Accusée de mensonge, Christiane Taubira se retrouve en mauvaise posture

Christiane Taubira
La Garde des Sceaux est dans la ligne de mire de l'UMP après que ses déclarations au sujet du placement sur écoutes de Nicolas Sarkozy ont été démenties par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

Non je n'ai pas menti, non je ne démissionne pas







A la sortie du conseil des ministres ce mercredi, Christiane Taubira a répondu aux journalistes, et aux demandes de démission de l'UMP. Elle a assuré n'avoir reçu aucune synthèse sur le contenu des écoutes  téléphoniques de Nicolas Sarkozy.


Ca devait être un coup dur pour l'UMP mais l'affaire semble se retourner contre le gouvernement. En début de semaine, Christiane Taubira et Manuel Valls ont affirmé ne pas avoir été tenu informés de la mise sur écoute de Nicolas Sarkozy, et l'avoir découvert dans Le Monde en date du 7 mars. Mais les propos de la Garde des Sceaux, qui s'est exprimée sur le plateau de TF1, ont été démentis par le Premier ministre en personne. Retour sur ces couacs gouvernementaux.

Acte 1: lundi soir

"Quand avez-vous appris que Nicolas Sarkozy était sur écoute ? L'avez-vous appris comme nous en lisant la presse ? " En posant cette question, Gilles Bouleau, qui reçoit Christiane Taubira dans le 20 heures de TFI lundi 10 mars a posé la question qui va mettre le feu aux poudres. Car la réponse se fait en plusieurs actes. Le premier, en toute logique, se déroule dans les secondes qui suivent.
"La réponse à votre question est très claire, je n'avais pas l'information avant", a répondu la ministre de la Justice après un long exposé sur le traitement des informations judiciaires.

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Acte 2 : mardi soir

Le deuxième a lieu sur France 2, mardi 11 mars. Cette fois-ci, c'est Jean-Marc Ayrault qui est invité du 20 heures de David Pujadas. "Les deux juges d'instruction [en charge de l'enquête] travaillent en toute indépendance", précise d'emblée le Premier ministre. "La garde des Sceaux pas plus que moi-même ne sommes au courant de ces écoutes téléphoniques". Après une relance du présentateur, il reconnaît néanmoins ne pas avoir appris le placement sur écoutes par voie de presse, mais avoir été informé, tout comme la Garde des Sceaux, lorsque le procureur de la République a ouvert une information judiciaire. Soit le 26 février, bien avant la publication du Monde qui en faisait mention le 7 mars.
 
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Acte 3 : mercredi, des réactions en rafale

La suite ne tarde pas. François Faletti, procureur de Paris était invité de la matinale d'Europe 1 mercredi. Ce même procureur dont Christiane Taubira souhaitait le départ et qui assurait encore début février qu'on voulait mettre à son poste "quelqu'un dont la sensibilité est plus proche du pouvoir en place".

Il a confirmé que Christiane Taubira était informée depuis le 26 février.
 

De son coté, interrogé sur RTL, Manuel Valls a confirmé que lui n'était au courant de rien. Il n'a pas répondu aux interrogations sur le rôle de Christiane Taubira dans cette affaire.
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Pour l'UMP, le placement sur écoute de Nicolas Sarkozy, bien que décidé par des juges d'instruction,donc indépendants, est le résultat d'une volonté du gouvernement de s'en prendre à Nicolas Sarkozy. Selon Europe 1 la mise sur écoute aurait été décidée en septembre, soit 6 mois avant que Christiane Taubira n'en soit finalement informée. D'autres sources évoquent un placement remontant à avril 2013.

Dès mercredi matin, Christian Jacob,
 président du groupe UMP à l'Assemblée dénonce une Garde des Sceaux "prise en flagrant délit de mensonge". Jean-François Copé, président de l'UMP a quant à lui demandé la démission de la ministre, maintenant que  "sa démission face à ce mensonge [était] inéluctable". Nadine Morano s'est de son coté fendu d'un tweet sans équivoque.



Pourquoi Nicolas Sarkozy est-il placé sur écoutes?
 Cette décision s'inscrit dans le cadre d'une enquête sur le financement de sa campagne de 2007. Selon Médiapart, la Lybie de Kadhafi aurait accepter de la financer à hauteur de 50 millions d'euros. Des révélations qui ont entraîné l'ouverture d'une enquête pour corruption et trafic d'influence par des juges d'instruction.

L'écoute des conversations téléphoniques de l'ancien président a permis aux juges d'intercepter un échange particulier qu'il a eu avec son avocat Thierry Herzog. D'après les échanges, ils seraient tenus au courant d'un tout autre dossier: l'enquête sur Liliane Bettencourt, et ce, par l'intermédiaire d'un haut magistrat de la Cour de Cassation Gilbert Azibert.
Une nouvelle enquête est donc ouverte pour trafic d'influence, les écoutes laissant entendre qu'en échange de la violation du secret de l'instruction, Gilbert Azibert pourrait avoir droit à un poste à Monaco, ce qu'il a démenti.