La députée socialiste de La Réunion qui présentera ce mardi à l'assemblée nationale la Résolution sur les Réunionnais de la Creuse explique sa démarche pour la1ere.fr
Votre Démarche, Ericka Bareigts, est-elle uniquement symbolique ?
Oui, mais c'est beaucoup, le symbole. C'est une première pour La Réunion, qui est le seul département concerné par cette affaire. L'an dernier, la Martinique avait présenté une Résolution hommage à Aimé Césaire. L'affaire des Réunionnais de la Creuse est un sujet très lourd, dans l'Histoire de La Réunion, mais aussi de l'hexagone. A La Réunion, ce sujet est finalement peu connu. Certes, on en a entendu parler lorsque Jean-Jacques Martial au début des années 2000 a intenté une action en justice. Mais en interrogeant autour de moi, je me suis aperçue que les gens n'en savent pas plus.
C'est une histoire qui est lourde individuellement, mais aussi collectivement.
Certains vous diront qu'on juge avec le regard d'aujourd'hui des faits d'un autre temps ?
On ne juge pas. J'ai un oeil politique sur cette affaire. Les victimes vivent encore cette histoire-là. Certes il y avait le contexte de La Réunion des années 60 : on sortait de l'époque coloniale, il y avait une grande pauvreté et un fort illettrisme, mais le choix politique qui a été fait relève d'un état d'esprit : on s'est autorisé à disposer d'enfants, à les retirer à leurs familles, créant une terrible rupture dans une grande violence affective.
L'Etat se doit, c'est un minimum, de reconnaître sa responsabilité morale. Et nous devons faire le travail de mémoire pour comprendre cet exil forcé.
Vous espérez l'unanimité sur votre résolution ?
Je ne sais pas. J'imagine que la droite voudra nous faire croire qu'on fait là le procès de Michel Debré (NDLR : ancien Premier ministre et député de La Réunion qui fut à l'origine de cet exil forcé des Réunionnais de la Creuse). Ce n'est pas le sens de ma démarche.
La question est de savoir si on reconnaît la responsabilité de l'Etat et si on souhaite que le travail de mémoire soit fait. L'opposition va devoir répondre là-dessus.
Le fait que la presse nationale remette cette histoire en lumières à l'occasion de cette résolution, est-ce déjà pour vous une première victoire ?
C'est un premier pas. La justice a dit aux victimes qu'il y avait prescription. On a enfoui tout ça sous le tapis. En parler à nouveau, c'est replacer cette histoire dans l'Histoire de France. C'est une manière de dire à ces Réunionnais qui ont vécu cet exil : "On reconnaît ce que vous avez vécu. On vous reconnaît."
Vous pourrez apporter vos commentaires et vos réactions via Twitter #runcreuse
Oui, mais c'est beaucoup, le symbole. C'est une première pour La Réunion, qui est le seul département concerné par cette affaire. L'an dernier, la Martinique avait présenté une Résolution hommage à Aimé Césaire. L'affaire des Réunionnais de la Creuse est un sujet très lourd, dans l'Histoire de La Réunion, mais aussi de l'hexagone. A La Réunion, ce sujet est finalement peu connu. Certes, on en a entendu parler lorsque Jean-Jacques Martial au début des années 2000 a intenté une action en justice. Mais en interrogeant autour de moi, je me suis aperçue que les gens n'en savent pas plus.
C'est une histoire qui est lourde individuellement, mais aussi collectivement.
Certains vous diront qu'on juge avec le regard d'aujourd'hui des faits d'un autre temps ?
On ne juge pas. J'ai un oeil politique sur cette affaire. Les victimes vivent encore cette histoire-là. Certes il y avait le contexte de La Réunion des années 60 : on sortait de l'époque coloniale, il y avait une grande pauvreté et un fort illettrisme, mais le choix politique qui a été fait relève d'un état d'esprit : on s'est autorisé à disposer d'enfants, à les retirer à leurs familles, créant une terrible rupture dans une grande violence affective.
L'Etat se doit, c'est un minimum, de reconnaître sa responsabilité morale. Et nous devons faire le travail de mémoire pour comprendre cet exil forcé.
Vous espérez l'unanimité sur votre résolution ?
Je ne sais pas. J'imagine que la droite voudra nous faire croire qu'on fait là le procès de Michel Debré (NDLR : ancien Premier ministre et député de La Réunion qui fut à l'origine de cet exil forcé des Réunionnais de la Creuse). Ce n'est pas le sens de ma démarche.
La question est de savoir si on reconnaît la responsabilité de l'Etat et si on souhaite que le travail de mémoire soit fait. L'opposition va devoir répondre là-dessus.
Le fait que la presse nationale remette cette histoire en lumières à l'occasion de cette résolution, est-ce déjà pour vous une première victoire ?
C'est un premier pas. La justice a dit aux victimes qu'il y avait prescription. On a enfoui tout ça sous le tapis. En parler à nouveau, c'est replacer cette histoire dans l'Histoire de France. C'est une manière de dire à ces Réunionnais qui ont vécu cet exil : "On reconnaît ce que vous avez vécu. On vous reconnaît."
Voir la Résolution qui sera défendue ce mardi par Ericka Bareigts:
Le débat à l'Assemblée nationale à suivre en direct sur la1ere.fr
Ce mardi, la discussion parlementaire sur la Résolution défendue par Ericka Bareigts sera à suivre en direct vidéo sur la1ere.fr, à partir de 16h30.Vous pourrez apporter vos commentaires et vos réactions via Twitter #runcreuse