En le préférant à l'expérimenté Virimi Vakatawa (29 ans et 30 sélections) pour le match crucial de samedi contre l'Irlande (17h45), comptant pour la 2e journée du Tournoi des six nations, le sélectionneur du XV de France lui offre non seulement sa quatrième cape, mais l'assure de sa confiance. Une décision que Galthié a expliqué jeudi par ses nombreux "talents" et un "potentiel qui saute aux yeux" : il en "impose, naturellement, sans forcer", il "est prêt, physiquement, techniquement, psychologiquement".
Sa deuxième titularisation n'est pas vraiment une surprise pour ceux qui suivent depuis deux ans déjà les exploits en Gironde du centre îlien, arrivé en métropole à l'âge de 13 ans pour y suivre son oncle, le pilier Tapu Falatea, qui évolue actuellement à Agen (Pro D2).
"Réservé" et "agressif"
"C'est une bombe", disait de lui mardi au quotidien Sud Ouest son entraîneur à l'UBB Christophe Urios. "Et c'est un joueur facile à manager parce qu'il sait où il veut aller et ce qu'il faut faire pour cela."
"C'est un +apprenant+. Toujours fiable. Mais étonnant aussi. Parce qu'il est aussi réservé, voire timide, dans la vie qu'il est agressif sur un terrain", ajoutait-il au sujet du joueur qui a prolongé jusqu'en 2024 avec Bordeaux-Bègles, actuel leader du Top 14.
Après avoir atterri à Limoges en provenance de son Pacifique natal, où il jouait au rugby "pour s'amuser" avec ses copains comme il le raconte dans L'Équipe jeudi, il intègre le centre de formation de Colomiers, où il débute en professionnel en septembre 2018. Recruté par l'UBB en 2019 d'abord pour intégrer les espoirs, il explose dès ses premiers matches en Top 14 lors de la saison 2020/2021, en inscrivant cinq essais en six matches, rien que ça.
Au point d'être appelé chez les Bleus lors de la Coupe d'automne 2020, durant laquelle il décroche ses deux premières sélections, contre l'Italie, puis en finale contre l'Angleterre à Twickenham, où il connaît sa première titularisation. La suite de sa première saison au très haut niveau sera perturbée par deux blessures - "j'ai perdu six mois l'an dernier avec mes deux chevilles" -, le privant de la phase finale de Top 14 et de la tournée estivale des Bleus en Australie.
"Du caractère" et "beaucoup de valeurs"
La forme revenue, Moefana, à la moustache fringante et au physique costaud (1,82m, 97 kg), a poursuivi sa progression. "Je ne suis pas quelqu'un de concentré sur moi, je me concentre juste pour travailler et m'améliorer de jour en jour. C'est toujours un plus pour moi, qui suis jeune, d'engranger de la confiance et de s'aider des entraînements pour être toujours au haut niveau", disait-il en novembre.
"C'est mérité car c'est un garçon adorable, très gentil, qui a beaucoup de valeurs, qui est à l'écoute et a envie de progresser", a expliqué jeudi à l'AFP Jean-Baptiste Dubié, un de ses compères au centre à l'UBB, pour qui son ascension, "assez fulgurante, n'est pas finie".
"Il a aussi du caractère donc, ça fait une belle alchimie en plus de ses qualités physiques et rugbystiques qui sont en pleine progression et déjà à un niveau hyper élevé pour son jeune âge", a-t-il ajouté, en soulignant aussi sa "vision du jeu". Autant de qualités qui ont fait mouche dimanche contre l'Italie, lors du premier match du Tournoi des Bleus, quand il a remplacé à la 58e minute Jonathan Danty, touché à une cheville. C'est lui, en accélérant côté droit, qui a amené l'essai de Damian Penaud (69e) avant d'offrir, en dernier relayeur, l'essai du triplé à Gabin Villière (80e+1).
Alors pourquoi ne pas rêver qu'une autre île, l'Irlande, lui porte chance pour s'imposer en Bleu ?