VIDEO. Titaua Peu dresse le portrait d'une Polynésie loin des clichés

L'auteure tahitienne décrit son pays tel qu'il est, raconte ce qui ne se dit pas. Dans son premier roman "Mutismes", Titaua Peu pose des mots sur des silences. Un livre réédité aux éditions "Au vent des îles" à (re)découvrir avec son auteure dans l'émission littéraire du portail : À la 1ère page. Réalisation : Jean-Luc Benzimra Graphisme et Animation : Joël Cimarron © France Télévisions 2021 • ©la1ere

Outre-mer la 1ère • Publié le 10 novembre 2021 à 15h23

Mutismes est le premier roman de Titaua Peu. Paru initialement en 2003 et réédité en 2021, il fait d’elle la plus jeune auteure tahitienne à avoir être publiée. Dès sa sortie, ce qu’elle décrit comme une "fiction", car "rien ne s’est passé et pourtant tout est vrai", fait scandale. Ce texte est un véritable coup de poing contre l’establishment. Manifeste indépendantiste, il (re)donne voix aux oubliés des années fastes du Centre d’Expérimentation du Pacifique (CEP).

C'est l'histoire de femmes tahitiennes qui se débattent pour vivre, tout simplement... C'est la petite histoire dans la grande de la Polynésie des années 80 aux années 2000.
Titaua Peu

L'auteure Titaua Peu

Ecrivaine à l’engagement éminemment politique, Titaua Peu donne à voir une société polynésienne réaliste, loin des clichés illusoires. Elle représente une des principales voix francophones de la littérature du Pacifique. Prenant le pas des "écrivains de l’ailleurs", c’est par sa voix tahitienne que s’expriment les réalités de son propre pays. Malgré son refus d’assimilation et son côté inclassable, elle s’impose pourtant définitivement comme auteure incontournable du paysage intellectuel et artistique polynésien.

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Réalisation : Jean-Luc Benzimra
Graphisme et Animation : Joël Cimarron
© France Télévisions 2021

Lecture d'À la 1ère page : extrait de "Mutismes" roman de Titaua Peu

Une maison tahitienne en bois bon marché. Une toute petite maison où la famille s'est installée. Elle appartient à la tante de la mère. Une grosse femme dévote qui passe ses journées à l'église et ses nuits à raconter des mensonges.

Cette grosse femme me fait peur. Elle dit que le père est un salaud et que la mère est limite bonne pour l’asile. Elle dit aussi qu’on est trop pauvres et qu’on ferait mieux de partir. La mère nous répète chaque nuit que ce n’est qu’une question de temps, qu’on se fait construire une maison plus haut dans le quartier, qu’on s’en ira bientôt. Elle dit aussi que Dieu est bon, qu'il ne veut pas qu'on touche aux petits et qu'il les protège. Et déjà, je ne crois pas à son Dieu parce que la grosse femme est de plus en plus méchante. Elle mange de plus en plus et moi j'ai faim.