Plusieurs politiques de ce territoire, qui figure sur la liste de l'ONU des territoires non-autonomes à décoloniser, appellent à un référendum sur l'indépendance. La population est partagée.
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Faut-il demeurer une anachronique colonie américaine ou viser l'indépendance ? De plus en plus de voix préconisent de trancher par référendum un débat qui fait rage à Guam depuis des décennies. L'île de l'ouest du Pacifique, longue d'une cinquantaine de kilomètres, fête cette semaine le 73e anniversaire de la fin de l'occupation japonaise et il est plus que temps, selon l'ancien sénateur Eddie Duenas, qu'elle décide de son avenir.
Guam figure sur la liste de l'ONU des territoires non-autonomes qu'il faut décoloniser, à l'instar de 16 autres. Duenas, lui, préconise un référendum l'an prochain, en même temps que les élections au poste de gouverneur. "Nous sommes en train de conduire mais nous ne savons pas où nous allons, ni jusque quand nous allons conduire", déclarait-il récemment lors d'un meeting dans la capitale Hagatna.
Pour le gouverneur Eddie Calvo, cette situation n'a que trop duré. Lui aussi demande de longue date un référendum qui proposerait trois options : l'indépendance, devenir un État américain ou rester dans une situation de "libre association" avec Washington.
L'indépendance est une question complexe du fait de la relation étroite avec les
Etats-Unis. Ancienne possession espagnole, Guam est devenue colonie américaine aux termes du Traité de Paris de 1898 qui mit fin à la guerre hispano-américaine.
Elle subit l'occupation japonaise peu après l'attaque de Pearl Harbor en décembre 1941 jusqu'à sa libération le 21 juillet 1944. L'île abrite toujours l'une des plus importantes bases militaires américaines de la région Asie-Pacifique, et joue un rôle clé dans la stratégie américaine face à la Corée du Nord notamment.
L'ile est en outre très dépendante des aides sociales américaine. Près de 45.000 habitants de Guam reçoivent une aide alimentaire et bénéficient du système de santé publique. Le budget de l'île tient avec les subventions fédérales et les taxes versées par les militaires américains postés à Guam.
Pour Adrian Cruz, qui défend la "libre association", la dépendance financière à l'égard de Washington fait que toute évolution du statu quo est compliquée.
"Les Etats-Unis nous tiennent dans cette situation où nous ne devenons pas suffisamment pauvres pour avoir envie de nous révolter, mais où nous ne sommes pas non plus suffisamment riches pour ne plus avoir besoin d'eux", dit-il.
Michael Bevacqua, spécialiste de la culture Chamorro à l'Université de Guam, estime que les populations indigènes de Guam doivent être consultées, après des siècles à subir le joug étranger. "Un processus de décolonisation qui devrait suivre les règles édictées par les colons, ce n'est pas un processus de décolonisation. C'est une extension de la colonisation", dit-il.
Guam figure sur la liste de l'ONU des territoires non-autonomes qu'il faut décoloniser, à l'instar de 16 autres. Duenas, lui, préconise un référendum l'an prochain, en même temps que les élections au poste de gouverneur. "Nous sommes en train de conduire mais nous ne savons pas où nous allons, ni jusque quand nous allons conduire", déclarait-il récemment lors d'un meeting dans la capitale Hagatna.
Des citoyens aux droits limités
Sur le papier, Guam est depuis 1898 un territoire non incorporé organisé des Etats-Unis, ce qui signifie que ses 160.000 habitants sont citoyens américains, mais avec des droits limités. Ils ne peuvent participer aux élections américaines, et le seul représentant de l'île au Congrès n'a pas le droit de vote sur les textes de loi.Pour le gouverneur Eddie Calvo, cette situation n'a que trop duré. Lui aussi demande de longue date un référendum qui proposerait trois options : l'indépendance, devenir un État américain ou rester dans une situation de "libre association" avec Washington.
Importante base militaire américaine
Chaque solution a ses partisans. Pour le gouverneur, il s'agit surtout de donner la parole aux habitants. "Quel qu'il soit, leur choix sera meilleur que le statu quo", explique-t-il. "Je préférerais que les électeurs choisissent de devenir un État américain. Mais s'ils choisissent l'indépendance ou la libre association, ce sera mieux que la situation actuelle."L'indépendance est une question complexe du fait de la relation étroite avec les
Etats-Unis. Ancienne possession espagnole, Guam est devenue colonie américaine aux termes du Traité de Paris de 1898 qui mit fin à la guerre hispano-américaine.
Elle subit l'occupation japonaise peu après l'attaque de Pearl Harbor en décembre 1941 jusqu'à sa libération le 21 juillet 1944. L'île abrite toujours l'une des plus importantes bases militaires américaines de la région Asie-Pacifique, et joue un rôle clé dans la stratégie américaine face à la Corée du Nord notamment.
L'ile est en outre très dépendante des aides sociales américaine. Près de 45.000 habitants de Guam reçoivent une aide alimentaire et bénéficient du système de santé publique. Le budget de l'île tient avec les subventions fédérales et les taxes versées par les militaires américains postés à Guam.
La population partagée
Marites Schwab, habitante du village d'Agana Heights, n'est pas convaincue que son île ait la maturité politique pour s'administrer seule. "Comment remplaceraient-ils les services fournis par le gouvernement fédéral?", demande-t-elle. "Quel est le plan d'action?"Pour Adrian Cruz, qui défend la "libre association", la dépendance financière à l'égard de Washington fait que toute évolution du statu quo est compliquée.
"Les Etats-Unis nous tiennent dans cette situation où nous ne devenons pas suffisamment pauvres pour avoir envie de nous révolter, mais où nous ne sommes pas non plus suffisamment riches pour ne plus avoir besoin d'eux", dit-il.
Les Chamorro exclus d'un éventuel référendum ?
Quoi qu'il en soit, en l'état, le débat n'est que théorique, car un tribunal fédéral américain s'est prononcé contre un référendum d'autodétermination. Il a estimé que limiter lors de cette consultation le droit de vote à la population indigène Chamorro, qui compte 65.000 personnes était contraire à la constitution du fait du caractère ethnique de ce critère. Un appel est en cours et le gouvernement a demandé à l'ONU d'intervenir.Michael Bevacqua, spécialiste de la culture Chamorro à l'Université de Guam, estime que les populations indigènes de Guam doivent être consultées, après des siècles à subir le joug étranger. "Un processus de décolonisation qui devrait suivre les règles édictées par les colons, ce n'est pas un processus de décolonisation. C'est une extension de la colonisation", dit-il.