Koniambo Nickel recrute tous azimuts mais à durée déterminée

Les présidents américain Donald Trump et chinois Xi Jinping.

L’annonce propose jusqu’à 150 emplois industriels sur le site de l'usine du Nord. Mais pour une durée maximum de trois ans. KNS, initiateur de l’opération est une co-entreprise du leader mondial des métaux GLENCORE et de la SMSP le bras économique des indépendantistes calédoniens.

L'équipe de recrutement de KNS affirme qu'elle a été d'une totale transparence. Aucune question ne lui aurait été posée sur son actionnaire GLENCORE à la réputation jadis sulfureuse. L'opération est conduite par le leader en management Hudson. La campagne de communication a été initiée par une page de publicité parue dans le Figaro, le 12 mai dernier. Dans une France confrontée au chômage et au déclin industriel, le résultat a été à la hauteur des attentes. Proposer 150 postes " dans un archipel du Pacifique renommé pour son lagon" avait de quoi attirer l’attention. Dans les jours qui ont suivi, les médias français et belges ont largement repris l'information, annonçant les rendez-vous proposés par KNS dans des régions industrielles en difficulté où le ciel est forcément moins bleu.

Nous voulons être le leader mondial du nickel

De la terrasse du Hyatt Regency Etoile, la vue embrasse tout Paris et notamment la tour Montparnasse, siège du groupe ERAMET, le seul concurrent français de Glencore. Simple coïncidence, c'est ici que résidait l'équipe de KNS. Un quartier général où étaient centralisées les informations recueillies pendant les rencontres faites dans les bassins sidérurgiques en crise. Un tour de France des ingénieurs, des métallurgistes, comme autant de compétences sous employées et disponibles pour le grand voyage en Nouvelle-Calédonie : « Nous recherchons les compétences les plus fortes, ce n'est pas si facile. Je suis fatigué mais satisfait, on a enchaîné les réunions d'information en France et en Belgique. Nous voulons réaliser le rêve de Jean-Marie TJIBAOU, nous voulons être le leader mondial du Nickel ». Ainsi parle Charles NGAYONI, jeune ingénieur kanak et visage médiatique de cette campagne de recrutement de KNS Koniambo Nickel. Une campagne de communication mise en musique par Hudson, le leader des cabinets de conseil en recrutement. Et Charles NGAYONI de conclure : « Je pars pour deux semaines au Canada. Ce n'était pas prévu mais le management de KNS l'a décidé, je suis Kanak et ma présence est sans doute un atout ».

Pour KNS, il est normal de recruter dans tout l'espace francophone et pas seulement en France

Après le Maghreb, après la France et après la Belgique, la tournée de recrutement de KNS s'est envolée pour Montréal et un premier rendez-vous à Sept Iles, au cœur de la métallurgie du Québec, avant de rejoindre Rouyn Noranda, la capitale régionale du Nickel. KNS et Hudson auront donc ratissé large pour trouver les compétences nécessaires à la montée en puissance de l'usine du Nord. Combien parmi ces candidats seront retenus et d'où viendront-ils ? Un communiquant de KNS indique : « on devrait connaître les profils retenus d'ici deux mois. Les premières arrivées sur le site se feront courant novembre si tout va bien. Il nous reste à prospecter encore en Nouvelle-Calédonie, même si nous n'irons pas jusqu'aux portes des entreprises concurrentes ».

En France, KNS aurait reçu plus de 500 curriculum vitae, autant de profils dans les tous les domaines recherchés. Des offres d'emplois mises en ligne sur Google avec pas moins de quatre pages pour les mots «  KNS HUDSON ». Selon les sources, entre 100 et 150 postes sont proposés. Des profils qui constituent en tout cas une base de données particulièrement intéressante et précieuse.
Les candidatures retenues auront été sélectionnées par le cabinet Hudson, le partenaire en recrutement, elles seront validées par les opérationnels de l'usine du Nord. Pour le moment, les meilleurs profils auraient été détectés dans le bassin industriel de Fos-sur-Mer, près de Marseille. La personnalité de Charles NGAYONI, l'ingénieur kanak, aurait permis de valoriser et d’humaniser le projet industriel du Nord. En tout cas, les communiquant d'Hudson ont bien travaillé. Les candidats français ou belges auraient été touchés par la dimension sociétale de l'usine du Nord, par le projet industriel « du peuple kanak » ce savant mélange de « capitalisme à visage humain ». Avant la France, avant la Belgique et avant le Canada, c'est en Tunisie et au Maroc que la délégation KNS était allée faire son marché du travail. C'est un collaborateur tunisien de KNS qui s’est occupé des candidats, toujours au côté de Chantal Francoeur l'omniprésente vice-présidente de KNS. Pourquoi avoir été au Maghreb ?
La technologie des cimenteries serait très proche de celle utilisée pour produire du nickel au pied du Koniambo. Et ces grandes cimenteries se trouvent à Tanger et dans la banlieue de Tunis. La presse s'est d'ailleurs faite l'écho de KNS en précisant que «  Koniambo Nickel faciliterait l'obtention de visas ». Aujourd’hui c’est la presse du Québec qui reprend l’information et précise que le voyage pour Nouméa et Koné se fera en classe affaire.

Pour l'usine du Nord, le temps presse et le temps c'est de l'argent

La construction et la mise en service de l'usine ont été un succès. Mais KNS pourrait aujourd’hui perdre de l’argent. Koniambo Nickel serait confronté à des problèmes. Il lui faut donc des experts pour résoudre les défis techniques très pointus de la montée en puissance de l’usine du Nord. D’où cette campagne de recrutement francophone tous azimuts. Sur l'intitulé des contrats de travail, Jean-Marc Bouvet le consultant en communication de KNS veut couper court aux rumeurs : « nous n'avons pas proposé de CDI mais des CDI de chantiers, les collaborateurs qui seront recrutés n'ont pas vocation à s'installer en Nouvelle-Calédonie, mais à transmettre leurs compétences ». Et d’ajouter : « C'est un journaliste qui s'est trompé et à confondu, les contrats auront une durée de trois ans au maximum, tout est clair».
Reste que cette erreur, s'il s'agit de cela, a sans doute contribué à populariser l'annonce de recrutement et à attirer les candidats. De Dunkerque à Tanger, entre 30 et 50 personnes étaient présentes à chaque réunion de présentation. Près de 500 ingénieurs et techniciens métallurgistes auraient déjà déposé leur candidature. Qui seront les heureux élus ? On ne le saura sans doute jamais, ce sont les limites que s’impose toute bonne opération de communication.