Coupe du monde de football : le désamour des Brésiliens

Peinture murale de l'artiste de rue brésilien Paulo Ito, réalisée en mai 2014 à Sao Paulo
Le Brésil a dépensé environ 10 milliards d’euros pour l’organisation de la Coupe du monde de football. Un montant qui pas n’est du goût de nombreux Brésiliens qui auraient préféré que cet argent soit dépensé pour la santé, l’éducation et d’autres services publics.
A deux semaines du début de la Coupe du monde, le 12 juin, la grogne ne faiblit pas au Brésil. Lundi, environ 200 professeurs en grève pour des augmentations de salaire ont bloqué durant 30 minutes le bus transportant les joueurs de l’équipe brésilienne à l’aéroport de Rio. Ils étaient notamment en colère contre le coût du Mondial, 10 milliards d’euros, soit le double du budget initial, alors que l’éducation nationale manque d’argent.
 

Grèves sectorielles

La semaine dernière, c’était un mouvement des chauffeurs de bus à Sao Paulo qui entraînait des embouteillages monstres dans la ville la plus peuplée du pays. Même les policiers s’y sont mis le 21 mai, avec une grève de 24h dans 14 Etats du Brésil pour demander des hausses de salaire. De fait, des grèves sectorielles et des manifestations pourraient même avoir lieu durant la Coupe du monde, qui se déroule pourtant à domicile. Une première dans ce pays amoureux du ballon rond.
 
« Le mouvement que l’on voit dans la rue est difficile à identifier car c’est un mélange de frustration de la population et une fenêtre d’opportunité pour l’opposition qui veut dénoncer ce qui se passe au gouvernement », explique Márcia Moraes de Oliveira, une politologue brésilienne basée à Paris. « Puis il y a les travailleurs, essentiellement de la fonction publique, et les jeunes qui veulent montrer un manque de probité dans les investissements de la Coupe du monde. »
 

Engouement en baisse

« Ces manifestations posent également le problème de la croissance à la brésilienne sur le modèle des Etats-Unis, basé sur le pouvoir d’achat et la consommation », souligne Márcia Moraes de Oliveira. « La planification et la réorganisation que tout ce que ce type de croissance entraîne n’est pas très clair pour la population. Avec la Coupe du monde, le Brésil est devenu un grand chantier. Mais aux yeux des gens ça n’avance pas. La population ne comprend pas pourquoi tant d’argent a été investi alors que les services publics ne marchent pas et que le coût de la vie est extrêmement élevé. »
 
Au Brésil, l’engouement pour la Coupe du monde « à la maison » n’a jamais été aussi bas. Selon un récent sondage, 52 % des Brésiliens sont favorables au Mondial, contre 79 % en novembre 2013. Par ailleurs, 75 % d’entre eux désapprouvent les investissements publics engagés pour l'événement.