"Vous avez laissé pourrir la situation" : Josette Manin interpelle le gouvernement sur la situation de l'Université des Antilles

Josette Manin à l'Assemblée nationale mardi 30 mars 2021.

La député martiniquaise Josette Manin a interpellé la ministre de l'enseignement supérieur sur la situation de l'Université des Antilles, en proie à des problèmes de gouvernance et à un mouvement de contestation depuis un mois. L'élue attend des engagements de la part du gouvernement.

La députée martiniquaise Josette Manin, du groupe Socialistes et apparentés, est revenue ce mardi sur le mouvement de contestation qui secoue l’Université des Antilles “depuis plus d’un mois.”

La députée a d'abord rappelé des “problématiques structurelles" qui ont provoqué des “souffrances au travail”, “dont le dernier cas en date relayé dans les médias locaux concerne le dépôt de plaintes de professeurs pour harcèlement moral." 

 

Des signaux d’alerte, mais pas de réponse

Une situation qui aurait pu être évitée selon elle si la ministre de l’enseignement supérieur avait donné suite aux “rapports des missions du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur de mai 2016, de l’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche de mai 2019 (...) et celui de la mission d’évaluation de la loi du 25 juin 2015, voté par la commission culturelle et de l’éducation et transmis [au] ministère il y a plus d’un an." 

“Ces trois rapports sonnaient l’alerte sur la nécessité d’assurer l'équilibre entre l’unité de l’université et l’autonomie de ses pôles, d’apaiser le débat sur la répartition des moyens et d’apporter un rééquilibrage administratif entre ses pôles”, insiste Josette Manin.

 

A ce jour aucun retour n’a été fait sur les recommandations de ces trois rapports, vous avez laissé pourrir la situation.

Josette Manin

 

L’élue martiniquaise en appelle donc à un sursaut de la ministre : “les acteurs du monde universitaire des Antilles sont convaincus qu’ils ne font aucunement partie des priorités de votre ministère et qu’ils sont les sacrifiés de la nation. Ils attendent de vous des engagements avant une explosion débouchant sur une rupture fatale."

Vous pouvez regarder son intervention :

 

Des problèmes de gouvernance pris en compte selon la ministre

“Bien sûr que nous avons travaillé à ramener la sérénité à l’université des Antilles”, affirme quant à elle Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. Selon elle, les questions de gouvernance que rencontre l’institution sont bien prises en compte, l'objectif étant de la renforcer et de la faire évoluer "au bénéfice de [ses ] étudiants”.

“Coopération, pédagogie commune au service des Antilles, au service de la Guadeloupe et de la Martinique” faisaient partie des enjeux  de “la loi pour la programmation de la recherche qui a été votée à la fin de l’année dernière”, explique la ministre. 

“Nous avons fait en sorte (...) d’avoir un président et deux vice-présidentes qui soient élues ensemble de manière à ramener la sérénité entre les deux pôles”, précise-t-elle notamment.

Et la ministre de rappeler les 16 emplois mis à disposition de l’université des Antilles sur les cinq dernières années, ainsi que les plus de 3 millions d’euros de budget alloués à l’institution. La ministre signale également qu’"après la mission de l’inspection générale, une nouvelle mission est programmée sur la question des études de santé."

Et de conclure que sur place  “personne ne souhaite que cette université soit démembrée, coupée en deux.” “Croyez-moi, le gouvernement travaille pour que les recommandations que vous avez émises dans votre rapport avec madame Danielle Herrin puissent devenir des réalités et c’est déjà fait pour partie dans la loi pour la recherche.”