Municipales : portrait de Felix Beppo, adjoint au maire du XVIIIème arrondissement de Paris

Natif de Guadeloupe, Felix Beppo est depuis six ans adjoint au maire socialiste du XVIIIème arrondissement de la capitale, chargé de la voirie et de la propreté. Il se représente sur la liste du parti socialiste et refuse tout communautarisme. 
50 ans, allure dynamique, verbe précis, socialiste tendance social-démocrate : Felix Beppo a des faux airs de...Pierre Moscovici !
Né à Pointe à Pitre, il fait partie de la "génération Bumidom". Felix Beppo a découvert Paris et la métropole à l'âge de 5 ans, en 1969, avec sa mère et ses sept frères et sœurs. A son arrivée, la famille s'est  installée dans le quartier populaire de la Goutte d'Or, dans ce XVIIIème arrondissement dont il est aujourd'hui élu.


"En 40 ans, la situation ne s'est guère arrangée"

Dans son petit bureau de la mairie du XVIIIème, l'élu de proximité raconte que lorsqu'il était enfant, sa famille ne roulait pas sur l'or. Sa mère, pendant deux ans au chômage, a mis 14 ans pour obtenir un logement social. "On a vécu de l'aide sociale, explique Felix Beppo, et il y a six ans, lorsque j'ai été élu à la mairie, j'ai commencé à assurer les permanences en mairie. J'ai rencontré des gens qui sont dans des situations plus dramatiques encore qu'il y a 40 ans...


L'école et la République

Felix Beppo confie que c'est l'école de la République qui lui a permis de s'en sortir, de faire des études supérieures brillantes (en économie puis à l'Ecole des Ponts). Repéré par un cabinet de chasseurs de têtes, il a travaillé sur les réseaux de transports en commun dans différentes villes de France : Cergy Pontoise, Nantes, Lyon, Lille et Montpellier. Aujourd'hui chargé des relations avec les collectivités dans une filiale de la SNCF, il explique connaître dans son activité professionnelle beaucoup de satisfaction : "Je suis sensible à la reconnaissance, comme tous les insulaires. Je tiens absolument à garder une activité, à ne pas devenir un professionnel de la politique. Gaston Monnerville disait qu'il ne faut surtout pas faire de la politique un métier". Quant à cette école de la République qu'il défend, il regrette qu'elle fonctionne moins bien qu'à son époque :

"L'élitisme républicain ne fonctionne plus. L'égalité des chances doit être le facteur numéro 1. Cette notion a disparu."







Monnerville, le modèle

Le Guyanais Gaston Monnerville, président du Conseil de la République puis du sénat de 1947 à 1968, est en effet le modèle politique de Felix Beppo. Comme il le raconte dans notre vidéo (en fin d'article), il a rencontré Monnerville en 1987 et a eu de fréquentes discussions avec lui jusqu'à sa mort en 1991. Il partage avec Monnerville un attachement indéfectible à la communauté Républicaine. Il raconte d'ailleurs son parcours et ses convictions politiques dans un livre publié en 2011 chez L'Harmattan : "Itinéraire(s) Carnets d'un élu de terrain".
Regardez une interview de Felix Beppo en 2011 à TV Sud à propos de son ouvrage:

Socialiste tendance Rocard

C'est en 1989, à l'âge de 25 ans, que Félix Beppo prend sa carte au parti socialiste. Il se sent proche des idées du premier ministre d'alors, Michel Rocard. En 1993, il rejoint les Radicaux de Gauche, la famille politique de Monnerville. Mais il renoue définitivement avec le parti socialiste en 2002, lorsque Jean-Marie Le Pen accède au second tour de la présidentielle : "ce fut pour moi un choc terrible. Comment expliquer ça à mes trois enfants métis ? Alors j'ai repris ma carte au parti socialiste et je ne la rendrai jamais". Dans cette campagne des municipales 2014, Felix Beppo sent la montée de l'extrême droite. "Oui, le Front National monte. Le racisme est de retour. Un racisme insidieux, qui se faufile, dans les plaisanteries par exemple. J'ai été très choqué du temps de réaction qu'il a fallu pour que Christiane Taubira soit soutenue face aux attaques racistes." En décembre dernier, il est d'ailleurs intervenu au conseil d'arrondissement sur ce sujet. Voici le texte de son intervention :

La politique, un monde de brutes !

Felix Beppo a tenté une implantation politique dans le sud de l'hexagone. Il a été durant quatre années, entre 2004 et 2008, directeur de cabinet de la maire socialiste de Montpellier, Hélène Mandroux. Quatre années qui furent rudes, dans une région à l'époque sous l'ombre tutélaire de Georges Frêche. Candidat dans la région Languedoc-Rousillon aux dernières législatives, il n'a pas obtenu le soutien de la rue de Solférino et a donc choisi de rester implanté à Paris, dans le XVIIIème arrondissement. 

Lors des municipales de mars prochain, il sera 13ème sur la liste socialiste. Suffisant, sans doute, dans cet arrondissement traditionnellement socialiste, pour être élu à nouveau conseiller d'arrondissement. Mais il y a très peu de chances que Felix Beppo accède au conseil de Paris. "Paris est la première ville Antillaise de France et sans doute du monde, et pourtant, sur deux mandats de Bertrand Delanoë, seule Firmine Richard a siégé au Conseil de Paris, c'est très peu..."

"La politique mémorielle ne suffit pas"

Felix Beppo revendique sa différence par rapport à la génération précédente d'élus ultramarins dans l'hexagone : "je m'intéresse à ce qu'il se passe en Outre-mer, mais je ne suis pas le porte-parole. Le réflexe existe encore chez les élus métropolitains : ils pensent que prendre un ultramarin sur sa liste, cela flatte la communauté antillaise. Les élus hexagonaux se contentent trop souvent de faire de la politique mémorielle, pensant répondre aux attentes des ultramarins. Nous avons d'autres attentes. Il faut travailler sur la citoyenneté, la communauté républicaine !


Le questionnaire de la1ere.fr

Comme tous les candidats ultramarins dont nous dressons le portrait chaque vendredi depuis le mois de décembre (portraits à lire en bas de cet article), nous avons soumis Felix Beppo à notre traditionnel questionnaire, qui permet de mieux découvrir la personnalité du candidat.

Quel est le lieu qui symbolise votre commune ?
Château-Rouge, dans le XVIIIème arrondissement. C'est là que j'ai grandi. C'est un endroit de mixité.

Quel lieu symbolise pour vous les Outre-mer ?
Pointe à Pitre, où je suis né. La case dans laquelle j'ai vécu les premières années de ma vie existe d'ailleurs toujours, Chemin des petites Abymes.

Quel lieu symbolise la France ?
Paris !

Votre modèle en politique ?
La réponse, en vidéo :

Le plus grand président de la Vème République ?
François Mitterrand

Votre personnage historique de référence ?
Jean Moulin

Si vous êtes élu, quelle sera votre première décision ?
Travailler au lancement de la Cité des Outre-mer. Nous en avons besoin. Et c'est une promesse faite depuis...Jacques Chirac ! Parce que c'est un serpent de mer, il faut le réussir, faire rayonner la culture ultramarine !

Quelle est votre devise ou expression favorite ?
"Si tu ne luttes pas, tu participes à la défaite" (Bertolt Brecht)