VIDEO. Prisons, double peine pour les Outre-mer ? [Outre-mer, et si on bougeait les lignes ?]

La France a une nouvelle fois été condamnée en juillet dernier par la Cour européenne des Droits de l’Homme, pour les conditions indignes de détention dans ses prisons. 2023, c’est pour l’heure l’année de tous les records en matière de détention. Au premier août, ce sont précisément 74.237 personnes qui étaient incarcérées dont 5.882 en Outre-mer. Dans ce nouveau numéro de "Outre-mer, et si on bougeait les lignes ?", les invités de Siti Daroussi débattent sur la surpopulation carcérale en Outre-mer.

Jamais la surpopulation carcérale n’avait atteint les niveaux observés cette année en France. 2023 est pour l’heure, l’année de tous les records. Avec 60.666 places de prison opérationnelle, on dénombre au premier aout 74.237 personnes détenues dans les prisons sur l’ensemble du territoire français, dont près de 6.000 en Outre-mer. La surpopulation carcérale touche des territoires comme Mayotte et la Guyane avec des taux de densité carcérale de plus de 200%. 

Des situations dénoncées dans les différents rapports du contrôleur général des lieux de privations de liberté mais aussi d’autres rapports. La surpopulation carcérale est une maladie chronique en France. Au premier août, la densité carcérale Outre-mer était de 127,8% (contre 122% dans l’hexagone). Les établissements saturés entassent les détenus dans des conditions indignes ; promiscuité, locaux dégradés, pour le Conseil de l’Europe et l’Observatoire International des Prisons (OIP) c’est un problème « structurel ».

Quelles solutions ? 

17 fois condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme en raison de conditions de détention violant l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’Homme, la politique de la France consiste à construire davantage de prisons. Construire plus de prison, une politique défendue par Laurent Ridel, directeur de l’administration pénitentiaire. Une politique qui en Guadeloupe passe par le chantier de la prison de Basse-Terre. Un chantier de 42 millions d’euros qui permettra d’offrir à son terme des conditions de détention dignes les personnes mais aussi pour le personnel pénitentiaire.   

Les solutions alternatives peu développées

Pour Dominique Simonnot, contrôleure générale des lieux de privation de liberté, construire plus de prison n’est pas la solution. Pour elle, il faut davantage privilégier les mesures alternatives. Elle déplore le retard de la France dans ce domaine. Par comparaison, en Allemagne et en Hollande, on a huit peines de travail d’intérêt général pour deux peines de prison ferme, en France la proposition est inverse. « Il faut de la volonté politique » pour faire changer les choses souligne la contrôleure générale des lieux de privation de liberté, et le député Steve Chailloux.
Evoquant la question de la formation des détenus, Laurent Ridel a pointé la non implication des collectivités qui sont « responsables de la formation ». Chacun doit assumer ses responsabilités.

Quid alors des agents pénitentiaires ultramarins qui souhaitent rentrer dans leur territoire d’origine ?

Sur la question des surveillants pénitentiaires ultramarins en poste dans l’hexagone, ils sont de plus en plus à vouloir rentrer au pays, mais peu y arrive. Il faut en moyen plus de 15 ans de service dans une prison hexagonale pour espérer obtenir ce sésame. Cédric Boyer représentant syndical FO Justice aura passé 14 ans en métropole avant de se voir muter au mois d’aout à la prison du Port sur l’île de La Réunion. Le syndicaliste attend beaucoup de la future réforme annoncée par le ministre Eric Dupond-Moretti, une réforme qui permettra de répondre en partie à la problématique de recrutement des agents pénitentiaires en faisant appel aux contractuels.

Les invités de Siti Daroussi

De g. à dr. : Laurent Ridel et Steve Chailloux, invités d'Outre-mer, et si on bougeait les lignes ?


En plateau :

  • Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté.
  • Steve Chailloux, député de Polynésie
  • Laurent Ridel, le directeur de l’administration pénitentiaire
De g. à dr : Dominique Simonnot et cédric Boyer, invités d'Outre-mer et si on bougeait les lignes ?

En duplex :

  • Cédric Boyer, représentant syndical FO Justice depuis la Réunion.

Une émission présentée par Siti Daroussi
Rédacteur en chef Didier Givodan
Production Pôle Outre-mer de France Télévisions
Durée 52 minutes - © 2023