Case sociale antillaise, coup de pouce face à la misère

Devanture de la Case sociale antillaise
A l’occasion de la journée internationale du refus de la misère, nous nous sommes rendus à la Case sociale antillaise dans le nord de Paris. Le mercredi, c'est jour de remise des colis hebdomadaires. Nous avons suivi un bénéficiaire.
De la pluie, des pompes funèbres, et un concessionnaire automobile. L’environnement immédiat de la Case sociale antillaise n’est pas franchement riant. En ce 16 octobre, une quinzaine de personnes attendent leur colis hebdomadaire sous le crachin parisien. On est à la veille de la journée mondiale du refus de la misère. Une journée lancée en 1987 par ATD Quart Monde. « La journée de quoi ? », nous rétorquent plusieurs bénéficiaires, interloqués. « De toute façon, cette journée, ça va rien changer », lance une petite dame, résignée. « La Case, au moins, c'est concret. »
 

Des ultramarins, mais pas que

Tous ne sont pas originaires des Antilles. « Tant qu’on a des enfants, on peut s’inscrire à la Case sociale. Pas besoin d’être de là-bas », nous explique Marie-Joe, une habitante du quartier. Bastien Edzer, lui, est Haïtien. Béret noir, pattes grisonnantes et doigts jaunis par la cigarette, il attend son tour. Du haut de ses 73 ans, il se tient droit comme un piquet. 

Bastien Edzer, 73 ans, originaire d'Haïti
A l’entrée, un bénévole de la Case sociale fait l’appel. Un à un, les bénéficiaires viennent remplir leur cabas à roulettes. Voilà un mois et demi que Bastien Edzer se rend au 62 rue de la Chapelle. Cet ancien peintre en bâtiment à la retraite justifie sa présence : « Avec 980 euros par mois, et tout qui devient cher … » 
 

Des colis payants

Dans le colis de Bastien Edzer, on trouve :

  • 250g de pâtes
  • 2 oignons
  • 1 boîte de raviolis bolognaise
  • 1 plat préparé d’émincé de volailles
  • 1 paquet de jambon
  • 4 crèmes dessert
  • 2 compotes
  • 3 tablettes de chocolat
  • 2 bananes
  • 1 boîte de muesli
  • 1 boîte de corn flakes
  • 1 bouteille de lait
Afin de bénéficier d’un colis par semaine, Bastien doit s’acquitter d’une somme forfaitaire de 10 euros par mois. Une nouveauté instaurée en septembre 2013. Jusqu'à cette date, la Case sociale antillaise ne faisait rien payer. Selon un bénévole, qui n’a pas souhaité donner son nom, « il y a moins de monde depuis que c’est payant, et les gens essayent de marchander. 10 euros par mois et par adulte, ils trouvent que c’est trop cher. » 

Pour Bastien Edzer, c'est une somme, mais peu lui importe, ce n'est que temporaire. En décembre prochain, il retournera vivre en Haïti après trente ans passés à Paris.

Persona non grata
La1ere.fr n'a malheureusement pas pu interviewer Gaston Calife, président de la Case sociale antillaise, qui n'a pas accepté de nous accueillir dans ses locaux, ni même de répondre à nos questions. Sa justification: « l’équipe et moi-même avons jugé que le web, ce n’était pas assez porteur».