Roland Garros: Noah, 30 ans déjà!

Séquence nostalgie alors que Roland-Garros débute ce dimanche: ce jour de juin 1983, nous étions nombreux devant nos télés.  Tie-break du 3ème set. Le retour de service de Wilander est dehors. Yannick Noah s'agenouille sur la terre battue de Roland Garros. C'était il y a... trente ans!
Dernier Français à avoir gagné un tournoi du Grand Chelem, Yannick Noah  fête cette année le trentième anniversaire de son triomphe à Roland-Garros en 1983: sa succession reste toujours aussi hypothétique.

 
Un coup de vieux terrible

Trente ans déjà ! "Ca fait tellement loin. Il y a la moitié des gens de la tribune qui sont morts, puis d'autres qui ont pris un coup de vieux terrible", disait Noah  au moment de célébrer le 25e anniversaire de son triomphe, un constat qui ne s'est évidemment pas amélioré avec le temps.
Il y a cinq ans, il avait marqué le coup en refaisant le match sur une péniche avec le Suédois Mats Wilander, battu 6-2, 7-5, 7-6, le 5 juin 1983 en 
finale, sur un Central sens dessus dessous.
 

Un genou amoché à La Réunion

Cette fois, Noah  a préféré la discrétion. La faute à un genou amoché lors d'une exhibition à la Réunion en décembre (ce qui lui a valu une convalescence au bord du lagon, comme en atteste le tweet ci-dessous). Mais aussi à cause d'une certaine 
lassitude de faire le buzz avec un exploit aussi lointain, que le champion reconverti avec succès dans la chanson échangerait bien, à 53 ans, contre un 
successeur.

A quand un Français pour lui succéder? 

L'ennui c'est qu'avec Rafael Nadal dans les parages, il est toujours aussi difficile d'imaginer un Français soulever le trophée des Mousquetaires, malgré le retour en forme de Gaël Monfil et deux représentants dans le Top 10, Jo-Wilfried Tsonga et Richard Gasquet. On risque donc de se repasser pendant quelques années encore ces images d'un Noah  extatique qui, après un dernier retour trop long de Wilander, enjambe le filet pour aller se jeter dans les bras de son père Zacharie.
 

Souvenirs, souvenirs  

"On a gagné, on a gagné !", a-t-il lancé à l'infini, les larmes dégoulinantes et les dreadlocks en bataille, avant de partir enlacer son entraîneur de toujours Patrice Hagelauer. "Il m'a serré dans ses bras pendant un temps qui me paraissait infini. J'étais collé contre lui et sa transpiration. Ce sont des moments complètement inoubliables", raconte l'actuel directeur technique national qui, clin d'oeil du destin, partira à la retraite après le Roland-Garros 2013.

 

Ce dimanche soir de juin 1983, au JT de 20 heures d'Antenne 2 (l'ancêtre de France 2, pour les plus jeunes), ça donnait ceci:

Des images et un homme passés à la postérité  

"Les pages ont jauni. Je n'y pense pas souvent, un peu plus en ce moment parce qu'on m'en parle", a dit Noah  récemment. "Mais ça restera pour toujours un moment important de ma vie, le moment où je suis rentré dans le coeur des gens."  Il y est entré et il y est resté, au point de devenir la personnalité préférée des Français. En 1983, il a imposé son style rebelle, détonnant et tranchant fortement avec l'image très "Lacoste blanc" en vigueur dans le tennis.
 

Le poids de la victoire 

La victoire à Roland-Garros a été suivie d'une fête dans sa maison de Nainville-les-Roches, restée dans les annales avec un boeuf improvisé par Louis
Bertignac et Jean-Louis Aubert. Il en a gardé plutôt un mauvais souvenir, celui d'une maison saccagée et "remplie de boue".
Depuis, il a peu parlé de son heure de gloire et n'a conservé dans le sous-sol de sa maison que sa raquette.
A force de voir défiler les finalistes malheureux (Leconte, Pioline deux fois, Clément, Tsonga) on le ramène bien suffisamment à sa condition de dernier 
vainqueur français en Grand Chelem.