La réclusion criminelle à perpétuité requise en appel contre Mamodtaky

La réclusion à perpétuité a été requise ce vendredi en appel devant la cour d'assises du Val-de-Marne, à Créteil, à l'encontre de Mamodtaky Mamode Abasse, accusé d'avoir été le maître d'oeuvre du massacre d'une famille française lors d'une fête familiale à Madagascar. Verdict ce samedi
Condamné à la réclusion perpétuité avec une peine de sûreté de 22 ans en première instance, Mamodtaky Mamode Abasse, désigné par l'accusation comme le deus ex machina de ce massacre commis à l'arme automatique, avait seul fait appel de la décision de la cour d'assises de Paris en 2010 où il avait comparu  avec deux autres accusés.
 
Le 22 avril 2001, alors qu'ils participaient à une réunion de famille dans la banlieue d'Antananarivo, cinq membres de la famille Remtoula, des Français d'origine indo-pakistanaise, avaient soudain vu faire irruption trois hommes en armes qui avaient ouvert le feu à l'arme automatique. Cinq personnes avaient  péri, cinq autres avaient été blessées.
  
La tuerie avait provoqué un grand émoi dans la communauté des "karanas", Malgaches d'origine indo-pakistanaise, musulmans chiites, dont la plupart ont  choisi la nationalité française à l'indépendance de la Grande Ile.
 

"Un crime lâche et barbare"

Après trois semaines d'audience, l'avocat général Jean-Paul Content a fustigé "une exécution barbare" et "un crime lâche et barbare" pour lequel Mamodtaky Mamod Abasse "a la responsabilité la plus lourde".  "Il avait intérêt à la disparition d'Anita (son ex-femme avec qui il était  en conflit pour la garde de leur fille) (...) Il était présent sur les lieux de la tuerie", a-t-il affirmé. Selon le représentant du parquet qui a retenu les chefs d'assassinat et de tentatives d'assassinat, la perpétuité est "la seule peine qui puisse faire écho à la barbarie de ce carnage".
 
Dans le box des accusés, M. Mamodtaky, le visage sombre et creusé par sa détention à Fresnes (Val-de-Marne) est resté concentré durant les deux heures qu'a duré le réquisitoire, dodelinant parfois la tête en signe de réprobation. Fustigeant la "corruption qui gangrenait les institutions malgaches" et qui ont abouti à un premier non-lieu, faisant le tri entre les rétractations ou les contradictions tous azimuts de témoins au fil des débats, l'avocat général a surtout balayé les critiques émises par la défense à propos d'une enquête qu'elle juge entachée d'irrégularités, et sur laquelle elle s'appuie pour prouver 
l'innocence de M. Mamodtaky, qui crie au complot.
 

Premier procès à Saint-Denis

En février 2009, un premier procès s'était d'ailleurs ouvert à Saint-Denis de la Réunion, avant d'être annulé au bout d'une semaine pour vice de forme par la cour d'assises locale qui, à la stupéfaction des victimes, avait relâché les accusés. Le 11 juin 2009, la Cour de cassation avait infirmé la décision et ordonné la tenue d'un nouveau procès, à Paris cette fois, au cours duquel Mamodtaky avait été condamné à la prison à vie. Deux complices Jean-François Crozet et Riaz Damdjy avaient écopé de peines de 20 et 10 ans de prison tandis qu'un quatrième homme, Babar Ali, en fuite probablement au Pakistan, était condamné lui aussi à la réclusion à perpétuité. "On peut critiquer ce travail mais sans ce travail, il n'y aurait jamais eu d'information ouverte, ni de procès à Paris, ni à Créteil", a justifié l'avocat général.
 
"Tout est pourri, tout est vicié", lui a répondu l'avocate Marie Briot, qui a ouvert les plaidoiries de la défense. "M. Mamodtaky est privé d'un procès équitable". Le verdict est attendu samedi.