Pour l'Assemblée de Corse, la langue corse devient co-officielle sur l'archipel

Assemblée de Corse
Les conseillers de l'Assemblée de Corse ont adopté le 17 mai l'instauration de la coofficialité de la langue corse et du français sur l'île. Une décision qui devrait relancer le débat sur les langues régionales et minoritaires.
La situation est inédite. L'Assemblée de Corse adopté par 36 voix et 11 abstentions le projet pour la coofficialité et la revitalisation de la langue corse.
Le vote des Conseillers à l'Assemblée implique donc que la langue corse soit également utilisée dans l'éducation, les services publics et les médias. Une décision qui vise à protéger et conserver la langue en "garantissant l'emploi officiel du français et du corse à parité".
 

Risque d'invalidation

La mesure, qui pourrait être invalidée par le Conseil constitutionnel, risque néanmoins de relancer le débat sur les langues régionales. Le président Hollande a affirmé vouloir ratifier la "charte des langues régionales ou minoritaires" pendant sa campagne, avant de revenir sur sa position au mois de mars 2013.
Cette charte, qui vise à défendre et promouvoir les langues régionales ou minoritaires en reconnaissant leur aspect menacé, a été signée en 1999 par le Premier ministre de l'époque Lionel Jospin mais n'a jamais été ratifiée. Elle impose aux Etats signataires de promouvoir ces langues et d'encourager leur usage oral et à l'écrit.
 

 Défense du patrimoine ou division de la République

Pour les défenseurs de la ratification de la charte, le corse, l'alsacien, le basque, le breton, le corse, l'occitan… mais aussi les créoles martiniquais, guyanais, guadeloupéens et réunionnais, le tahitien, ou encore le hmong de Guyane (…) gagneraient à être défendus et revalorisés. Parmi eux, les écologistes, comme Eva Joly mais aussi le président du Modem, le béarnais  François Bayrou qui n'hésite pas à s'exprimer en béarnais lors de ses meetings régionaux.
D'autres comme depuis peu François Hollande donc, mais surtout Nicolas Sarkozy ou Jean-Luc Mélenchon y voient un motif de division de la République et considèrent la charte incompatible avec la tradition républicaine.
 

Le créole: une langue autrefois honteuse désormais enseignée

En 1999, à l'occasion d'un rapport sur la question, le linguiste Bernard Cerquiglini a dénombré pas moins de 75 langues régionales et minoritaires dans l'Hexagone et Outre-mer.
Aux Antilles, pendant longtemps, le militantisme pour le créole aux Antilles-Guyane et son enseignement était rejeté par une grande partie des populations antillaises et guyanaise. Sa revalorisation doit beaucoup aux travaux d'écrivains comme Raphaël Confiant où Jean Barnabé, auteur d'une thèse de doctorat sur le créole antillais.
Aujourd'hui,  les langues reconnues comme régionales, dont le créole et le tahitien peuvent être enseignées à l'école et faire l'objet d'une épreuve au baccalauréat.