VIDÉO. Qui étaient les femmes esclaves ? [Temps des mémoires]

Environ douze millions d'Africains furent déportés aux Amériques et vendus comme esclaves. Parmi eux, quatre millions de femmes traversèrent l'océan pour se retrouver sous le joug des esclavagistes. Trois minutes pour comprendre la place des femmes au temps de l'esclavage avec "Les Outre-mer Autrement".

Du XVe au XIXe siècle, entre 12 et 15 millions d’habitants d’Afrique ont été arrachés à leurs terres pour être mis en esclavage dans les colonies européennes. La France, elle, a transporté par bateau près de 1,25 million d’esclaves vers ses colonies. Parmi eux, un esclave sur trois était une femme. 

Code noir

Statut des femmes dans le code noir

Le texte du Code noir ne fait pas de différences entre les hommes et les femmes esclaves. Ils ont le statut "d'objets meubles". La seule distinction existante, c'est le statut de mère. Le Code noir précise ainsi qu'un enfant né d'une mère esclave sera esclave. 

Ventre d'une femme esclave enceinte

Le ventre des femmes

Au début de l'esclavage colonial, les maitres préfèrent faire venir de nouveaux esclaves plutôt que de fonder des familles. Mais à partir de 1815, la traite négrière est interdite. Les naissances sont alors favorisées. Le ventre des femme devient un "placement" permettant de renouveler les esclaves.

Exploitation sexuelle des femmes esclaves

Dans les plantations de canne à sucre les femmes devaient effectuer les mêmes travaux que les hommes, ainsi que des tâches ménagères. En plus de ces travaux forcés, elles étaient souvent victimes d'exploitation sexuelle et de viols.

Les figures emblématiques de la résistance féminine à l'esclavage 

Il y a peu de témoignages directs de ces femmes esclaves dans les colonies françaises. Les récits sont rares mais quelques figures féminines de lutte contre l'esclavage ont marqué ces périodes même si elles relèvent parfois plus de la fiction que de la réalité historique.

  • Guadeloupe : la mulâtresse Solitude
la mulâtresse Solitude

La plus connue est la mulâtresse Solitude en Guadeloupe. C'est un témoignage oral transmis à l'historien Auguste Lacour qui l'a fait connaitre. Solitude est un symbole de la révolution de 1802. Emprisonnée, elle est condamnée à mort alors qu'elle est enceinte. On l'exécute le lendemain de la naissance de son enfant. Son histoire a été largement connue grâce au roman d'André Schwartz-Bart La mulâtresse Solitude parue en 1972.

  • La Réunion : Héva 
Héva

Á La Réunion, Héva est un symbole du marronage, la fuite des esclaves. Pendant 25 ans, elle est la compagne d'Anchaing, un marron célèbre. Elle est capturée en 1740, mais son sort n'est pas connu.

  • Guyane : Claire
Claire, Guyane

En Guyane, la figure de Claire illustre la figure des communautés créées par les esclaves en fuite. Capturée avec son compagnon Copéna, elle est étranglée puis pendue sous les yeux de ses enfants.

Un long travail de mémoire

La place des femmes dans l'esclavage reste encore largement méconnue en particulier en dehors des anciennes colonies. Un pas symbolique a été amorcé en 2020, un jardin de Paris à été baptisé au nom de Solitude. Une statue doit y être installée, ce sera la première d'une femme noire à Paris.

Réalisation, illustrations et animation : Valentine Dubois

Production : Corner Prod / France Télévisions

Année : 2022