Tourisme antillais: l'échec européen, avec l'arrêt des vols au départ de Roissy, était prévisible

Depuis lundi dernier, les avions d'Air France à destination des Antilles ne décollent plus de l'aéroport parisien de Roissy. Cet aéroport est pourtant le principal hub vers les destinations européennes, mais la compagnie a du renoncer par manque de rentabilité. Un échec prévisible. Analyse. 
C’est l’histoire d’un échec prévisible qui part d'un simple constat. Il n’y a tout simplement pas assez de touristes européens intéressés par les Antilles françaises. Air France a annoncé mercredi dernier la fin de la desserte des Antilles françaises au départ de Roissy-Charles-de-GaulleLe bilan économique ne permettait pas de poursuivre cette initiative coûteuse et pourtant défendue par les professionnels du secteur.


Trop peu de touristes européens 

Pour ne prendre qu'un exemple, 20 touristes allemands environ se rendent chaque jour en Martinique ou en Guadeloupe, c’est bien trop peu pour remplir un avion, rentabiliser une liaison régulière ou même imposer une escale avec changement d'avion à Roissy. 
Pourtant, les pouvoirs publics et les offices de tourisme ont fait pression sur Air France pensant qu’il suffisait d’assurer un seul changement d’avion à Roissy vers les Antilles française pour attirer miraculeusement la clientèle européenne de Zurich, de Rome, de Madrid ou de Francfort. Mais le faible taux de remplissage (8 % entre janvier et octobre 2012 contre les 10 % au moins attendus), l'atonie des marchés allemands, suisses, italiens et espagnols notamment, l'absence de campagnes de promotion, de visibilité, dans un contexte de crise économique, n'ont pas permis la poursuite de l'expérience.


Clientèle plus exigeante qu'auparavant 

C’était surtout "oublier" que les clients potentiels demandent des vols directs et confortables, des vols dont ils disposent depuis leurs pays vers la République Dominicaine, le Mexique ou Cuba. Dans les années 90 La Lufthansa (Condor) avait lancé une liaison Paris-Pointe-à-Pitre, elle n’a duré qu’une semaine faute de passagers. Dans l'industrie du tourisme c'est aussi la loi du marché, celle de l'offre et de la demande, qui domine. L'offre vers la Caraïbe est énorme et se mesure dans l'épaisseur des catalogues des tours-opérateurs. Dans ces mêmes catalogues, la place des Antilles françaises se limitent à quelques pages puisque la demande est très faible, marginale.


Manque de cohérence stratégique

On peut se demander enfin s’il était très judicieux de rechercher une clientèle européenne tout en fermant il y a quelques années le bureau de représentation et de promotion du tourisme de la Martinique (Fremdemverkehrsbüro Martinik), à Francfort. La capitale financière de la zone euro est le siège des grands tours opérateurs allemands et européens. Au passage, rappelons que tous les concurrents des Antilles françaises y sont représentés, même les plus petits.
A Francfort, les deux jeunes professionnelles martiniquaises étaient parfaitement bilingues. Rompues aux négociations avec les tours-opérateurs allemands, elles avaient réussi à doubler la clientèle allemande. Surtout, elles étaient perçues comme des ambassadrices de la Martinique. Le bureau a finalement été fermé, Comprenne qui pourra.