Arianespace interpelle les élus de Guyane sur les conséquences du mouvement social

Décollage de la fusée Ariane 5 - archive
Dans une lettre adressée aux quatre parlementaires de Guyane, le PDG d'Arianespace met en garde sur les conséquences du mouvement social. Les blocages ont interrompu "trois campagnes de lancement" de la fusée Ariane, avec "plusieurs millions d'euros de surcoûts pour Arianespace".
Les blocages en Guyane ont interrompu "trois campagnes de lancement" de la fusée Ariane, avec "plusieurs millions d'euros de surcoûts pour Arianespace et les industriels du centre spatial", a averti le PDG d'Arianespace dans une lettre à plusieurs élus guyanais, dont l'AFP a eu copie vendredi.
 

Les barrages ouverts sauf au centre spatial

Si le collectif "Pou la Gwiyann dékolé", qui pilote le mouvement social initié depuis près d'un mois, a annoncé jeudi soir l'ouverture de la plupart des barrages pour le week-end de Pâques, il a prévenu que le barrage du rond-point proche du centre spatial guyanais (CSG) restera maintenu. Le centre spatial, vitrine économique du territoire, est considéré par le collectif comme le symbole des inégalités persistantes dans ce territoire d'outre-mer.
 

Trois campagnes de lancement interrompues

Les blocages en cours "ont interrompu trois campagnes de lancement pour cinq clients différents: le gouvernement brésilien et les opérateurs commerciaux ktsat (Corée), SES (Luxembourg), Viasat (Etats-Unis), Eutelsat (France)", a fait valoir Stéphane Israël, dans sa lettre adressée le 12 avril notamment aux quatre parlementaires de Guyane.
 
"Deux lanceurs différents - Ariane et Soyouz - sont impliqués dans ces campagnes, ainsi que trois constructeurs de satellites : Thales Alenia Space, Airbus, Boeing", a-t-il aussi observé. Les blocages ont "d'ores et déjà repoussé de plus d'un mois le lancement prévu le 21 mars dernier pour le Brésil et la Corée. Ce mois perdu peut se chiffrer à plusieurs millions d'euros de surcoûts pour Arianespace et les industriels du CSG", a poursuivi Stéphane Israël. (Regardez ci-dessous le reportage de Guyane 1ère sur les difficultés d'Arianespace).
 

Arianespace en souffrance

Selon lui, "l'image d'Arianespace et la disponibilité de ses services de lancement peuvent souffrir de cette situation". "Si le blocage devait persister, la réalisation de 12 lancements en 2017 serait menacée, ce qui aurait des conséquences financières lourdes", a mis en garde le PDG d'Arianespace, dans son courrier également adressé à Rodolphe Alexandre, président de la Collectivité Territoriale de Guyane. "La situation actuelle fragilise Arianespace, dans un contexte où la compétition est plus vive que jamais", a-t-il encore fait valoir.
 
Stéphane Israël a mis en avant que "1.700 salariés" travaillent sur la base pour Arianespace, le Cnes, et 36 entreprises regroupées au sein de l'Union des Employeurs de la Base Spatiale (UEBS). Soulignant que "notre activité génère 9.000 emplois au total" et "représente 40% de la masse salariale du secteur privé en Guyane", il a estimé que "ce qui est en jeu, c'est tout simplement la pérennité de ces emplois en Guyane".
 
"Comme toute activité (...) le lien entre la base spatiale et les territoires qui l'accueillent peut être renforcé, mais il ne fait aucun doute que le spatial constitue un poumon économique pour la Guyane", a-t-il insisté.