Une étude publiée par l'INED renseigne sur les violences subies par les Réunionnais dans leur enfance

L'Institut national d'études statistiques s'est penché sur les circonstances et les auteurs des violences qu'ont subi les habitants de La Réunion lorsqu'ils étaient mineurs. L'enquête montre que l'île est davantage touchée que l'Hexagone. Mais aussi que les femmes en sont les premières victimes.

S’il y a une donnée que l’équipe de chercheures de l’INED veut que l’on retienne de l’étude publiée le 8 septembre, c'est celle-ci : à La Réunion, 32 % des femmes déclarent avoir subies des violences lorsqu’elles étaient mineures. C’est également le cas pour 23 % des hommes réunionnais interrogés.

On a pris en compte les violences subies par les garçons, ce qui est une première”, explique Stéphanie Condon, une des chercheures ayant participé à l'enquête. “Il fallait aussi prendre en compte les différents types de violences : violences psychologiques, physiques et sexuelles.” Enfin, “nous avons également étudié la question des auteurs des violences car on voit une différence entre les violences sexuelles exercées dans la famille très proche - on parle alors d’inceste - et l’entourage, qui va de l’ami du frère aîné à l’amie de la grand-mère chez qui on a été logé”.

 

Quels enseignements en tirer ?

D’abord, il y a une prévalence plus forte des violences subies avant 18 ans à La Réunion comparé à l’Hexagone. “1 femme sur 4 (contre 1 sur 6 dans l’Hexagone) et 1 homme sur 5 (contre 1 sur 8) déclarent au moins un fait”, écrivent les chercheures.

Mais il ne s’agit pas de pointer du doigt l’île de l’Océan indien, ni de stigmatiser les Outre-mer en général.

Les habitants de La Réunion sont exposés aux violences. Certes un peu plus que ceux de la France métropolitaine. Mais il faut souligner que les violences de genre à l’âge adulte et pendant l’enfance restent un problème social universel.

Stéphanie Condon, auteure de l'étude

 

D’ailleurs, l’étude souligne que ce sont avant tout les violences psychologiques et verbales qui sont davantage observées dans le département d’Outre-mer, les violences physiques et sexuelles étant à des niveaux à peu près équivalents avec ceux de la métropole.

A ce stade, on ne peut pas encore expliquer pourquoi on observe ces différences entre d’un côté l’Hexagone et La Réunion et de l’autre les garçons et les filles”, dit Stéphanie Condon. “Nous présentons uniquement des statistiques, des faits. Nous avons néanmoins commencé à mener des entretiens plus approfondis pour comprendre les raisons de ces divergences.

 

Des violences intrafamiliales

L’étude de l’INED renseigne aussi sur les auteurs des différentes violences subies par les jeunes Réunionnais et Réunionnaises. Trois catégories sont distinguées : la famille proche (parents, frères et soeurs), la famille élargie (cousin, oncle, tante) et l’entourage (le voisin, l’ami).

Même si les parents prédominent dans les violences physiques et psychologiques exercées, il ne faut pas négliger le rôle de l’entourage, indique l'étude. “Un oncle est notamment cité comme auteur des violences psychologiques par 12 % des femmes et 15 % des hommes victimes”.

Ce phénomène est plus marqué à La Réunion que dans l'Hexagone. “Il n’est pas rare que plusieurs générations habitent la même maison ou, encore plus fréquemment, la même rue ou le même quartier” sur l'île, tentent d'expliquer Stéphanie Condon et ses collègues.

En ce qui concerne les violences sexuelles subies par les mineures, la famille élargie et l’entourage proche sont davantage cités que les parents et la fratrie. Très souvent, selon l’étude, c'est un oncle qui est mis en cause (dans 23 % des cas).