30 millions d’esclaves dans le monde, une estimation plausible

En rouge, les pays qui comptent le plus de personnes en situation d'esclavage.
30 millions de personnes en situation d’esclavage sur la planète, c’est l’estimation avancée hier par l’ONG australienne Walk Free. Voilà qui pose la délicate question des chiffres de l’esclavage en cette journée européenne de lutte contre la traite des êtres humains.
Un palmarès des pays esclavagistes, c’est en quelque sorte ce que présente l’ONG Walk Free dans un rapport paru hier. Sur les 162 pays étudiés, la Mauritanie arrive en tête.  Talonnée par Haïti, qui compterait entre 200 et 220 000 personnes en situation d’esclavage moderne pour une population de 10 millions d’habitants. Par « moderne », entendez « contemporain » : esclavage domestique, mariages forcés, esclavage sexuel, traite des êtres humains, etc. Au niveau mondial, l’ONG estime qu’il y aurait près de 30 millions d’esclaves dans le monde.
 

Des estimations crédibles

 « 30 000 000, c’est une estimation tout-à-fait plausible », affirme Sylvie O’Dy, présidente du Comité contre l’esclavage moderne, contactée par La1ere. « Mais la question des chiffres est extrêmement délicate », s’empresse-t-elle d’ajouter.
 
Si on prend le cas de la France, Walk Free estime qu’il y aurait entre 8 000 et 9 000 esclaves. Un nombre qui peut paraître très élevé quand l’on sait que le CCEM a reçu 218 signalements de situations d’esclavage (voir le rapport d’activité du CCEM ci-dessous). Mais selon Sylvie O’Dy, « c’est un phénomène totalement caché. S’il n’y avait pas des intermédiaires de bonne volonté pour nous appeler – des gendarmes, des travailleurs sociaux, des instituteurs… - on n’en saurait rien. On estime qu’on n’a affaire  qu’à une toute petite partie de l’iceberg. »
 
Pour tenter d’y voir plus clair, la Ministre des droits des femmes, Najat Vallaud Belkacem, a d’ailleurs lancé en janvier une mission interministérielle dédiée en partie aux questions d’esclavage : la MIPROF. Laquelle mission est chargée d’élaborer un plan de lutte contre l’esclavage moderne, et de proposer des statistiques fiables sur ce problème. Sylvie O’Dy participe à ce travail. Elle espère que les premiers résultats concrets verront le jour fin 2013.