14 juillet : une ex-candidate à Miss Mayotte défilera... en treillis sur les Champs-Elysées

La première classe Ratua, du RSMA Mayotte.
Moins d’un an après sa participation à l’élection de Miss Mayotte, Ratua rêve d’une carrière militaire. La Mahoraise, âgée de 23 ans, s’y prépare activement au sein du régiment du service militaire adapté, implanté à Combani.  
 
Perchée sur un tabouret de bar en bois, placé devant le comptoir, la première classe Ratua boit de l’eau, servie dans un verre en plastique. De temps en temps, l’échange avec la tenancière est interrompu par des mots gentils des clients, qui défilent dans le foyer. Situé au cœur du camp, ce cadre sert aux activités de cohésion. Il est à la fois une boutique, un bistrot, un espace de loisirs et surtout un lieu de rencontre. « En semaine, après le travail, c’est ici que je retrouve mes amis pour discuter », confie l’ex-candidate à l’élection de Miss Mayotte. Et d’ajouter, avec un léger sourire : « J’ai beaucoup d’amis dans le camp. »
 

Ambassadrice du RSMA

Au régiment du service militaire adapté de Mayotte, la première classe Ratua (1,71m) est une vraie star. Depuis le 25 août 2017, jour de la finale du concours de Miss Mayotte, la jeune Mahoraise compte des centaines de fans parmi ses camarades. « De plus en plus nombreuses sont les jeunes Mahoraises qui rejoignent le RSMA parce que j’y suis », affirme-t-elle sans en donner le nombre exact.

La première classe Ratua est fière de porter le treillis et surtout d’avoir accompli avec brio la mission que le chef de corps lui avait confiée. « Quand il avait appris que je m’étais inscrite en ligne pour me présenter à l’élection de Miss Mayotte, le commandant du régiment m’avait convoquée », explique la jeune femme. Et de préciser : « Il m’avait félicitée et m’avait demandé de mettre en avant le RSMA pour attirer plus de filles vers le régiment. » Entrée au RSMA, en mars 2017, comme volontaire pour suivre un stage de serveuse, Ratua est propulsée cinq mois plus tard au rang d’ambassadrice du dispositif d’insertion socio-professionnelle des jeunes de 18 à 25 ans sur l’île au parfum.
©la1ere


Une trajectoire tortueuse

Elle poursuit, de manière informelle, sa mission parallèlement à l’exécution de ses nouvelles tâches au sein de l’institution. L’ex-finaliste du concours de Miss Mayotte est, depuis quelques mois, l’assistante du chef comptable du RSMA. C’est véritablement la première expérience professionnelle pour cette jeune mahoraise, qui a une trajectoire tortueuse, marquée par de multiples échecs et déceptions.

Après l’obtention d’un baccalauréat ES (série Sciences économiques et sociales) au lycée de Sada (dans le centre de Mayotte), Ratua, alors âgée de 18 ans, est orientée, malgré elle, vers les études d’assistante de gestion. « C’est le choix de mes parents », se désole-t-elle. Et de poursuivre : « Moi, je voulais faire les études d’administration économique et sociale. » La jeune Mahoraise prend la direction de Talence près de Bordeaux, où elle est inscrite en BTS au lycée Victor Louis.
 

Contrainte de rentrer

Pas de surprise : sa scolarité est catastrophique. « Je n’ai pas obtenu mon diplôme », dit-elle, avant de confesser : « Le niveau était très élevé pour moi. » En outre, au plan financier, la situation se complique. Son père, douanier, et sa mère, salariée chez Total à Mayotte ne peuvent plus supporter les charges liées à son séjour en Gironde. « Chaque mois, ils devaient m’envoyer 700 euros, car je n’étais pas boursière », confie cette enfant unique.

Ratua qui avait commencé à tisser des liens forts avec des Antillaises, des Africaines et des métropolitaines à Bordeaux Métropole est contrainte de rentrer précipitamment à Mayotte à la suite du décès de sa grand-mère maternelle et du divorce de ses parents. Les deux événements se produisent en 2015, en l’espace de quelques mois. Plutôt que de l’abattre, ces coups durs vont contribuer à rendre fabuleux le destin de Ratua, qui sera sur les Champs-Elysées le 14 juillet, pour défiler aux côtés de 91 volontaires du détachement du RSMA de Mayotte.