Procès Elisor : 8 et 20 ans de prison requis contre les deux meurtriers présumés

le palais de justice de Bobigny
Des peines de 8 et 20 ans de prison ont été requises jeudi matin contre les deux meurtriers présumés de Claudy Elisor. Ce DJ d'origine guadeloupéenne a perdu la vie après avoir été lynché par un groupe d'agresseurs dans la nuit du Nouvel An 2011. Le verdict est attendu dans l'après-midi.
Des peines de huit et vingt ans de prison ont été requises jeudi matin devant la cour d'Assises de Bobigny contre Alassane Diop et Amadou Fall, les deux meurtriers présumés de Claudy Elisor. Ce DJ d'origine guadeloupéenne a perdu la vie après avoir été lynché par un groupe d'agresseurs dans la nuit du Nouvel An 2011. Le verdict est attendu dans l'après-midi.

"Toutes les personnes qui ont porté des coups sont responsables du décès"

Pendant près de 40 minutes, devant une salle comble, l'avocate générale, Anne-Laure Brutin, est revenue sur les faits. Nombreux sont ceux qui n'ont pu retenir leurs larmes, à l'instar de la mère de la victime. La magistrate a reconnu qu'il y avait eu des ratés dans l'enquête, mais que tous ceux qui avaient pu être reconnus étaient présents dans la salle. 



Amadou Fall, "c'est le chef, le leader, celui qui désigne la victime, qui frappe le premier et s'acharne, ne vise que la tête et partira en volant des bouteilles de champagne et clamant "c'est ma soirée, c'est ma soirée"", a affirmé l'avocate générale, avant de requérir une peine de vingt ans à son encontre. Elle a requis huit ans de prison contre son coaccusé, Alassane Diop, désigné par moins de témoins, mais qui est, selon elle, "le seul à représenter le groupe, ce groupe qui va faire la force et va permettre les coups". Pour l'avocate générale, "toutes les personnes qui ont porté des coups sont considérées comme responsables du décès de Claudy Elisor".



Des témoignages fluctuants

Le principal accusé, Amadou Fall, 24 ans, comparaît libre car il est sorti de prison à la faveur d'un problème de fax au tribunal, un raté rarissime de la justice. Comme son coaccusé Alassane Diop, 29 ans, il a clamé son innocence tout au long du procès. Ils encouraient au maximum 30 ans de prison chacun pour meurtre.

Cruciales en l'absence de trace ADN probante ou de vidéosurveillance, les auditions des témoins qui ont assisté au tabassage à mort de Claudy Elisor se sont succédé, mais beaucoup ont peiné à identifier formellement les agresseurs, trois ans après des faits qui se sont déroulés après plusieurs heures de fête et dans une semi-obscurité.

"L'intention de tuer était bien là", selon l'avocate générale

Cette nuit-là M. Elisor, père de famille de 33, ans anime bénévolement une soirée dans une petite salle du Blanc-Mesnil, que les jeunes de la cité dite "du 212", toute proche, ont l'habitude de fréquenter. Amadou Fall a reconnu être le jeune qui, vers 4h du matin, a tenté de pénétrer dans la soirée avant d'en être éconduit. Il est soupçonné d'avoir ensuite organisé en quelques minutes, à coups de SMS, une expédition pour laver l'affront dans le sang, ce qu'il nie.

Un groupe d'agresseurs entre par la suite dans la salle et fond sur le DJ. Un premier coup à la tête et l'homme s'effondre. Un homme avec un pitbull monte la garde tandis que les autres s'acharnent sur M. Elisor, au sol, le frappant notamment avec une chaise, puis s'enfuient en dévastant les lieux et en volant des bouteilles de champagne. Pour l'avocate générale, il n'y a aucun doute, "l'intention de tuer était bien là". Plongé dans un coma profond, Claudy Elisor succombe quelques jours plus tard d'un œdème cérébral.