Mayotte au congrès des maires : crispation sur les rythmes scolaires

George Pau-Langevin, ministre déléguée à la réussite éducative et Vincent Peillon, ministre de l'Education nationale
Les élus mahorais ne sont pas parvenus à faire entendre leur mécontentement lors du débat sur la réforme des rythmes scolaires jeudi matin à Paris. Les écoles primaires et maternelles de Mayotte sont censées passer à la semaine de 4,5 jours dès septembre 2014.
Il est un peu noyé dans la masse, Marthadi Ali. Ce conseiller municipal mahorais de Kani-Kéli a fait le déplacement à Paris pour représenter sa commune au 96ème Congrès des maires. Lors du débat sur les rythmes scolaires jeudi matin, il aurait bien voulu interpeller Vincent Peillon, ministre de l'Education nationale. Mais près de 4 000 maires sont présents dans l'auditorium du parc des expositions et les questions sont nombreuses. Marthadi n'a pas pu poser la sienne.

Les rythmes scolaires, pas une priorité

"Ce que l'on réclame, c'est du cas par cas, explique Marthadi Ali. Quand vous êtes à Brest, ou à Quimper, ça reste le Finistère, mais les situations ne sont pas les mêmes. A Mayotte, c'est pareil. Et puis le contexte est différent. Le système scolaire est tout récent, on manque de classes..." ​5 000 habitants vivent à Kani-Kéli dont de nombreux enfants scolarisés. "Nos classes sont surchargées, on est à 30 par classe ! témoigne l'élu mahorais. La priorité, ce ne sont pas les rythmes scolaires et le passage à quatre jours et demi."

Marthadi Ali, conseiller municipal de Kani-Kéli
Pour faire face à la croissance démographique, plus de la moitié des écoles de Mayotte sont contraintes d'appliquer le système des rotations, faute de locaux disponibles. Un problème qu'avait souligné Ibrahim Boinahéry, président de l'association des maires de Mayotte, lors de son discours inaugural au premier jour du Congrès. Seules deux communes ont mis en place la réforme des rythmes scolaires dès septembre 2013, non sans difficultés, comme le relate le Journal de Mayotte

George Pau-Langevin reste évasive

A l'issue des débats, George Pau-Lagevin, ministre déléguée à la réussite éducative, reconnaît que la situation mahoraise est "exceptionnelle". Mais quand on lui demande si le plus urgent ne serait pas de construire des locaux, elle répond : "Attendre pendant des années d'avoir construit toutes les classes pour appliquer la réforme des rythmes scolaires, ce n'est pas rendre service aux enfants de Mayotte". Enthousiaste, elle ajoute : "En plus, à Mayotte, on n'est pas obligé de mener les activités périscolaires à l'intérieur de la classe !" Marthadi Ali est désemparé, il commente : "On a compris... On aura la réforme coûte que coûte. Advienne que pourra !" 

Les spécificités guyanaises n'ont pas pu être abordées
Jean Ganty, maire de Remire-Montjoly en Guyane est déçu de ne pas avoir pu prendre la parole lors de ce grand débat. "Je voulais dire au micro qu'en Guyane, certaines communes ont aménagé leurs rythmes scolaires depuis 17 ans !" A Remire-Montjoly, les élèves vont à l'école de 7h30 à 12h30, comme dans l'établissement Eugène Honorien. Et d'après Monsieur le Maire, "ça fonctionne très bien. Alors pourquoi changer ?"
Jean Ganty souhaitait aussi souligner la spécificité de certaines écoles guyanaises auxquelles les enfants sont contraints de se rendre en pirogue : "dans ces cas-là, allonger la journée pour des activités périscolaires n'aurait pas grand sens..."