Le groupe minier brésilien s’est prononcé sur la situation de sa filiale calédonienne. Vale se donne encore six mois pour trouver une solution, ou renoncer aux métaux calédoniens pour les véhicules électriques. L'usine du Sud produit du cobalt et du nickel de grande pureté.
20% à 40% du capital du grand complexe industriel de nickel (VNC) en Nouvelle-Calédonie est à vendre. Pour le géant minier latino-américain, arrêter l’usine du Sud serait une décision difficile à prendre, compliquée et coûteuse aussi. Une décision qui aurait des conséquences sur l’image et la crédibilité du groupe brésilien. Mais qui a valeur de test sur la capacité de Vale et de son PDG à prendre les mesures nécessaires pour assurer le versement de confortables dividendes à des actionnaires obnubilés par « les coûts de l’usine de la Nouvelle-Calédonie ». Une inquiétude exprimée le 27 juillet dernier par le représentant d’un fonds d’investissement, Janus Capital, de Denver dans le Colorado.
La réponse de M. Schvartsman montrait aussi son agacement devant l’insistance des actionnaires : « La fermeture de l’usine du Sud serait le dernier recours. Vous imaginez, après avoir investi des milliards de dollars là-bas, je ne peux pas simplement aller en Nouvelle-Calédonie et fermer l’usine, sans tenir compte de tous les efforts, de tous les postes de travail qui existent, de tout ce qui est là-bas. La fermeture interviendra seulement si, à la fin, on ne peut pas continuer. »
« Envisager une prise de participation dans l’usine du Sud de BPI France, la Banque Publique d’Investissement ? C’est une hypothèse peu crédible et compliquée. Et puis on parle de centaines de millions d’euros voir d’un milliard. Mais rien n’est impossible » poursuit prudemment Philippe Chalmin. Qui ajoute en conclusion : « le PDG de Vale agit comme le ferait n’importe quel industriel confronté à une situation de ce type. Fabio Schvartsman envisage d'arrêter en juin 2018. Mais il reste 6 ou 7 mois et cela donne du temps pour trouver une solution qui permette de sauver l’usine du Sud ».
La réponse de M. Schvartsman montrait aussi son agacement devant l’insistance des actionnaires : « La fermeture de l’usine du Sud serait le dernier recours. Vous imaginez, après avoir investi des milliards de dollars là-bas, je ne peux pas simplement aller en Nouvelle-Calédonie et fermer l’usine, sans tenir compte de tous les efforts, de tous les postes de travail qui existent, de tout ce qui est là-bas. La fermeture interviendra seulement si, à la fin, on ne peut pas continuer. »
On en parle dans les pubs de Londres
Le devenir de l’usine calédonienne, l’une des rares usines mondiales à produire à la fois du nickel et du cobalt de grande pureté ne laisse pas indifférent les analystes et traders londoniens. La Nouvelle-Calédonie alimente même certaines conversations dans les pubs de la City où se retrouve le petit monde de la finance. « Le Président de Vale a fait passer un message à ses actionnaires, je vous ai compris mais laissez-moi encore un peu de temps pour trouver un partenaire. Cela dit, l’opinion dominante à la City de Londres, c’est que Vale met la pression sur le gouvernement français à l’approche du référendum en Nouvelle-Calédonie » résume l’analyste français Boris Mikanikresai expert du marché du nickel pour le Metal Bulletin de Londres. Un autre spécialiste partage cet avis : « Vale adresse un message aux gouvernements français et calédonien, aidez-nous pour l’usine du Sud, car le groupe brésilien estime que l’envolée des cours du nickel, si elle se produit, n’interviendra pas avant deux ou trois ans » précise Robin Bahr directeur des analyses pour les investissements du secteur des métaux de la Société Générale à de Londres .Vale - la main de fer du Brésil
Le business de Vale vient d’abord du commerce du fer dont il est le premier négociant mondial et qu’il exporte massivement en Chine. Très endetté, le groupe ambitionne de réduire sa dette de 21 milliards à 10 milliards de dollars d’ici 2019. Le minerai de fer, qu'il extraie à un coût compétitif, concentre environ 80% de l'excédent brut d'exploitation. Sorti du rouge en 2016, le groupe devrait afficher un bénéfice net en hausse de 70% cette année. Pour y parvenir, Vale a même vendu ses deux derniers navires minéraliers, pour la somme de 178 millions de dollars. Le groupe minier a détenu jusqu’à 19 de ces minéraliers géants. « N’oubliez pas que Vale est un groupe relativement fragile et dans lequel l’Etat brésilien est encore très présent. La désignation du PDG est aussi une décision politique et nous sommes à l’approche des turbulences de l’élection présidentielle au Brésil prévue en 2018. L’économie du pays sort du bourbier, mais la crise politique perdure et ce n’est pas bon pour Vale » souligne Philippe Chalmin, professeur d’histoire économique à l’Université Paris-Dauphine et coordinateur du rapport Cyclope sur les Matières Premières.Vale et sa carte calédonienne
Les perspectives positives des cours du nickel et du cobalt, portées notamment par la demande des constructeurs de batteries automobiles, et donc les prix du nickel au LME de Londres, conditionnent sans doute la continuité ou pas de l’usine du Sud. Un analyste londonien qui a déjeuné récemment avec Fabio Schvartsman le confirme, sous couvert d’anonymat : « Vale veut conserver sa carte calédonienne dans le nickel et le cobalt, notamment parce qu'il pense que le véhicule électrique représentera 20% du marché mondial automobile à l’horizon 2025. Mais à condition de trouver un ou des investisseurs et si possible dans les pays où l’on produira des voitures électriques et hybrides. » Exactement ce que dit Fabio Schvartsman.Une solution calédonienne et française ?
Reste la solution d'un nouveau soutien de la France, pour laquelle les enjeux politiques et sociaux sont forts. Vale avait accueilli positivement le prêt français de 200 millions d'euros accordé en novembre 2016. Un an plus tard, revendication des actionnaires et plan de réduction de la dette écartent, pour Vale, l’idée d’un nouveau prêt des autorités françaises.« Envisager une prise de participation dans l’usine du Sud de BPI France, la Banque Publique d’Investissement ? C’est une hypothèse peu crédible et compliquée. Et puis on parle de centaines de millions d’euros voir d’un milliard. Mais rien n’est impossible » poursuit prudemment Philippe Chalmin. Qui ajoute en conclusion : « le PDG de Vale agit comme le ferait n’importe quel industriel confronté à une situation de ce type. Fabio Schvartsman envisage d'arrêter en juin 2018. Mais il reste 6 ou 7 mois et cela donne du temps pour trouver une solution qui permette de sauver l’usine du Sud ».