Meurtres en Guadeloupe: le réveil de la presse nationale?

Jusqu'à ces derniers jours, les médias nationaux n'évoquaient pas le triste record de criminalité en Guadeloupe (37 morts depuis janvier), alors que la situation de Marseille (15 morts) était scrutée à la loupe. Mais la Guadeloupe commence à intéresser les médias. Décryptage. 
Comme l'indiquait la1ere.fr dans un article paru lundi dernier, la hausse sans précédent de la criminalité en Guadeloupe -37 morts depuis le mois de janvier- n'a que très peu retenue l'attention des médias. En comparaison, les 15 morts dans des règlements de comptes à Marseille font l'objet d'une énorme couverture médiatique. Mais depuis mercredi dernier, les radios, télés et journaux commencent à braquer leurs projecteurs sur la criminalité guadeloupéenne.

La chronologie de l'émergence médiatique

Après un premier article sur Slate.fr, publié dimanche dernier, et une chronique matinale sur France Inter lundi matin, c'est Le Canard Enchainé qui s'est fendu d'un article en page 3 dans son édition de mercredi. Intitulé "Au paradis, c'est de plus en plus l'enfer", l'article décrit la situation guadeloupéenne avec ce commentaire acide à l'égard des médias nationaux: 


Marseillais et Corses peuvent aller se rhabiller. Les 400.000 Guadeloupéens vont remporter -et de loin- le championnat de France de la violence ordinaire (...) mais cette dramatique hécatombe intéresse bien moins que les 20 butés de Corse et les 24 flingués de Marseille (bilan 2012). Question d'éloignement sans doute: la Guadeloupe, c'est chaud mais c'est loin!"
















Le Canard Enchainé est un hebdomadaire très lu par les autres journalistes en quête d'infos fraiches, tout comme les dépêches de l'Agence France Presse. Jeudi matin, un article du correspondant de l'AFP à Pointe à Pitre, Eddy Nedelkovski, a été diffusé dans toutes les rédactions. Dés lors, la machine médiatique s'est vraiment emballée. De très nombreuses rédactions, parmi lesquelles TFI-LCILibération, Le Figaro, France TV Info,   ont diffusé cette dépêche sur leurs antennes, leurs sites, et les réseaux sociaux. 
 

La propagation médiatique

Ainsi va la machine médiatique. L'info est viralisée, copiée et recopiée de sites en tweets, et de dépêches en pages Facebook. La phase suivante, pour certains médias est de tenter d'aller au delà de l'info "brute". Ce fut le cas de I Télévision, ce vendredi matin, qui a invité le ministre -guadeloupéen- des Outre-mer, Victorin Lurel. Car entre temps, après ce début d'intensification de la médiatisation, le ministre avait réagi jeudi soir en annonçant à l'AFP la relance du plan "rendez vos armes".
Ce vendredi matin, sur I télé, le ministre des Outre-mer est donc intervenu pour réagir à la situation et évoquer l'action du gouvernement.
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Quelle suite médiatique?

Victorin Lurel l'a confirmé sur I Télé: Manuel Valls, le très médiatique ministre de l'Intérieur sera en Guadeloupe à la mi-octobre. Il y a fort à parier, qu'à la faveur de cette visite, la criminalité en Guadeloupe sera à nouveau sous les sunlights des médias. 
A moins que, les télés radios et journaux soient à ce moment là mobilisés par une autre info. Car c'est un autre phénomène médiatique bien connu: une actualité chasse l'autre... 

Le rôle des réseaux sociaux?

Dans la propagation et la diffusion des infos, les réseaux sociaux, et notamment Twitter, jouent désormais un rôle évident. C'est ainsi qu'après le dernier week-end meurtrier en Guadeloupe, le journaliste d'Outre-mer 1ère Martin Baumer a tweeté sur les deux derniers homicides. Son message a été retweeté à de nombreuses reprises et a sans doute pu servir "d'alerte médiatique" à d'autres journalistes.
Dans le même esprit, une twittos de Guadeloupe, Neeya, interpellait quelques jours plus tard Sophie Lautier, la journaliste de l'Agence France Presse chargée, à Paris, de traiter les dossiers ultramarins, sur le silence médiatique à propos de cette série d'homicides.
La journaliste de l'AFP lui a répondu ceci:
Mais trois jours plus tard, le 12 septembre, l'AFP publiait finalement la dépêche qui a réveillé la presse nationale.