Mercredi 6 septembre, le projet de loi Hulot sur l'interdiction de la production d'hydrocarbures en France à partir de 2040 est présenté en conseil des ministres. Est-ce la fin des projets pétroliers dans les Outre-mer, notamment en Guyane ? La1ere a interrogé un expert.
Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique, l'avait annoncé il y a quelques semaines : à l'horizon 2040, il n'y aura plus de production d'hydrocarbures en France. Le projet de loi relatif à cette décision sera présenté mercredi 6 septembre en Conseil des ministres. La décision a surtout une portée symbolique puisque les gisements pétroliers sont très rares en France : l'an dernier, elle n'a produit que 815.000 tonnes de pétrole, soit 1% de sa consommation. Mais plusieurs régions des Outre-mer représentent des gisements potentiels d'hydrocarbures. Outre Juan de Nova, dans les îles Eparses (océan Indien), c'est la Guyane qui intéresse depuis plusieurs années les compagnies pétrolières.
La1ère : Le projet de loi signifie-t-il la fin des recherches de pétrole au large de la Guyane ?
Francis Perrin : On sait que dans l'exploration pétrolière, il faut se donner du temps, faire plusieurs forages, tester plusieurs hypothèses géologiques. Si le projet de loi devait être voté en l'état, cette loi interdirait l'attribution de nouveaux permis d'exploration. Dans cette hypothèse, les compagnies pétrolières abandonneront le projet au large de la Guyane. Le projet de loi ne porte pas uniquement sur la France métropoltaine, il évoque "la zone économique exclusive" de la France. Le gouvernement n'attribuera donc pas de nouveau permis d'exploration, ni en Guyane, ni ailleurs.
Est-il possible que le lobby pétrolier joue de son influence pour obtenir une exception dans les Outre-mer ?
Francis Perrin : Ce n'est pas imaginable. Ce projet de loi ne prévoit aucune exception. Le lobby pétrolier, incarné par l'UFIP (L'Union Française des Industries Pétrolières) combat évidemment le projet, mais on ne voit guère dans le rapport de force politique actuel de possibilité pour le lobby pétrolier d'obtenir une exception. C'était une promesse du candidat Macron pendant la campagne présidentielle. Il est donc très probable que ce projet de loi soit adopté par le parlement. Mais une loi adoptée par un parlement, peut être amendé ou abrogé par le parlement suivant en cas de changement de majorité. L'objectif de Nicolas Hulotest de mettre fin à toute production de pétrole en France en 2040. Entre 2017 et 2040, il peut se passer beaucoup de choses. Mais avec ce gouvernement là, il est quasiment impossible que le lobby pétrolier obtienne la moindre exception.
Un gisement mais...
En 2011, un consortium composé de Shell, Total et Tullow oil a découvert un gisement potentiel de pétrole à 150 kilomètres des côtes de Guyane, par 2.000 à 3.000 mètres de profondeur. Mais en 2012 et 2013, les premières campagnes de forage se sont soldés par des échecs. Cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de pétrole, d'autant que dans les zones voisines, Brésil, Venezuela et Guyana, il existe de nombreux gisements. Mais le projet de loi présenté par le gouvernement va sans doute sonner le glas des projets pétroliers de la Guyane, comme l'explique à La1ere, Francis Perrin, expert du dossier pétrolier, chercheur associé à l'OCP Policy Center (Rabat) et directeur de recherche à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS, Paris).La1ère : Le projet de loi signifie-t-il la fin des recherches de pétrole au large de la Guyane ?
Francis Perrin : On sait que dans l'exploration pétrolière, il faut se donner du temps, faire plusieurs forages, tester plusieurs hypothèses géologiques. Si le projet de loi devait être voté en l'état, cette loi interdirait l'attribution de nouveaux permis d'exploration. Dans cette hypothèse, les compagnies pétrolières abandonneront le projet au large de la Guyane. Le projet de loi ne porte pas uniquement sur la France métropoltaine, il évoque "la zone économique exclusive" de la France. Le gouvernement n'attribuera donc pas de nouveau permis d'exploration, ni en Guyane, ni ailleurs.
Est-il possible que le lobby pétrolier joue de son influence pour obtenir une exception dans les Outre-mer ?
Francis Perrin : Ce n'est pas imaginable. Ce projet de loi ne prévoit aucune exception. Le lobby pétrolier, incarné par l'UFIP (L'Union Française des Industries Pétrolières) combat évidemment le projet, mais on ne voit guère dans le rapport de force politique actuel de possibilité pour le lobby pétrolier d'obtenir une exception. C'était une promesse du candidat Macron pendant la campagne présidentielle. Il est donc très probable que ce projet de loi soit adopté par le parlement. Mais une loi adoptée par un parlement, peut être amendé ou abrogé par le parlement suivant en cas de changement de majorité. L'objectif de Nicolas Hulotest de mettre fin à toute production de pétrole en France en 2040. Entre 2017 et 2040, il peut se passer beaucoup de choses. Mais avec ce gouvernement là, il est quasiment impossible que le lobby pétrolier obtienne la moindre exception.