Cette correspondance regroupe les 287 lettres écrites par René Maran à Paul Manoel Gahisto et les 150 écrites par Gahisto à Maran. Cet échange épistolaire dura de 1909 à 1948 et fut une relation entre deux poètes mais aussi deux amis. Elle fut initiée par le futur prix Goncourt au moment où il part en Afrique comme fonctionnaire de l’administration coloniale. Gahisto était un lecteur de la revue "Le Beffroi" qui fut la première à éditer René Maran.
L’auteur : Romuald Fonkoua
Romuald Fonkoua est professeur des universités à la Faculté des lettres de Sorbonne Université. Il y dirige le Centre International d’Études Francophones.
Le livre : "Correspondance Maran Gahisto" aux éditions Présence Africaine
Initiée comme un contrat d’écriture et de lecture entre deux poètes, la correspondance entre Maran et Gahisto va se poursuivre sous la forme d’une conversation régulière entre deux amis où se dessine le tableau d’une vie, celle de René Maran. Il s’en dégage une mise à nu de l’homme qui éclaire plusieurs pans de son oeuvre littéraire et de ses activités politiques, une mise au clair de ses préoccupations, de ses positions et de ses dispositions durant le XXe siècle qu’il incarne. En nous replongeant dans la France littéraire et intellectuelle de la première moitié du XXe siècle, cette correspondance nous mène de l’Europe en Afrique, de la France aux colonies, à travers les problèmes politiques et littéraires que suscite la relation entre la France et les territoires d’Outre-mer. Elle nous fait revivre l’aventure des hommes aux prises avec deux guerres mondiales. On y redécouvre la situation des colonies françaises d’Afrique et les conséquences de leur évolution sur le devenir de la nation. On y observe surtout l’évolution d’un groupe d’écrivains aux prises avec la littérature, son statut et ses pratiques dans la France hexagonale.
Lecture d’À la première page : page 56 de "Correspondance Maran Gahisto"
"Il me semble que je tourne en un cauchemar sans fin, comme un écureuil tourne dans sa cage. On peut donc vivre dans la honte, malgré la honte ? Ecrivez-moi. Je ne sais que penser. À quoi d’ailleurs penserai-je ? Aura-t-on encore le droit de le faire ? En somme, cela importe peu. Nous pensions en idéalistes, c’est-à-dire en romantiques, alors que nous étions en plein matérialisme. C’est de cela que je souffre, de cela que je me meurs."
Extrait d’une lettre de René Maran à Paul Manoel Gahisto, le 24 juillet 1940
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Réalisation : Jean-Luc Benzimra
Graphisme et Animation : Joël Cimarron
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