"Attention, danger", voici le message que certaines acteurs du secteur économique d'outre-mer veulent faire passer au gouvernement qui réfléchit actuellement à la réforme de la défiscalisation. L'arbitrage au plus haut sommet de l'Etat est attendu avec impatience et fébrilité.
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La grave crise sociale et économique qui a ébranlé les départements d'outre-mer en 2009 "n'était rien" comparée à la crise que générerait l'arrêt de toute défiscalisation, a mis en garde hier le monde économique ultramarin, à l'adresse du gouvernement qui doit bientôt statuer sur le sujet. "Nous sonnons l'alerte: il y a le risque de plonger les outre -mer dans une crise sans précédent! Et celle de 2009 n'était rien comparée à celle qui nous attend si on stoppe les investissements", a déclaré Jean-Paul Le Pelletier, président de l'Association des chambres de commerce et d'industrie des Outre -mer (ACCIOM). Il est interviewé par Célia Cléry, de Radio Outre-mer 1ère.
JP LE Pelletier
Déjà un trou d'air
Les incertitudes et la censure du Conseil constitutionnel d'une partie des niches fiscales pour l'outre-mer en janvier "ont déjà créé un trou d'air, les investissements ont diminué de 20 à 50% selon les DOM sur le premier trimestre 2013 comparé à 2012", explique encore Jean-Paul Le Pelletier. Si le système d'aide fiscale à l'investissement est remplacé uniquement par du crédit d'impôt, "on sera sans capacité d'investir en 2013 mais aussi en 2014et 2015", a pronostiqué le président de l'ACCIOM. "La crise, cette fois, ce ne serait pas le LKP qui la créerait!", a-t-il dit, en référence au syndicat guadeloupéen à la pointe des revendications en 2009.
"Pour une défisc moralisée"
"La défiscalisation d'aujourd'hui est morte, nous faisons des propositions pour une aide fiscale à l'investissement plus encadrée, plus contrôlée et avec
une profession de monteurs en défiscalisation moralisée", a renchéri Jean-Pierre Philibert, président de la Fédération des entreprises d'outre-mer (Fedom). Après des "débats âpres" en interne, le patronat a réussi à s'unir derrière des pistes pour effectivement modifier le système actuel. Si le gouvernement se dirigeait vers un "mix" comportant à la fois de la défiscalisation, par exemple sur le logement social où cela a donné des résultats probants et pour les petites entreprises, et du crédit d'impôt pour les grosses entreprises capables d'avancer les fonds, le patronat serait "prêt à s'asseoir à la table" pour affiner le dispositif ainsi revu. "Nous avons déjà trois risques naturels outre -mer : le climatique, le sismique et le volcanique, n'en rajoutons pas un quatrième avec la suppression de la défisc'", a lancé Jean-Pierre Philibert. De plus, a souligné le président de la Fedom, toute modification trop radicale "nécessitera une notification à Bruxelles qui pourrait mettre 1 à 2 ans avant de statuer,. Et en attendant , on ferait quoi ?"
Ecoutez Jean-Pierre Philibert, hostile à l'instauration d'un crédit d'impot qui se substituerait totalement à la défiscalisation. Il est au micro de Célia Cléry, Radio Outre-mer 1ère.
JP Philibert