Le conflit de l'essence s'invite au ministère des Outre-mer ce mercredi

Toutes les stations-service sont fermées en Guyane. Celles de Guadeloupe, de Martinique, et de la Réunion pourraient suivre. Les gérants de stations-service des DOM sont aujourd’hui reçus au ministère des Outre-mer pour évoquer la fixation des prix des carburants et les marges des exploitants
C’est une délégation impressionnante qui est arrivée des Antilles, de la Guyane et de la Réunion, décidée à repartir avec des réponses. Leurs valises sont posées dans un grand hôtel du quartier parisien de Montparnasse, ils élaborent l’argumentaire à tenir face aux services techniques du ministre des Outre-mer et leur stratégie de communication.


Le modèle social en avant

Et de mettre en avant leur modèle social : « nous restons attachés au système de prix administrés qui garantit les 4000 emplois de pompistes. Un modèle social que nous avons bâti dans les quatre DOM », martèle Patrick COLLET, le président de l’intersyndicale des gérants de stations-service des départements d’Outre-mer. Un modèle qualifié de vertueux par Jacques-André LUBIN, «qu’on risque de casser au profit des groupes pétroliers ». Depuis le 1er décembre 1986, les prix des biens et services sont librement déterminés par le jeu de la concurrence. Cependant, le conseil de la concurrence (devenu l’Autorité de la concurrence), avait considéré que les DOM pouvait déroger à ce principe en raison des « difficultés durables d’approvisionnement » qui limitait la concurrence par les prix. Depuis 1988, les prix des carburants sont donc réglementés dans les DOM.


Les risques d'une réforme

Une libéralisation du marché entraînerait une multiplication des pompes automatiques. Marc Petroluzzi , vice-président du syndicat des gérants de stations-service de la Guadeloupe prévient : « la libéralisation n’a pas entraîné une baisse des prix des carburants, elle a entraîné la disparition de 30000 stations et de 200 000 emplois ».  Patrick Collet évoque une régression sociale.


« Notre carburant coûte moins cher qu’en France »

Les exploitants défendent leur modèle en se livrant à la démonstration suivante : dans les DOM, le prix des carburant est moins élevés que dans l’Hexagone, alors même qu’il préserve l’emploi. A l’offensive, cette fois, Marc Petroluzzi  qui égrène le prix du gasoil dans les différents départements : 1,22 euro le litre à la Réunion, dont 5,3 centimes par litre de coût salariaux. En Martinique, même coûts salariaux, pour un prix au litre total de 1,27 euro. Soit 1, 16 et 1,19 euro sans les coûts salariaux.
« La Réunion a le gasoil le moins cher d’Europe », ajoute Gérard Lebon, président du syndicat réunionnais des exploitants de stations-service. Les gérants suggèrent que leur modèle social soit appliqué dans l’Hexagone.

Pouvoir d'achat et emplois

Victorin LUREL a fait du pouvoir d’achat son cheval de bataille. Les gérants l’entraîne sur le champs de l’emploi. Difficile, dans des départements où les taux de chômage atteignent des niveaux record, d’esquiver. L’emploi est une priorité, répond-on rue Oudinot. « Le système d’encadrement des prix sera maintenu, mais plus de la même façon. On détaillera qui gagne quoi ». Allusion aux marges, point de départ du mouvement de grève des gérants de stations-service de Guyane.

 

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Le futur décret Lurel

Sylvie Désert, Présidente du syndicat des gérants de stations-service de la Guyane l'affirme: « l’Etat n’applique pas la loi ».
Les gérants de stations-services des DOM, peuvent, deux fois par an, demander une augmentation de leur marge. Ce qu’a fait le syndicat des exploitants guyanais. Le dossier a été déposé au mois d’avril. Le ministère des Outre-mer , semble avoir été surpris par cette demande, alors que Victorin Lurel avait annoncé une réforme avant l’été. Les gérants Guyanais veulent l’application du décret Penchard. La rue Oudinot rétorque qu’il est incohérent pour eux d’appliquer un ancien système qu’ils critiquent, car il ne garantit pas les bonnes marges. Pour le ministère des Outre-mer, le compromis idéal serait que les gérants travaillent avec le gouvernement sur un nouveau cadre réglementaire qui leur donne satisfaction et qu’ils accélèrent ensuite afin de le mettre en œuvre. L’intersyndicale veut des réponses de sortie de crise, au risque de « fortes perturbations » selon Patrick Collet, dans les 4 DOM. Tous ont en tête le mouvement social de 2009. Ce sont les revendications des Guyanais sur les carburant qui avaient allumé la mèche.