Elle avait fini par croire que le basket français n’était pas fait pour elle. Le club de La Roche Vendée lui a démontré le contraire. La calédonienne Soana Lucet va y disputer sa troisième saison d’affilée. Avec bonheur et ambitions.
Il n’y avait donc pas de malédiction. Aucun complot. Rien n’empêchait Soana Lucet de réussir sur les parquets français. Elle a juste dû attendre de rencontrer le bon entraîneur. Avec le bon projet. Voilà déjà deux ans que la Calédonienne fait le bonheur du club vendéen du RVB. L’aventure se poursuivra la saison prochaine. Ou plutôt reprendra la saison prochaine. Car le basket féminin se trouve en mode pause forcée depuis la mi-mars.
À la fois sérieuse et inquiète, la Calédonienne n’a pas mis les pieds dans un supermarché pendant près de deux mois : "Le confinement n’a pas été évident à supporter mais il était nécessaire, avoue Soana. Heureusement que j’ai pu vivre cette période avec ma mère. On a profité l’une de l’autre. Est-ce que j’ai eu peur pour elle ? Évidemment. Mais tout était fait pour que nous ayons peur. Le fameux climat anxiogène à la française.
Physiquement, j’ai pu continuer à m’entretenir à domicile. Disons tout de même que les trois dernières semaines de confinement m’ont paru plus longues. Garder la volonté de faire du vélo d’appartement dans sa cuisine, c'est quelque chose de particulier…"
Le chaudron vendéen a besoin de son public et de ses sponsors
Date de reprise approximative. Une seule certitude : le monde du basket refuse d’organiser des matchs à huis clos. La perte de recettes serait colossale. "D’autant que pour nous, les joueuses, évoluer devant des tribunes vides, ce n’est pas du tout pareil, confirme Soana. La Roche-sur-Yon dispose d’une salle-chaudron de 2 000 spectateurs. C’est toujours plein. Quand on croise les gens dans la rue, ils attendent le retour de la compétition avec impatience. Je n’imagine pas qu’on les laisse à la porte."
De toute façon, les finances des clubs ne le supporteraient pas. Autant mettre la clé sous la porte : "L’équilibre économique serait rompu. Comment voulez-vous qu’un sponsor continue à vous soutenir financièrement si du jour au lendemain, il n’est plus visible ?"
Soana et le basket français, enfin une histoire qui dure
Avant de s’imposer en Vendée, Soana Lucet avait surtout brillé à l’étranger. En Allemagne (deux doublés Coupe-Championnat avec Wasserburg en 2016 et 2017) et en Belgique. Son premier club français Arras en 2011 la libère au bout de 8 matchs. Rendement insuffisant. Rebelote en 2013 lorsqu’elle rentre de Belgique pour signer à Angers. L’aventure angevine ne dure que 13 rencontres. Avant l’exil réussi en Allemagne. À croire que la Calédonienne n’était pas faite pour le basket hexagonal : "J’ai effectivement fini par le penser, sourit Soana. Comme si ça ne collait pas avec les coachs français. Puis il y a eu la rencontre avec Emmanuel Body, l’entraîneur de La Roche. Il m’a présenté son projet. Il recherchait des joueuses revanchardes qui voulaient travailler dans une bonne atmosphère. Résultat : je ne me suis jamais sentie aussi épanouie."
L’épanouissement est tel qu’elle enchaîne une troisième saison dans une même équipe pour la première fois. À 33 ans, Soana Lucet se fait enfin un nom en France. Il est vrai que son début de carrière fut atypique et lointain. En 2006 lors d’une compétition en Nouvelle-Zélande, la Calédonienne est détectée par des recruteurs américains. À 19 ans, place à l’American Way of life : "J’ai vécu un rêve américain pendant quatre ans et demi. Au College of Southern Idaho puis à l’université d’Arizona. J’avais une bourse universitaire. Rien à payer. Tout était grandiose. Un vrai beau souvenir. C’est peut-être aussi pour ça que le retour en France a été si compliqué. Les dimensions n’étaient plus les mêmes."