L'évocation du mot ouragan surprend tous les habitants du quartier pauvre de Shada, situé le long de la rivière au coeur du Cap-Haïtien: quelques heures avant le passage d'Irma au large de leur ville, aucun n'a été informé du danger de mort qui plane sur eux.
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"Je ne savais pas qu'un cyclone arrivait, parce qu'on ne reçoit pas l'électricité ici, donc on ne peut pas avoir d'informations", explique Jacquie Pierre tout en montrant son petit poste de télévision recouvert d'un napperon, comme pour se justifier.
"Souvent, l'eau déborde et envahit toute la zone, mais ça n'a jamais été à cause d'un cyclone" témoigne Pierre Valmy. "Si vous dites qu'un gros cyclone va nous arriver ici, alors c'est la fin du monde pour nous", se désole l'homme, le regard soudain perdu au sol.
Trois ambulances pour couvrir tout le département du Nord, qui compte plus d'un million d'habitants, à peine plus de camions pour tenter de nettoyer ravines et canaux d'évacuation des eaux, perpétuellement remplis d'ordures faute d'avoir un système de ramassage: au centre d'opérations d'urgence, on ne peut que constater le cruel manque de matériel. Le malaise s'amplifie davantage lorsqu'est abordée la question des abris provisoires: 90% sont des bâtiments coiffés de toits en tôles, incapables de résister à des rafales de vents violents.
"Nous avons tiré les leçons de Matthew (NDLR: l'ouragan de catégorie 4 qui a ravagé le sud d'Haïti en octobre dernier) et nous allons donc orienter les gens vers des vrais abris qui pourront les protéger", précise Jean-Henri Petit. Sans une capacité d'accueil suffisante dans les abris provisoires, les autorités vont appeler ceux n'ayant qu'un toit de tôle au-dessus d'eux, ainsi que les habitants des zones inondables, à se réfugier chez un proche ou un ami ayant une maison en béton. Au bord de la rivière Mapou, les riverains qui ignoraient l'arrivée de l'ouragan Irma se sentent complètement abandonnés par les autorités.
Deux fois inondée
Depuis le début de l'année, la jeune femme de 25 ans a déjà vu son habitation par deux fois inondée. L'évocation du passage à proximité d'un ouragan de catégorie 5 la terrifie. "J'ai peur, mais pas seulement pour ma vie et celle de mes enfants, mais pour tout le monde, on est tous Haïtiens, on est comme une famille", confie-t-elle, tout en serrant plus fort contre elle sa fille de trois ans.Toles et planches de bois
En entendant les propos graves de sa voisine, Pierre Valmy sort la tête de son abri, grossièrement construit avec des tôles et des planches de bois."Souvent, l'eau déborde et envahit toute la zone, mais ça n'a jamais été à cause d'un cyclone" témoigne Pierre Valmy. "Si vous dites qu'un gros cyclone va nous arriver ici, alors c'est la fin du monde pour nous", se désole l'homme, le regard soudain perdu au sol.