Vers un premier feu vert à une prorogation de l'état d'urgence sanitaire en Outre-mer

Les députés rassemblés dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, le 12 janvier 2021.
L'Assemblée nationale s'apprête mardi à donner un premier feu vert à une prorogation, jusqu'au 15 novembre, de l'état d'urgence sanitaire, dans plusieurs territoires ultramarins durement touchés par le rebond de la crise du coronavirus.

Cette extension, qui permet d'instaurer ou maintenir des mesures de couvre-feu et de confinement, concerne la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Barthélémy et Saint-Martin dans les Antilles, ainsi que la Guyane, la Réunion et la Polynésie française. Marquant la reprise des travaux parlementaires après la pause estivale, le texte examiné en urgence en fin d'après-midi au Palais Bourbon devrait passer sans difficulté, après une validation sans modification la semaine dernière en commission des Lois.

Le projet de loi et son article unique viendront ensuite jeudi matin devant le Sénat, le gouvernement espérant boucler dans la même journée le processus d'adoption parlementaire.

L'état d'urgence est légalement possible jusqu'au 30 septembre dans ces territoires - le 20 septembre pour la Polynésie française où les mesures de confinement ont été prolongées. Des mesures de couvre-feu et de confinement y sont en vigueur, avec des modalités propres aux situations sanitaires locales. 

Situation toujours compliquée

La prolongation au 15 novembre est "justifiée" par "la nécessité d'y maintenir un instrument de réponse rapide et réactive face à un virus imprévisible", estime le rapporteur Jean-Pierre Pont (LREM).

Malgré des signes d'amélioration, ces territoires se caractérisent par une situation beaucoup plus dégradée qu'en métropole, qu'il s'agisse du taux d'incidence du virus ou de la saturation des hôpitaux, ainsi que des taux de vaccination qui restent beaucoup plus faibles.

Ainsi en Guadeloupe, 68 personnes, dont 59 malades du Covid-19, se trouvaient en réanimation lundi, alors que le territoire compte au total 98 lits de réanimation et 36 lits de soins critiques, selon l'Agence régionale de santé et la préfecture. En Martinique, le taux d'incidence du virus s'établissait à 438 pour 100.000 habitants, contre 141 en métropole.

"Drames humains"

En Polynésie, 33 personnes sont décédées du Covid-19 le week-end dernier, portant à 513 le nombre total de décès liés au virus sur le territoire de 270.000 habitants depuis le début de l'épidémie. "C'est une crise sans précédent à l'échelle de notre territoire", souligne Maina Sage, députée de Polynésie française et membre du groupe Agir (majorité).

Cette région, constituée de "petites îles où tout le monde se connaît", est frappée par "des drames humains et familiaux terribles. Pas un jour se passe sans que nous apprenions le départ d'un proche, d'un ami". Mais "cette crise révèle aussi des déficits structurels en termes d'infrastructures, de moyens matériels et humains", relève-t-elle.

Le projet de loi prévoit aussi que, si l'état d'urgence sanitaire est déclaré à Mayotte, à Saint-Pierre-et-Miquelon, à Wallis-et-Futuna ou en Nouvelle-Calédonie avant le 15 octobre, il sera là aussi en vigueur jusqu'au 15 novembre.

Unanimité

En Nouvelle-Calédonie, où l'inquiétude monte, un confinement strict d'une durée de 15 jours débutant mardi a été décrété. Trois cas autochtones de Covid-19, sans lien entre eux, ont été détectés lundi dans cet archipel jusqu'ici préservé de la maladie, et quatre autres cas ont suivi depuis.

Dans l'opposition, les socialistes ont annoncé qu'il voteraient ce texte, mais le député Gérard Leseul a prévenu qu'il "faudra rester très vigilants sur les mesures d'accompagnement économique et sanitaire". A droite, le groupe LR a annoncé une position identique. 

La principale opposition vient du groupe LFI. "Plutôt que de restreindre les libertés", estime l'Insoumise Danièle Obono, il faudrait "établir une véritable stratégie en faveur des hôpitaux et donner une infrastructure sanitaire à ces territoires, afin de s'attaquer aux causes structurelles des difficultés".