L’intelligence artificielle évolue vite, très vite. Les superlatifs à son endroit sont légion : révolution numérique, révolution industrielle, une innovation de rupture. Autant d’exemples pour décrire une innovation qui a comme une vague envahi les sociétés, dans tous les domaines. Pour certains derrière ces deux lettres, se cache la dernière innovation numérique que beaucoup résument à ChatGPT.
Pour Frédéric Pascal, professeur à Centrale Supélec et directeur de l’institut DATA IA de l’université Paris-Saclay, l’intelligence artificielle c’est « autant des opportunités que des inquiétudes », pour autant, il insiste sur la nécessité de « développer les métiers numériques notamment auprès des populations ultramarines, les femmes en particulier ». Une position appuyée par Sophie Lubin, qui au sein de son association Maryse Project, se bat pour que les jeunes femmes des Outre-mer s’intéressent à ces nouvelles technologies et investissent ce secteur. Selon elle, le chemin est encore long « mais il faut les inciter davantage à s’orienter vers les filières scientifiques, techniques et informatiques ».
Des filières prises en compte aussi dans le domaine de la météorologie, comme l’a expliqué Gaël Musquet qui a affaire à l’IA « depuis une vingtaine d’années », quand il était alors étudiant. Au niveau de la formation, des initiatives sont menées sur certains territoires pour permettre aux enseignants par exemple d’apprivoiser et de gérer ce nouveau partenaire qu’est l’IA. Une bonne chose selon Frédéric Pascal, qui souligne par ailleurs que « l’IA va modifier le système éducatif français en profondeur ; tout est question de pédagogie ».
Mais comment permettre aux jeunes ultramarins d’accéder à ces formations ? L’institut DATAIA de Paris-Saclay travaille avec des universités étrangères depuis plusieurs années, mais à ce jour, il n’y a pas de collaboration avec des structures ultramarines, déplore son directeur. Il faut remédier à cette situation souligne Annick Girardin, sénatrice de Saint-Pierre et Miquelon et ancienne ministre des Outre-mer.
Quid des emplois menacés ?
Mais tout comme elle fascine, elle fait également peur à la société. Les détracteurs de l’IA pointent le remplacement de l’humain par les machines, et donc de la perte de certains emplois. Mais pour Frédéric Pascal, « des emplois seront nécessairement impactés, mais d’autres seront transformés et d’autres créés ».
Des start-ups made in Outre-mer
L’intelligence artificielle envahit tous les domaines, notamment les langues régionales et vernaculaires. Les outre-mer en comptent plus d’une cinquantaine. À Mayotte une start-up Ndovoo Voice travaille sur une IA capable de traduire les langues de Mayotte vers d’autres langues notamment le français, l’anglais et ou encore le mandarin. Des initiatives saluées notamment par Gaël Musquet, pour qui, c’est vers ce genre de projet que l’Outre-mer doit se diriger. D’autres start-up sont aussi développées Outre-mer comme Myditek créée par un Guadeloupéen, ingénieur en informatique et agriculteur a trouvé le moyen de sécuriser au mieux une exploitation agricole. Une ferme du futur où tout est connecté, de la clôture aux bêtes.
Souveraineté des câbles ?
Prendre le train en marche, c’est aussi le credo d’Annick Girardin, qui plaide aussi pour que la France soit souveraine au niveau des câbles numériques sous-marins. Pour elle, c’est une question essentielle : « La France doit prendre sa place dans les autoroutes numériques et dans le développement des data center comme celui de Marseille » ; une manière de se protéger en cas de crise selon elle.
Les invités de l’émission
- Sophie Lubin, présidente de l’association Maryse Project,
- Annick Girardin, sénatrice de Saint-Pierre et Miquelon,
- Frédéric Pascal, professeur à Centrale Supelec, et directeur de l’institut DATA IA à l’université Paris Saclay.
- Gaël Musquet, météorologue, en duplex depuis la Guadeloupe.
Une émission présentée par Siti Daroussi
Rédacteur en chef : Didier Givodan
Production : Pôle Outre-mer de France Télévisions
Durée : 52 minutes - © 2024