Le plaidoyer de Jean-Marie Le Clézio pour les exilés des Chagos

L'archipel des Chagos est à 2.300 kilomètres au nord-est de La Réunion
Dans les pages Rebonds du quotidien Libération, le prix Nobel de littérature s'indigne de la décision de la Cour européenne des droits de l'Homme de ne pas recevoir la plainte des Chagossiens contre le Royaume-Uni. Un "déni de justice" pour l'écrivain dont la famille est originaire de l'île Maurice.
En décembre dernier, la Cour européenne des droits de l'Homme a rendu une décision qui, selon Jean-Marie Gustave Le Clézio, "restera comme une des grandes hontes et un déni de justice de l'époque contemporaine". L'instance européenne a en effet déclaré irrecevable la plainte des chagossiens qui réclamaient la condamnation du gouvernement du Royaume-Uni dans la tragédie que le peuple des Chagos vit depuis près de 40 ans. 

La déportation des chagossiens

Dans les pages Rebonds de Libération (lien vers l'article qui est disponible uniquement sur abonnement), le prix Nobel de littérature résume l'histoire du peuple de cette petite île de l'océan Indien. A la fin des années 60, le gouvernement Britannique a signé un accord avec les Etats-Unis pour leur louer l'archipel des Chagos afin d'installer une importante base militaire sur Diego Garcia, la plus importante des 55 îles qui composent l'archipel. En échange, les Britanniques s'engageait à vider les Chagos de ses habitants. Et c'est ainsi qu'en 1973, les chagossiens furent condamnés à l'exil, à la déportation. Entre 800 et 1.500 habitants ont ainsi dû quitter leur île. Les plus rétifs furent embarqués de force à bord d'un navire à destination de l'île Maurice.  
Depuis 30 ans, les "îlois des Chagos", selon l'expression de Le Clézio dans Libération, se battent pour obtenir le droit de regagner leur terre, en vain. 

"Une décision inique" selon le Clézio

Extrait du plaidoyer de l'écrivain dont la famille est originaire de l'île Maurice:
"Les grands de ce monde qui ont rendu cette décision inique (...) devraient pourtant se soucier des gens qu'ils condamnent ainsi au non-retour et à l'exil éternel. Peut-être devraient-ils visiter un jourla modeste maison à Gros-Caillou, un quartier déshérité de Maurice, qui sert en quelque sorte de refuge et de mémoire au peuple des îlois, où sur les murs, les enfants des Chagossiens nés en exil peuvent regarder les images de leur petite patrie qu'ils ne pourront jamais connaître, fût-ce pour fleurir les tombes de leurs ancêtres". 

Ce n'est pas la première fois que Jean-Marie Le Clézio prend la plume pour soutenir le peuple des Chagos. En 2009, un an après avoir obtenu le prix Nobel de littérature, il avait écrit à Barack Obama, comme le rappelle le journal L'express de Maurice.   
Pour en savoir plus, la radio France Culture consacre aujourd'hui, 15 mai, une émission de 28 minutes aux chagossiens, en partenariat avec Libération.