent.
Grethel Aguilar, Directrice Générale de l’UICN.
Fragilité des écosystèmes insulaires
Déforestation, utilisation comme bois de chauffage, exploitation pour leurs vertus médicinales… Les menaces qui pèsent sur les arbres sont nombreuses. L’UICN note que le nombre d’arbres menacés est plus de "deux fois supérieur au nombre total d’oiseaux, de mammifères, de reptiles et d’amphibiens menacés combinés".
Des arbres tropicaux de Guyane aux conifères de Saint-Pierre et Miquelon, 85 % du territoire des Outre-mer est occupé par des forêts. Or les territoires ultramarins, parce qu’ils sont pour la plupart insulaires, sont particulièrement vulnérables. "La plus forte proportion d’arbres menacés se trouve sur les îles", explique l’UICN. Non seulement les écosystèmes qui se sont développés en vase clos sont plus vulnérables face aux espèces envahissantes, mais les arbres des îles sont aussi particulièrement menacés par les conséquences du réchauffement climatique que sont la montée des eaux et l’augmentation de la violence des tempêtes.
Menaces en chaîne
Si elle est une perte de biodiversité en soi, la disparition des arbres "constitue une menace majeure pour des milliers d’autres plantes, champignons et animaux", note l’UICN. Par exemple, à La Réunion, le phasme Apterograeffea reunionensis – un insecte qui ressemble à une branche – est en danger critique d’extinction parce qu’il se nourrit de palmiers qui sont eux-mêmes en danger. Le palmiste rouge, autrefois très commun, n’est plus présent que dans quelques coins des hauts de l'île, et le phasme ne vit plus que dans une petite zone de quelques kilomètres carrés, dans les environs de Saint-Philippe.
Des solutions existent pour préserver les arbres qui disparaissent. Il est par exemple possible de créer des banques de semence pour conserver leurs graines ou de développer des jardins botaniques, un peu à l’image de ce qui se fait pour certaines espèces animales, disparues dans la nature mais dont quelques individus survivent encore dans des zoos. C'est par exemple le cas du lion de l’Atlas, dont le dernier spécimen sauvage a été abattu en 1922 mais qui compte encore une centaine de représentants en captivité.