Coronavirus : William Galin, le coach guadeloupéen qui déconfine les muscles

William Galin
Depuis le confinement mis en place le 17 mars, William Galin propose des cours en ligne de fitness gratuits trois fois par semaine, en direct de son appartement à Puteaux. Un remède radical à la morosité.

 
Ce vendredi matin à 10h, William est de mauvais poil. Sa connexion wifi marche mal. Pour ce perfectionniste, c'est l'enfer. Sur Instagram, la centaine de followers -sur les 5 300 qu'il comptabilise au total- qui suivent le live lui signalent des bugs. C’est décidé, le coach change d’opérateur pour poursuivre ses cours en ligne auxquels il tient tant.
 

Interactivité

"Ça me fait vraiment plaisir tous les messages que je reçois, raconte William Galin à Outre-mer la 1ère. L’interactivité de ces cours est géniale. D’ailleurs à la fin de ce confinement, on organisera -quand on pourra- un événement dans un parc pour faire du sport et faire connaissance".
Les frères Galin
 

Cours gratuits en ligne

Depuis le 17 mars, William Galin propose des cours de fitness en ligne dans la joie et la bonne humeur. Il n’a pas eu à réfléchir longtemps, "il était évident que je devais continuer à faire du sport et à l’enseigner", dit-il. Avec son frère, ils proposent six cours de fitness par semaine sur Facebook et Instagram. Si vous loupez la séance, les cours de William sont en replay sur sa page Facebook. Regardez ci-dessous :

 

Danseur professionnel

Une heure de bonne humeur, de super musique et de sport intensif sans se faire mal. C’est le "combo parfait" du Guadeloupéen William Galin qui a derrière lui une belle carrière de danseur.

Tout a commencé à l’âge de 15 ans, William et son frère qui grandissent près de Cergy-Pontoise passent leurs après-midi dans la cave à danser.

On récupérait des cassettes VHS venues des Etats-Unis, des "battle" qu’on essayait de reproduire.


Sans s’en rendre compte, les frères progressent à pas de géant. À la sortie de leur cave, ils avaient un niveau de professionnels.
 

Première scène sans son frère

Sa première scène, William s’en souvient comme si c’était hier. "C’était dur car mon frère avait eu un accident, il ne pouvait pas danser et comme on avait gravi les étapes ensemble à deux, j’hésitais à dire oui. Il m’a poussé et je me suis retrouvé au Zénith à Paris dans "Tribute to the funk" avec des stars comme Jocelyn Brown ou Anita Ward".

Les deux frères poursuivent leur carrière de danseurs. William devient chorégraphe chez NRJ. Il coordonne avec "610 crew" toute une série de premières parties à Bercy, au Zénith ou au stade de France avant des stars telles que Beyoncé, Black Eyed Peas ou Usher.
 

La famille Galin

Dans la famille Galin, l’union fait la force. Ils sont quatre frères et sœurs unis comme les doigts de la main. Pendant les cours en ligne, William parle toujours de son frère, de la famille "le plus important de tout". Sa sœur, sa mère suivent régulièrement les cours en ligne. "Ma mère n’était pas très sportive, mais mon père, fan de vélo et de judo nous a donné le goût de l’effort".  Un père originaire de Pointe-à-Pitre et une mère qui a ses racines à Port-Louis et l’Anse Bertrand, William ne peut renier ses racines guadeloupéennes.

Il rêve d’ailleurs de créer après cette épidémie de Covid-19 un événement sportif sur l‘île de ses parents du type "610 force training" (vidéo ci-dessous). "C’est étrange, j’ai pleins de propositions à travers le monde. J’ai tourné un clip à Saint-Martin avec Lucenzo, j’ai participé à des événements à Saint-Barthélémy et à La Réunion, mais rien en Guadeloupe où je ne suis pas revenu depuis 20 ans", note William.


Danseur et coach sportif

De danseur, William est devenu coach. "C’est mon ex-copine qui m’a poussé. Elle me disait : "tu es un leader, pourquoi ne pas faire ce métier ?" Je n’y avais pas pensé, mais du jour au lendemain c’est devenu ma passion", témoigne le quarantenaire. Très vite, il passe son BP JEPS (Brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport) et vise une clientèle haut-de-gamme.
 

Je me rappelle que je partais à 6h de Cergy-Pontoise pour éviter les embouteillages. J’arrivais à Paris en bas de l’appartement de ma première élève. Elle travaillait dans l’évènementiel. Je dormais une ou deux heures et j’allais ensuite donner mon cours. Quand on veut y arriver, on se donne les moyens.

Les cours de William Galin en période de confinement

Pas de doute, William Galin était fait pour ce métier. Quand on suit ses cours, certes on transpire, on en bave, on se dit qu’on n’y arrivera pas, que c’est l’enfer, mais au bout d’une heure, le résultat est là : un bien-être fou. Le lendemain, il y a parfois des courbatures mais jamais de blessures, le coach a une connaissance parfaite du corps et des mouvements à éviter.

"Si on écoute exactement mes conseils, c’est impossible de se faire mal, insiste William.


Ca fait tellement longtemps que je fais ça, je suis un breaker à l’origine, je maitrise bien mon corps, je sais quel mouvement est dangereux. 


Avant le confinement, le coach avait une vingtaine de clients particuliers par semaine. Il donnait des cours à France Télévisions, à Roland Garros, au Racing club de Paris et au Tigre, une salle de sport très select.
 

Patrick Francfort

Le Covid-19 a brutalement mis fin aux activités de cet hyper-actif. Plus grave, avec l’épidémie, William a très vite perdu un ami, le Martiniquais Patrick Francfort des Gibson Brothers, groupe avec lequel il avait fait plusieurs tournées.


Ça m’a vraiment fait un coup au moral. On a passé pleins de bons moments en voyage avec Patrick. Il était très gentil.


Beaucoup de ses clients lui annoncent également des décès dus au Covid-19. "On comprend pourquoi ce confinement, ce n’est vraiment pas une blague", souligne William. Alors pour garder le moral, il poursuit ses cours avec une ferveur sans faille. Près de 300 personnes le suivent sur Instagram et sur Facebook.
 

Pas question de flancher

Cette semaine, le coach a toutefois ressenti une lassitude chez ses "followers". "Je crois qu’au départ les gens avaient vraiment envie de faire du sport, mais là avec l’annonce du confinement jusqu’au 11 mai (au moins), j’ai ressenti comme un gros essoufflement. Les gens en ont marre", note-t-il.

Lui ne se lasse pas, au contraire. La seule chose qui l’exaspère "c’est le wifi qui déraille". Mais ça devrait rentrer dans l’ordre la semaine prochaine. En attendant William reçoit des tonnes de messages de remerciements et ça lui va droit au cœur. Donc pas question de flancher…