Serge Pauillac, 58 ans, chercheur à l'Institut Pasteur a commencé sa carrière à Cayenne, sa ville natale où il a travaillé sur le paludisme. Ensuite, il s'est envolé pour Paris puis Nouméa en passant par Tahiti où il a planché sur la ciguatera. De nouveau à Paris, il travaille sur le bioterrorisme.
"J'ai toujours voulu devenir chercheur à l'Institut Pasteur, raconte Serge Pauillac. C'était mon rêve, dès la 6e. A l'époque à Cayenne, le collège et le lycée se confondaient. On pouvait donc parler plus facilement avec nos aînés. On avait un côté naïf dans les années 60, mais ce lycée Félix Eboué, c'était un havre de paix". Fort de cette vocation précoce, Serge Pauillac n'a même pas 17 ans quand il débarque à Toulouse pour suivre des études de biochimie.
Avec un DEA en poche, l'équivalent d'un master 2 aujourd'hui, le jeune scientifique guyanais intègre une équipe de recherche sur le paludisme. "J'ai vraiment fait la bonne rencontre, souligne Serge Pauillac. Grâce au professeur Luis Pereira da Silva qui m'a pris sous son aile à l'Institut Pasteur à Paris, j'ai pu préparer ma thèse d'immunologie entre Cayenne et Paris et ainsi renforcer les équipes du premier laboratoire de biochimie de Guyane. A l'époque, il n'y avait pas de mails, alors on envoyait des telex. Nous avons travaillé sur le singe écureuil et essayé de développer un vaccin contre le paludisme humain. Avec nos équipes en Guyane et à Paris, nous avons déposé deux brevets car on avait réussi une protection partielle du singe, mais nous n'avons pas réussi à aller plus loin".
Dans les années 80, les IPOM (Institut Pasteur d'Outre-mer) étaient gérés par des médecins militaires. "Quand on nous affectait quelque part, impossible de dire non", raconte Serge Pauillac. Le chercheur a donc dû quitter Cayenne, car on lui demandait de travailler sur un autre sujet : les toxines marines et plus précisément la ciguatera. "Après m'être formé à Paris, je suis donc parti pour Tahiti rejoindre l'équipe du professeur Raymond Bagnis, à l'Institut Louis Malardé, poursuit le chercheur guyanais. C'était le temple de la découverte sur la ciguatera. C'était passionnant. On prélevait les poissons pour les étudier, on isolait les toxines et on arrivait à faire une sorte de cartographie de la ciguatera autour de Tahiti".
A Tahiti, Serge Pauillac apprécie l'art de vivre. "Tous les vendredis, il y avait des fêtes, on avait une vie très agréable. En plus au niveau professionnel, nous avons publié des articles et déposé deux brevets !" Mais au bout de 8 ans, en 2000, le chercheur se voit muter à Paris. "J'étais le seul chercheur de Pasteur spécialisé dans les toxines marines. J'ai mis à profit cette période pour me lancer dans la production d'anticorps recombinants en collaboration avec l'AFSSA, que l'on appelle aujourd'hui l'ANSES (l'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail). L'avantage quand on est à Paris, c'est que l'on a accès à énormément de savoirs, en Outre-mer c'est beaucoup plus difficile." Mais quand on lui propose de partir en Nouvelle-Calédonie pour travailler à nouveau sur la ciguatera, le chercheur ne se fait pas prier.
Regardez cette vidéo dans laquelle Serge Pauillac parle de ses recherches sur la ciguatera.
En Nouvelle-Calédonie, le chercheur apprécie la qualité de vie. "Cette île est magnifique, s'enflamme Serge Pauillac. Il y a une impression d'espace que je n'avais pas ressenti à Tahiti. En revanche, les relations humaines sont plus complexes en Nouvelle-Calédonie". Mais en 2009, le chercheur guyanais est de nouveau muté à Paris. Là encore, il doit abandonner ses recherches sur les toxiques marines, mais sa nouvelle aventure le passionne. Serge Pauillac planche sur les toxines clostridiennes. "Notre unité dirigé par le Dr Michel Popoff travaille en collaboration avec la DGA, la direction générale de l'armement, car ces toxines peuvent être de redoutables armes aux mains de terroristes. Il faut donc apprendre à les détecter et prévoir des contre-mesures". Cette toxine Epsilon de clostridum est tellement puissante que des animaux tels que les ovins ou les bovins en meurent très vite. Et Serge Pauillac de conclure "Pendant que nous faisons des études, les terroristes en font autant dans leurs laboratoires". Il est donc urgent de se prémunir !
Recherche sur le paludisme à Cayenne
Avec un DEA en poche, l'équivalent d'un master 2 aujourd'hui, le jeune scientifique guyanais intègre une équipe de recherche sur le paludisme. "J'ai vraiment fait la bonne rencontre, souligne Serge Pauillac. Grâce au professeur Luis Pereira da Silva qui m'a pris sous son aile à l'Institut Pasteur à Paris, j'ai pu préparer ma thèse d'immunologie entre Cayenne et Paris et ainsi renforcer les équipes du premier laboratoire de biochimie de Guyane. A l'époque, il n'y avait pas de mails, alors on envoyait des telex. Nous avons travaillé sur le singe écureuil et essayé de développer un vaccin contre le paludisme humain. Avec nos équipes en Guyane et à Paris, nous avons déposé deux brevets car on avait réussi une protection partielle du singe, mais nous n'avons pas réussi à aller plus loin".
La ciguatera à l'Institut Louis Malardé
Dans les années 80, les IPOM (Institut Pasteur d'Outre-mer) étaient gérés par des médecins militaires. "Quand on nous affectait quelque part, impossible de dire non", raconte Serge Pauillac. Le chercheur a donc dû quitter Cayenne, car on lui demandait de travailler sur un autre sujet : les toxines marines et plus précisément la ciguatera. "Après m'être formé à Paris, je suis donc parti pour Tahiti rejoindre l'équipe du professeur Raymond Bagnis, à l'Institut Louis Malardé, poursuit le chercheur guyanais. C'était le temple de la découverte sur la ciguatera. C'était passionnant. On prélevait les poissons pour les étudier, on isolait les toxines et on arrivait à faire une sorte de cartographie de la ciguatera autour de Tahiti". James Cook et la ciguatera
"La ciguatera est une intoxication alimentaire qui se contracte en mangeant du poisson contaminé, explique Serge Pauillac. Les symptômes vont de la diarrhée aux picotements, à une paralysie de la bouche. Cette intoxication que l'on appelle la gratte en Nouvelle-Calédonie provoque des symptômes qui peuvent durer de une à plusieurs années. L'explorateur, James Cook en parlait déjà au XVIIIème". A l'Institut Louis Malardé, la ciguatera est bien connue. "En fait, quand les récifs coralliens s'abîment suite à un tsunami ou par l'action des hommes (construction d'une zone portuaire par exemple), ils blanchissent et meurent, précise Serge Pauillac. Sur ces coraux détériorés se forment des macro-algues qui forment un substrat à des micro-algues. Parmi elles, les Gambierdiscus toxicus, produstrices de ciguatoxines. C'est en mangeant ces algues que les poissons herbivores s'intoxiquent, puis les poissons carnivores quand ils ingurgitent les herbivores et en bout de chaîne, l'homme !"De Tahiti à la Nouvelle-Calédonie
A Tahiti, Serge Pauillac apprécie l'art de vivre. "Tous les vendredis, il y avait des fêtes, on avait une vie très agréable. En plus au niveau professionnel, nous avons publié des articles et déposé deux brevets !" Mais au bout de 8 ans, en 2000, le chercheur se voit muter à Paris. "J'étais le seul chercheur de Pasteur spécialisé dans les toxines marines. J'ai mis à profit cette période pour me lancer dans la production d'anticorps recombinants en collaboration avec l'AFSSA, que l'on appelle aujourd'hui l'ANSES (l'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail). L'avantage quand on est à Paris, c'est que l'on a accès à énormément de savoirs, en Outre-mer c'est beaucoup plus difficile." Mais quand on lui propose de partir en Nouvelle-Calédonie pour travailler à nouveau sur la ciguatera, le chercheur ne se fait pas prier.
L'acide rosmarinique
En 2005, Serge Pauillac débarque à Nouméa et cette fois, il est rapidement dans le "bain". "Nous avons très vite décidé d'analyser une soixantaine de plantes, utilisés en médecine traditionnelle pour soigner les effets de la ciguatera. On a fait des tests et nous avons pu breveter l'acide rosmarinique, une substance capable de neutraliser les effets de la ciguatera sur des souris. A l'Institut Malardé à Tahiti, ils travaillent désormais sur ce sujet pour voir comment l'appliquer à l'homme". Mais l'aventure ne s'arrête pas là. En Nouvelle-Calédonie, Serge Pauillac et des collègues de l'IRD (Institut de Recherche pour le développement) se sont rendus compte qu'à Lifou, on parlait de ciguatera alors que la fameuse algue Gambierdiscus toxicus n'était pas présente. "Sur place, raconte Serge Pauillac, nous avons discuté avec les pêcheurs et les médecins de Lifou. Nous avons fait la coutume, bien sûr. Et nous avons observé en mer des tapis noirs dans les fonds marins avec des doses importantes de toxines. Nous avons alors compris que les bénitiers qui sont statiques concentrent ces toxines et quand ils sont mangés par l'homme, cela provoque les mêmes symptômes de type ciguaterique."Regardez cette vidéo dans laquelle Serge Pauillac parle de ses recherches sur la ciguatera.
Interview de Serge Pauillac sur la ciguatera