Depuis plus de dix ans, l'humoriste qui fait aujourd'hui scandale a sillonné les Outre-mer. Il a été tabassé en Martinique en 2005. Mais après ses prises de position de plus en plus radicales, il est devenu persona non grata, notamment à La Réunion en 2009.
2005: tabassage en Martinique
Le 2 mars 2005, l'affaire fait grand bruit en Martinique: alors qu'il donne une série de représentations à l'Atrium, Dieudonné est victime d'une agression, sur le parking d'une chaîne de télévision locale. Quatre individus se ruent sur lui, le rouent de coups, lui reprochent son anti-sionisme et le traite de "Sale nègre".Regardez le journal télévisé (Télé Martinique, devenue depuis Martinique 1ère) du lendemain, 3 mars, qui relate ces incidents:
Quelques semaines plus tard, le tribunal correctionnel de Fort de France condamne finalement les agresseurs de l'humoriste à six mois de prison, dont un mois ferme, pour "violences volontaires aggravées".
De retour en Martinique un an plus tard, en mars 2006, Dieudonné est l'invité de Radio Martinique. Interrogé par Claude Gratien, il affirme être "devenu Martiniquais" le jour de son agression. Et il égratigne au passage la loi Taubira sur la reconnaissance de l'esclavage comme crime contre l'Humanité.
Ecoutez Dieudonné en mars 2006
Dieudonné Martinique mars 2006
2007: la candidature avortée à la présidentielle
Alors qu'il est déjà largement connu pour flirter avec l'antisémitisme, Dieudonné profite de la campagne présidentielle de 2007 pour se faire un coup de pub: sur le modèle de Coluche, il prétend qu'il sera candidat à l'Elysée. Et son programme, qui se veut non communautariste, ratisse large. Il propose notamment à nouveau l'abrogation de la loi Taubira !Ecoutez le reportage, fin 2006, de Bruce Régent, de Radio Outre-mer 1ère.
Bruce Régent / programme DIeudonné
George Pau-Langevin / Dieudonné
Le flirt avec Kemi Seba et la Tribu Ka
A la même époque, il apporte un certain soutien à la très controverséeTribu Ka, dont le leader, Kémi Seba, prône la "séparation raciale" et qualifie Auschwitz de "paradis sur terre". La Tribu Ka, dissoute par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'intérieur, se déclare hostile à toute cohabitation entre les noirs (les "kémites" dans le verbiage de ce groupuscule) et les blancs (les "leucodermes"; dixit la Tribu Ka).Ecoutez ce que déclarait Dieudonné en 2006 à propos de la Tribu Ka, au micro de Peggy Robert, de Radio Outre-mer 1ère.
Dieudonné et la Tribu ka
2009: l'appel du pied à Elie...Domota !
En mars 2009, les Antilles et La Réunion sont secoués par un vaste mouvement de grogne sociale. Elie Domota, le très médiatique leader du LKP devient une sorte de modèle pour Dieudonné, toujours en recherche de médiatisation. L'humoriste explique:"J'aimerais faire un duo avec un autre Elie...Elie Domota"
Ecoutez les explications en 2009 de Patrice Elie dit Cosaque, de Radio Outre-mer 1ère.
Dieudonné et Elie Domota (Patrice Elie dit Cosaque)
2009: pas le bienvenu à La Réunion
L'ex humoriste, devenu polémiste, est désormais persona non grata en raison de sa réputation sulfureuse. Ainsi, fin 2009, le chanteur réunionnais de maloya Firmin Viry se trouve au centre d'une polémique. Contacté par un producteur, il avait proposé à Dieudonné de venir participer au Kabar du 20 décembre, qui commémore l'abolition de l'esclavage dans l'île.Regardez l'invitation de Firmin Viry à l'époque:
Ecoutez le reportage, en octobre 2009, de Bruce Régent pour Radio Réunion (devenu depuis Réunion 1ère radio):
Firmin Viry Dieudonné
Dieudonné, habitué des tribunaux
- 21 juin 2000: Dieudonné est condamné à 2.000 francs d'amende. Il a traité Patrick Sébastien de "con" en 1999, lui reprochant d'avoir chanté "Casser du noir" en 1996 en imitant Jean-Marie Le Pen.- 14 mars 2002: poursuivi pour avoir qualifié Blancs et catholiques d'esclavagistes et de racistes en mars 2000, il est relaxé par la cour d'appel de Paris.
- 27 mai 2004: le tribunal de Paris le relaxe alors qu'il est poursuivi pour être apparu sur France 3 le 1er décembre 2003, grimé en juif orthodoxe, faisant le salut nazi au cri de "IsraHeil!". La cour d'appel confirme la relaxe le 7 septembre 2005.
- 2 juin 2004: relaxé en appel du délit d'apologie du terrorisme après l'avoir été en première instance le 7 juillet 2003. Il avait déclaré en février 2002: "Je préfère le charisme de Ben Laden à celui de George Bush".
- 28 sept 2005: la Cour de cassation confirme le jugement de la cour d'appel de Nîmes qui avait relaxé Dieudonné du délit d'injures raciales, après une condamnation en première instance pour avoir dénoncé en 2004 les "manipulations médiatiques" de la "population juive" ainsi qu'un "lobby très puissant" ayant fait "main basse sur tous les médias".
- 16 fév 2007: la Cour de cassation estime que Dieudonné s'est bien rendu coupable d'injure raciale en assimilant, dans une interview en 2003 au magazine Lyon Capitale, les juifs à "une secte" et à "une escroquerie". Elle casse un arrêt de la cour d'appel de Paris qui avait jugé le contraire.
- 15 nov 2007: la cour d'appel de Paris le condamne à 5.000 euros d'amende pour des propos antisémites. Il comparait les "juifs" à des "négriers" dans un entretien au JDD en février 2004.
- 26 juin 2008: condamné à 7.000 euros d'amende par la cour d'appel de Paris pour des propos antisémites sur la mémoire de la Shoah, et notamment l'expression "pornographie mémorielle", tenus lors d'une conférence de presse à Alger en février 2005.
- 31 déc 2010: condamné à 10.000 euros de dommages et intérêts au profit de la Licra qu'il avait qualifié "d'officine israélienne" et "d'associations mafieuses qui organisent la censure" et "nient tous les concepts du racisme à part celui qui concerne les juifs".
- 17 mars 2011: la cour d'appel de Paris le condamne à 10.000 euros d'amende pour "injures" à caractère raciste pour des propos tenus sur la scène du Zénith lors de la remise du "prix de l'infréquentabilité" à l'historien révisionniste Robert Faurisson par une personne déguisée en déporté juif. Son pourvoi en cassation a été rejeté le 17 octobre 2012.
- 28 nov 2013: la cour d'appel de Paris le condamne à 28.000 euros d'amende pour diffamation, injure et provocation à la haine raciale pour des propos et une chanson dans deux vidéos diffusées sur internet. Il avait notamment transformé la chanson d'Annie Cordy "Chaud Cacao" en "Shoah nanas".