Requins : "On ne peut pas regarder les gens se faire dévorer sans rien faire!"

Les proches de victimes d'attaques de requins et des associations militantes s'étaient donnés rendez-vous à Paris ce vendredi pour un rassemblement commémoratif. Après avoir rendu hommage aux disparus, ils ont insisté sur l'ampleur du traumatisme causé à la Réunion par la série d'attaques. 
Le 19 septembre 2011, Mathieu Schiller, body boarder expérimenté est attaqué par un requin alors qu'il se trouve au large de la plage de Boucan Canot, à Saint-Gilles.
Sa sœur, Aurélie est venu ce vendredi boulevard des Invalides à Paris. A ses cotés, une vingtaine de personnes ont pris part au rassemblement, à l'initiative des associations Océan Prévention Réunion (OPR) et Prévention Requin Réunion (PRR). Tous sont venus rendre hommage aux personnes décédées d'attaques de requins à la Réunion.
 
Sébastien Emond, Eddy Auber, Mathieu Schiller, Alexandre Rassiga et la jeune Sarah, une baigneuse âgée de 15 ans … leurs visages souriants s'affichent dans les bras des participants. "Il manque la photo de Stéphane Berhamel", s'excuse Jean-François Nativel, président d'OPR. Son association n'a pas de contact avec la famille de la victime, décédée en mai alors qu'il était en voyage de noces.
 

"Un coup de poignard dans les tripes"

Les personnes présentes au rassemblement demandent à l'Etat de prendre des mesures pour assurer la sécurité des usagers de la mer.
"Le danger est toujours là, regrette Aurélie Schiller. Il est important de sensibiliser les autorités parisiennes à ce sujet. On ne peut plus continuer de regarder les gens se faire dévorer sans rien faire". Depuis le décès de son frère, sept attaques de requin ont eu lieu à la Réunion, dont trois  mortelles. "A chaque nouvelle attaque, je ressens un coup de poignard dans mes tripes", affirme Aurélie qui souhaite "qu'on trouve une méthode pour montrer aux requins, des animaux intelligents,  qu'ils ne sont pas les bienvenus sur nos côtes".
 
Après le dépôt d'un bouquet de fleurs devant les portraits des victimes, une minute de silence est organisée en leur mémoire. "Les attaques se sont succédées à un rythme qui n'est pas acceptable", a déclaré Jean-François Nativel qui regrette que la situation éloignée de la Réunion ne suscite que peu d'intérêt de la part des politiques.
 


"Demandez à un enfant réunionnais de vous dessiner un poisson"

 
Pourtant la peur existe, estime-t-il, ajoutant que 25% des attaques mortelles de requin au monde ont lieu sur la petite île de l'océan Indien. Christian Farcy est professeur des écoles et membre de l'association OPR. Ses élèves sont "traumatisés " par les attaques, assure-il. "Demandez à un enfant réunionnais de vous dessiner un poisson, il vous fera un requin, déplore-t-il. Et lorsque je les emmène à l'eau apprendre à nager, j'en ai même qui craignent, alors que nous travaillons dans une piscine, de se faire dévorer par un requin!"
 
 
Les associations préconisent, outre une révision de la réglementation de la réserve naturelle, la mise en place de drum-lines, des lignes de pêche spécifique à la capture de requin. Reçus par le ministère des Outre-mer dans la foulée de leur rassemblement, ils s'estiment satisfaits des premières mesures annoncées par le préfet de la Réunion ce vendredi, tout en espérant qu'elles seront suivies d'actes sur le long terme.