Le numéro d'urgence destiné aux femmes victimes de violences, le 3919, sera accessible 24h sur 24 à partir du 28 juin. La mesure vise notamment à mieux prendre en charge les ultramarines qui ne pouvaient pas joindre le numéro à cause du décalage horaire.
Plus 70 % en 2020. Les violences faites aux femmes sont en augmentation depuis des années, et encore plus ces derniers mois, depuis le début de la crise du coronavirus, comme le constate la Fédération nationale Solidarité Femmes. "Nous recevons deux à trois fois plus d’appels de femmes en détresse lors des confinements, note Françoise Brie, la présidente de la FNSF qui gère la plateforme téléphonique Violences Femmes Info 3919. Durant ces périodes, on a reçu entre 800 et 1 000 appels par jour là où d’habitude nous en recevons 400. C’est une véritable situation dramatique pour les femmes."
Parler pour se libérer, parler pour condamner, parler pour pouvoir se reconstruire et revivre… C’est tout l’intérêt justement du 3919, un numéro national gratuit et anonyme d’aide aux femmes victimes de violences, qu’elles soient conjugales, sexuelles ou professionnelles, et qui a été mis en place dans l'Hexagone en 1992. Problème, ce centre d’écoute n’est ouvert qu’en journée, de 9h à 19h, heure métropolitaine. Le gouvernement, dans la lignée d’une décision européenne, a donc demandé à ce que ce centre d’appel ouvre désormais 24h sur 24, notamment pour mieux prendre en compte les appels des femmes victimes de violences outre-mer. Certaines peinent à joindre le service, notamment à cause du décalage horaire.
Selon la Fédération nationale Solidarités Femmes, 929 appels d’Outre-mer ont été reçus en 2020 par la plateforme Violences Femmes Infos. 163 passés depuis la Guadeloupe, 68 depuis la Guyane, 150 depuis la Martinique, 33 depuis Mayotte, 4 depuis la Nouvelle-Calédonie, 2 depuis la Polynésie, 506 depuis La Réunion, et 3 depuis Saint-Pierre et Miquelon.
Un service disponible dès le 28 juin
"Tous ces appels ne correspondent pas automatiquement à un cas de violence spécifique, explique Francoise Brie. Des femmes appellent aussi pour avoir des informations, des conseils. Nous les écoutons et ensuite nous les renvoyons auprès d’une des 73 associations partenaires qui pourront les aider dans leur démarche."
En ouvrant le 3919 24 heures sur 24 notamment pour les Outre-mer, nous allons essayer de développer d’autres associations dans les régions et collectivités ultramarines pour mieux répondre aux attentes de ces femmes victimes.
C’est le 28 juin que la bascule en 24/24 sera opérée. Une quinzaine d’écoutantes professionnelles sont en cours de recrutement par la Fédération nationale Solidarités Femmes pour assurer ce service en continu. Au total, ce seront près d’une cinquantaine de professionnelles qui se relaieront pour accueillir, écouter et conseiller toutes les victimes.
Le numéro 3919, mis en place en partenariat avec l’opérateur téléphonique Orange, reste gratuit pour la zone Caraïbes, la Guyane, la Réunion, Mayotte et Saint-Pierre et Miquelon. En revanche, Orange et l’ARCEP, l’autorité nationale de régulation des télécommunications, ne peuvent garantir la gratuité du numéro pour les communautés d’Outre-mer du Pacifique, soit la Polynésie française, la Nouvelle-Calédonie et Wallis et Futuna, car "les télécommunications dans ces territoires relèvent des compétences administratives locales et non nationales et ne sont pas opérées par Orange."
Retrouvez le reportage d'Outre-mer La 1ère :