Eramet et SLN : Quand l’avenir calédonien dépend aussi de la City !

Ils marquent leur différence sans vraiment dévoiler ce qu’ils pensent. Une chose est certaine, ERAMET et la SLN ne sont pas au centre des préoccupations des Traders en nickel de la City de Londres. Mais le manque de visibilité du second groupe minier français suscitent des interrogations.

Quelles leçons tirées d’une semaine de fortes turbulences pour la SLN et ERAMET ? Quand ils acceptent d’évoquer la situation, les acteurs du LME, le marché londonien des métaux, citent volontiers le montant des pertes de l’usine calédonienne et le difficile financement de son développement depuis 15 ans, à l’inverse d’autres compagnies minières. Enfin, le retard dans la prise de décision concernant la future centrale à charbon est un dernier motif d’incompréhension. Pour toutes ces raisons, la plupart des analystes londoniens des métaux partagent les inquiétudes et le constat que font Didier JULIENNE l’expert français des métaux ou Jacques BACARDATS. Ce dernier, ancien PDG d’ERAMET, demande « une nouvelle gouvernance » et réclame deux sièges au conseil d’administration d’ERAMET pour la holding CARLO TASSARA, l’actionnaire minoritaire du groupe minier.
 

"La SLN aura beaucoup de mal à s'en sortir"

Les analystes londoniens ne croient pas pour autant à une faillite de l’usine de nickel de Doniambo. Toutefois, ils ajoutent avec un détachement «so british»: «au vu des pertes, la SLN aura tout de même beaucoup de mal à s’en sortir».
L’expert de BNP-PARIBAS, Stephen BRIGGS (photo), est sans doute l’analyste le plus respecté du marché du nickel. Ses propos sont révélateurs: « la City de Londres et les marchés considèrent que la SLN et ERAMET manquent de projets, ce sont des acteurs moyens, ERAMET manque de notoriété et ne suscite pas l’enthousiasme ». Il conclut avec un optimisme mesuré: « les cours du nickel remontent -un peu- ils devraient se stabiliser autour de 16 000 dollars la tonne en 2014, pour la SLN ce sera tout juste suffisant pour garder la tête hors de l’eau et à condition qu’il n’y ait pas de rechute ».
 

Le rachat du LME

L’avenir d’ERAMET et de la SLN va donc dépendre de la bourse de Londres et du cours quotidien du nickel. Cependant, le rachat du LONDON METAL EXCHANGE en 2012 par des financiers de la bourse de HONG-KONG a renforcé le poids de la Chine dans le négoce du nickel. De fait, la Nouvelle-Calédonie ou l’Indonésie sont mieux prises en compte dans le grand marché du négoce asiatique. C’est un atout pour David B. Wilson analyste chez CITIGROUP mais aussi pour Alex HARRISON (photo), le rédacteur en chef du METAL BULLETIN, le plus ancien journal consacré aux métaux et aux matières premières. Quand on lui pose la question de l’actualité calédonienne du nickel vu de Londres,  il répond : « la notoriété de la Nouvelle Calédonie ? Ce sont Les deux grandes usines qui ont été construites par GLENCORE et VALE.  Elles sont modernes, adossées à deux géants mondiaux du négoce et des matières premières. Elles représentent l’avenir ». 
Les milliers de mineurs calédoniens et de sidérurgistes de la SLN aimeraient bien ne pas être les oubliés de l’histoire…