D'après le journal satirique, le chef de l'Etat craint que la ministre de la Justice claque la porte du gouvernement. C'est pourquoi il n'a pas voulu lui donner tort à propos de la réforme pénale. Il se méfie du caractère de Christiane Taubira.
David Ponchelet•
Dans l'épineux arbitrage entre Manuel Valls et Christiane Taubira, L'Elysée a pris soin qu'aucun des deux ministres ne sorte perdant du duel médiatique. Sur le fond, explique un conseiller de l'Elysée au Canard Enchainé qui parait ce mercredi, "la réforme est plus proche des voeux de Valls que des premières propositions de la chancellerie". Un proche de la ministre renchérit: "elle a perdu quasiment tous les arbitrages".
"Gagner la bataille de l'opinion"
Mais le président de la République tient absolument à "soigner" Taubira, selon le Canard. Il a souhaité qu'elle apparaisse, vis à vis de l'opinion, comme la gagnante du duel face au ministre de l'intérieur. François Hollande se méfie du caractère bien trempé de Christiane Taubira: il aurait peur qu'elle ne claque la porte du gouvernement.
Jean-Marc Ayrault dit sa surprise
En attendant, dans la tournée médiatique qui a suivi l'arbitrage, la ministre aurait légèrement agacé le chef du gouvernement en affirmant, dans une interview au quotidien Le Monde, que ce serait "une faute éthique" si la réforme pénale n'était pas examinée avant les élections municipales. Jean-Marc Ayrault a confié sa surprise devant cette déclaration car il ne se serait jamais engagé à faire examiner ce projet de loi avant mars prochain, date des municipales. Matignon aurait donc l'impression que la ministre de la justice tente de faire le forcing pour faire passer son texte.