Le duo franco-suisse, à bord du Figaro3 TeamWork, a franchi la ligne d’arrivée de la Transat en Double Concarneau – Saint-Barthélemy ce lundi 31 mai. En 18 jours 5 heures 8 minutes et 3 secondes sur 3890 milles, ils établissent un nouveau record, mais ne prennent pas la grosse tête.
Outre-mer 1ère : Que représente cette victoire pour vous deux ?
Nils Palmieri : Gagner une transat sur le circuit Figaro, ça a énormément de valeur. Et je suis vraiment content pour Julien et pour moi. Julien le méritait vraiment car c’est un super bon gars, il est hyper fort. C’est un truc de malade, on n’en revient toujours pas. Les dernières journées étaient horribles avec beaucoup de sargasses et des grains. À un moment on s’est arrêté complètement, le bateau en travers dans les sargasses, on se disait qu’on n’arriverait jamais.
Julien Villion : Et puis c’est vrai qu’entre le Figaro 2 et le Figaro 3, ce n’est pas du tout le même engagement. On s’est « envoyé » avec Nils. Je crois que je ne me suis jamais autant donné. Ça reste un petit bateau donc à l'intérieur sans beaucoup d'espace pour la vie à bord, le confort est quand même bien sommaire et ça tire un peu sur les organismes. Le bateau est exigeant pour aller vite, notamment sur les phases de portant comme on en a beaucoup sur les transats. Donc oui, la victoire est belle.
Outre-mer 1ère : Vous allez garder longtemps les images de l’arrivée en tête ?
JV : Je me souviendrai toute ma vie de cette arrivée à Saint Barth. Ça nous a « pété à la g…. ». Deux heures avant de voir le premier bateau, on était sous un grain de pluie et on pensait que tout s’arrêtait. Après ce nuage-là, il y a eu le premier bateau, puis un, puis deux... Jamais je ne me serais attendu à voir autant de monde. Ça décuple le moment de l’arrivée, on a senti que c’était la fin du tunnel. Incroyable. Merci Saint-Barth.
NP : Cette victoire est magnifique. On a souffert ensemble. C’était haut en émotions. Je pensais que ça allait être une petite traversée comme ça. Et là j’en ai eu plein la vue. L’accueil est incroyable ici à Saint-Barth, merci. On hallucine, ça fait chaud au cœur. Avec Julien on est tellement contents, c’est fabuleux.
JV : Là on est un peu cramés mais sur un petit nuage mais je pense que quand la fatigue va tomber, ça va être un peu violent.
Outre-mer 1ère : L’entente franco-suisse à bord a bien fonctionné jusqu’ au bout ? Il y a un secret dans votre réussite ?
NP : D’abord le bateau était super bien préparé, je commence à bien le connaître et Julien est hyper talentueux. Dès le début j’ai compris qu’on n’allait rien laisser au hasard et qu’on pouvait vraiment avoir une super belle carte à jouer. Il n’y a jamais eu de désaccord, il y a toujours eu des compromis car on vient de la même école.
JV : C’est vrai qu'on est passés tous les deux par la case de Tour de France à la voile et on a tous les deux fait du petit bateau. Ça crée des liens et même les Suisses savent naviguer. (NDLR Laurent Bourgnon, Bernard Staam ou Alan Roura pour ne citer qu’eux)
NP : J’ai fait un peu de 4.70 et des bateaux volants avec du classe A ou des catamarans sur le lac Léman (avec le Centre d’Entraînement Régate de Genève). Ça nous rapproche.
De toute façon je savais que la Transat en Double était pour nous depuis que j’ai su que je naviguais avec Julien !
Outre-mer 1ère : Et maintenant, chacun rentre chez soi et le couple franco-suisse se sépare ?
NP : J’ai mon programme de Figaro qui continue avec TeamWork donc il y a un autre gros objectif cette année : la Solitaire du Figaro (départ le 22 août de Saint-Nazaire). Ce sera en solo.
JV : Depuis plus d'un an j’accompagne Nils sur les préparations météo donc on ne va pas complètement se séparer. On travaillera ensemble en vue de de la Solitaire du Figaro mais là sur l’eau il se débrouillera tout seul à bord.
NP : On est dans un petit hôtel sympa au Nord de l’île, en attendant le post logue de vendredi, alors là on en profite un peu. Et moi, je prends mon temps.
JV : Moi je ne vais pas trop traîner car je participe au Sailing Pro Tour avec l’Océan Fifty de Sébastien Rogues. Alors oui je vais revenir sur du plus gros bateau avec des idées en tête. Et puis surtout, j’ai ma petite Joséphine qui m‘attend à la maison. Elle est née le 16 avril et je ne l’ai pas beaucoup vue. Il faut que je rentre à Lorient et je vais laisser Nils seul sur l’île, il saura se débrouiller sans moi.