Le groupe pétrolier français Rubis critique vertement le décret Lurel

Station service à Fort-de-France
Le groupe pétrolier français Rubis, qui vend environ un tiers des carburants aux Antilles et en Guyane, a accusé lundi le ministre de l'Outre-mer Victorin Lurel de jouer aux "apprentis sorciers" avec une réforme des prix jugée inapplicable. 
Les gérants de stations-service, les raffineurs, stockistes et autres distributeurs critiquent un projet du ministre mené selon eux "sans concertation" qui modifie le mode de calcul des marges - réglementées dans les départements d'Outre-mer - à un niveau insuffisant à leurs yeux.
 
Le nouveau décret, visant à lutter contre la vie chère, impose aux pétroliers de justifier l'ensemble de leurs coûts et plafonne à 9% les rendements financiers dans le raffinage et le stockage.

"Apprentis sorciers"

"Là, on a des apprentis sorciers, guidés par des objectifs politiciens et une haine viscérale des pétroliers", a tempêté Jean-Pierre Hardy, directeur général délégué de Rubis Energie. "Les choses telles qu'elles sont faites aujourd'hui sont inapplicables. On ne sait pas notamment comment les surcoûts liés à l'importation de produits seront pris en compte", a fait valoir M. Hardy. "S'il n'y a pas ajournement, pour concertation, il se passera des choses", a-t-il ajouté.
 
La Société anonyme de la raffinerie des Antilles (Sara), implantée en Martinique, menace, du fait du projet de décret Lurel, de ne plus financer les stocks stratégiques de carburants, dont la charge incombe habituellement aux distributeurs, qui font office de matelas de sécurité en cas de crise d'approvisionnement ou de flambée du prix du baril.
 
Codétenue par Total (50%), Rubis (35,5%) et ExxonMobil (14,5%), la Sara a la particularité de produire des carburants aux spécifications européennes pour les DOM, malgré la proximité des Amériques.
 

Réunion mercredi au ministère

Après une réunion en octobre 2012, et deux autres réunions en juin, toutes infructueuses, les pétroliers doivent être reçus mercredi 18 décembre au ministère des Outre-mer. "Il peut sortir quelque chose d'une concertation, à condition qu'elle soit bilatérale", a plaidé M. Hardy. Les pétroliers défendent le système actuel, né en 2010 après le vaste mouvement de protestation Outre-mer contre les prix élevés des carburants fin 2008.
 
Dans un appel à François Hollande, la filière carburants Outre-mer estime à environ 5 centimes sa marge nette pour un litre de carburant d'environ 1,40 euro. Rubis revendique un tiers du marché des carburants en Martinique, Guadeloupe et en Guyane, derrière Total (40 à 45% environ) mais devant Esso (ExxonMobil, environ 15%).