Ranitéa Laughlin est une danseuse et chorégraphe de 27 ans, originaire de Tahiti en Polynésie française. Elle commence la danse à 7 ans avec des cours de modern jazz. Plus tard, elle intègre l'école de danse de 'ori Tahiti de sa tante. Ranitéa se spécialise très vite dans la danse traditionnelle polynésienne. Aujourd'hui, elle se distingue parmi les danseuses de 'ori Tahiti, elle est d'ailleurs sacrée meilleure danseuse avec sa troupe Manohiva lors du célèbre concours Heiva i Tahiti 2023. Tout en restant dans la tradition au niveau des pas de base, elle se permet de rajouter dans ses chorégraphies, des figures plus modernes, pour pouvoir vivre avec son temps.
J'aime beaucoup les chants et les danses qui traitent de l'identité parce que c'est un peu la quête d'une vie, on cherche en permanence à savoir qui on est et où on va.
Ranitéa
Professeure de danse passionnée
Depuis maintenant six ans, Ranitéa enseigne le 'ori Tahiti à l'école de danse Manohiva. La première partie de ses cours consiste à faire des exercices de réveil musculaire, des échauffements pour enchaîner sur l'apprentissage des pas de base traditionnels et travailler la technicité. Elle initie ses élèves aux danses traditionnelles polynésiennes telles que l''otea (ʻōteʻa en tahitien) et l'Aparima.
L''otea se danse au rythme des percussions avec des mouvements de déhanchements pour les femmes. Le Aparima se pratique sur des chants. C'est une danse plus douce, plus dans l'émotion. Les mouvements des bras décrivent un récit gestuel.
Pendant mes cours de danse, j'essaie de transmettre la partie technique et l'exécution des pas et des mouvements et j'essaie aussi d'instaurer une certaine discipline.
Ranitéa
Plusieurs fois par an, les danseurs de 'ori Tahiti se rassemblent pour des entraînements géants au son des percussions. L'occasion pour Ranitéa et ses élèves de préparer de futurs spectacles.
Créatrice de costumes
Dès son plus jeune âge, Ranitéa a voulu maîtriser la confection des costumes. Elle commence par faire des petits hauts, des paréos. Aujourd’hui, elle possède un atelier de couture dans le centre de Papeete.
La danse et la couture vont de pair. C'est indissociable. Quand tu sais faire tes costumes, tout est beaucoup plus simple.
Ranitéa
Pour la confection de ses costumes, Ranitéa puise dans les ressources naturelles de son archipel. Ainsi, elle utilise le tapa (écorce de murier), le moré fait à base de fibre de purau, des coquillages, de la nacre, des feuilles de cordyline. La nature fait partie intégrante de la philosophie de la danseuse. Ce qu'elle aime, c'est la liberté de créer.
Attachée à ses racines
Lors d'une cérémonie, Ranitéa a découvert le marae de Tupuhaea. Depuis elle s'y rend régulièrement. Dans ce lieu, elle se sent inspirée et sereine. Ce qu'elle recherche c'est le silence intérieur, la sérénité et l'inspiration. Elle danse alors pour son histoire, très loin d'une démonstration technique ou esthétique comme lors de ses spectacles. Elle y puise l'énergie du mana, cette force sacrée et surnaturelle, héritée de ses ancêtres.
Les marae sont des lieux sacrés pour tous les peuples d'Océanie. C'est un signe de reconnaissance, et également une manière de rendre hommage à nos ancêtres, à ceux qui nous ont précédés et qui ont bâti ces édifices.
Ranitéa
Pour aller plus loin et découvrir d'autres talents ultramarins : Outre-mer danse mais aussi Outre-mer Street art et Ultra sons proposent des portraits de la nouvelle génération d'artistes de la culture urbaine.
Écriture et réalisation : Sarah Almosnino
Production : 909 Productions
Durée 12 minutes - © 2023