[14 Juillet] L'aspirant Jeanne, de l'École de l'air et de l'espace, une garde au drapeau guyanaise au cœur du défilé

L'aspirant Jeanne, élève de l'École de l'air et de l'espace, à la base militaire de Satory, à Versailles, le 10 juillet 2023.
Élève à l'école qui forme les officiers de l'armée de l'air, cette jeune femme qui a grandi à Cayenne va défiler pour la première fois sur les Champs-Élysées, vendredi 14 juillet. Outre-mer la 1ère l'a rencontrée à la base militaire de Satory, à Versailles, où les différentes troupes s'entraînent avant le grand défilé.

"Garde à vous ! Présentez armes !" La base militaire de Satory, à Versailles (Yvelines), devient soudainement très silencieuse. On n'entend que le bruit des marteaux au loin, dans une zone en travaux, et le groupe électrogène qui alimente les tentes des militaires installés provisoirement sur le camp. Un haut-gradé passe les troupes en revue depuis son véhicule militaire, jouant le rôle qu'auront le président Emmanuel Macron et le chef d'état-major des armées Thierry Burkhard le 14 Juillet. Jeanne se tient bien droite, le regard fixe. Il ne faut pas bouger.

Depuis deux jours, elle et ses camarades de première année de l'École de l'air et de l'espace (EAE), basée à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), s'entraînent en région parisienne pour le défilé du 14 Juillet. "Pendant toute la semaine (...), on répète quotidiennement – même très tôt le matin, par exemple, hier, c'était 5 h –, on répète, on répète, on répète, puisqu'il faut que tout soit parfait pour le jour J", explique la jeune femme d'une voix un peu monocorde, qui laisse deviner une pointe de fatigue.

Venue de Guyane, Jeanne défilera ce 14 Juillet sur les Champs-Élysées ©Outre-mer la 1ère

"Un immense honneur"

À tout juste 21 ans, Jeanne – ou plutôt l'aspirant Jeanne, puisqu'il est d'usage de donner le grade militaire dans ce milieu – s'apprête à remonter les Champs-Élysées. Vendredi, elle commencera sa parade derrière l'arc de Triomphe, direction la place de la Concorde, où sera installée la tribune présidentielle.

Originaire de Guyane, où elle est arrivée à l'âge de trois mois, elle aura un rôle important à jouer en ce jour de Fête nationale : elle a été désignée pour être garde au drapeau de son groupement. C'est elle qui, avec quatre autres camarades, entourera le porte-drapeau lorsque celui-ci parcourra la plus grande avenue du pays. "C'est un immense honneur de pouvoir défiler devant toute la France", lâche-t-elle.

Le porte-drapeau de l'École de l'air et de l'espace et l'aspirant Jeanne (à droite), garde au drapeau, à la base militaire de Satory, le 10 juillet 2023.

Les élèves de l'École de l'air et de l'espace à Satory, le 10 juillet 2023.

Jeanne vit depuis près de quatre ans dans l'Hexagone. Elle a grandi à Matoury et à Cayenne, où ses parents, des chercheurs scientifiques, vivent toujours. Bonne élève, elle a obtenu son bac scientifique avant d'intégrer une classe préparatoire au lycée militaire de Saint-Cyr, dans l'Hexagone. "Pour moi, l'armée, c'est venu assez tardivement, admet-elle. J'ai toujours eu une certaine fascination pour le service à notre patrie et pour le sens du devoir." Cette future officière un peu réservée, mais très sûre d'elle, avoue avoir une "grande fascination pour tout ce qui est dans le domaine aérospatial. En Guyane, on sait que l'enjeu de la fusée est très important".

Tricorne et fourragère

C'est donc assez logiquement qu'elle se retrouve dans les rangs de l'École de l'air et de l'espace, une des grandes écoles militaires françaises qui forme les officiers de l'armée de l'air. Là-bas, les élèves apprennent les rudiments du combat, mais développent aussi une expertise dans le milieu de l'aéronautique et du spatial. "À la fin de mes trois ans [d'études], selon le classement, je pourrai intégrer la spécialité que je veux", précise l'élève, qui aimerait travailler dans le renseignement militaire. En plus du cursus classique de l'EAE, Jeanne suit également des cours de géostratégies, défense et sécurité internationale, dispensés par des professeurs de Sciences Po Aix.

L'avantage et l'inconvénient dans l'armée, c'est qu'on bouge énormément. On peut aller en Guyane. Mais ça ne dépend pas forcément de nous. Évidemment, j'aimerais bien [y] retourner une fois dans ma carrière (...). Mais il y a tellement de choses à voir un peu partout que je ne sais pas où le destin me mènera.

Aspirant Jeanne, élève à l'École de l'air et de l'espace

La jeune guyanaise cache son appréhension et se concentre sur ses répétitions. À Satory, avec son tricorne sur la tête et sa fourragère des compagnons de la Libération sur l'épaule (une décoration militaire qui ressemble à une cordelette), l'aspirant Jeanne répète chaque pas, chaque mouvement de bras, chaque pose, avant le grand défilé. Tout doit être parfait.

L'aspirant Jeanne en pleine répétition du défilé du 14 Juillet, à la base de Satory, le 10 juillet 2023.

Les élèves de l'École de l'air et de l'espace de Salon-de-Provence répètent le défilé du 14 Juillet à la base militaire de Satory, le 10 juillet 2023.

En blanc et bleu marine, les élèves de l'École de l'air et de l'espace porteront une tenue différente le jour du 14 Juillet, chaleur oblige. Le plus dur, "c'est la synchronisation des bras, puisqu'il faut absolument que nos bras soient levés au même moment, au même endroit", dit Jeanne. Reste qu'il faut aussi s'accommoder de la fatigue et des températures grimpantes.

Après un premier défilé à 8h30, les encadrants de chaque groupement font un débrief pour savoir comment améliorer les petites erreurs toujours visibles. Un problème d'alignement par ici. Un drapeau baissé trop tôt par là. Un souci de rythme, de cadence, de vitesse... "La première répétition s'est très bien passée, pense pour sa part l'aspirant Jeanne. Après, c'est toujours perfectible. On a encore quelques jours pour répéter."