Ségolène Royal avait annoncé par communiqué le 26 mai dernier la fin des épandages aériens. L’arrêté a finalement été publié vendredi et il prévoit deux types de dérogations qui concernent le riz de Guyane et pourrait s'appliquer -en théorie- à la banane des Antilles.
C’est par un tweet victorieux que la ministre de l’Ecologie annonce la publication de son arrêté d’interdiction des épandages aériens vendredi dernier.
Cet arrêté relatif aux conditions d'épandage par voie aérienne prévoit plusieurs types de dérogations. Dans des cultures telles que la vigne et le riz notamment en Guyane, la pratique temporaire d'épandages aériens reste possible. Il faut en faire la demande auprès de la préfecture du département. Cette dérogation est sérieusement encadrée. Par ailleurs, selon l’article 17 de cet arrêté, en cas d’urgence climatique ou lorsqu’un organisme ne peut pas être maîtrisé par d’autres moyens que l’épandage aérien, des dérogations peuvent être accordées, quelles que soient les cultures. Ce qui signifie que toutes les cultures comme la banane pourraient, en cas d'urgence, faire l'objet d'épandages aériens de pesticides.
L’association Agir Pour l’environnement, qui s’est fortement mobilisée contre les épandages aériens, s’avoue perplexe. Pour son délégué général Stephen Kerckhove, joint par la1ere.fr, "c’est assez malsain qu’une ministre annonce ainsi la fin des épandages alors qu’il existe toujours des possibilités de dérogations. C’est fou que Ségolène Royal se permette d’enjoliver la réalité à ce point-là, poursuit-il, c’est du mensonge !" Ecoutez la réaction de Stephen Kerckhove d'Agir pour l'environnement.
De son côté, l’UGPBAN, l’Union des Groupements de producteurs de bananes, qui rassemble la majorité des planteurs de Guadeloupe et de Martinique, se refuse à tout commentaire sur le dossier. Selon leur service de communication, les bananiers ont tourné depuis bien longtemps la page des épandages aériens et se sont engagés vers une banane durable, avec le moins possible de pesticides.
La coordination rurale juge toutefois que la fin des épandages aériens a été très mal préparée par le gouvernement. En particulier en Martinique où, souligne Adeline Gachein, "certains petits producteurs vont devoir mettre la clef sous la porte. Des parcelles sont en pente et donc impossibles à traiter, ajoute-t-elle. Il aurait fallu prendre des mesures d’accompagnement. C’est légitime de prendre en compte les désirs de la société civile, mais il faut aussi tenir compte des efforts faits localement pour réduire l’utilisation de produits phytosanitaires. Et puis les épandages terrestres sont pires pour la santé des agriculteurs".
Le ministère explique qu'il va faire de la pédagogie auprès des associations environnementales et des différents acteurs du dossier sur cet arrêté.
Mon arrêté d'interdiction de l'épandage aérien des pesticides est publié ce matin au Journal Officiel . Santé et environnement#biodiversité
— Ségolène Royal (@RoyalSegolene) 19 Septembre 2014
"Mon" arrêté
Mais force est de constater qu’il y a une erreur dans cette déclaration. Comment Ségolène Royal peut-elle parler de "son" arrêté alors qu’il émane directement des services du ministère de l’Agriculture ? C’est indiqué sur le texte même.
Un arrêté d'interdiction mais... avec des dérogations
Cet arrêté relatif aux conditions d'épandage par voie aérienne prévoit plusieurs types de dérogations. Dans des cultures telles que la vigne et le riz notamment en Guyane, la pratique temporaire d'épandages aériens reste possible. Il faut en faire la demande auprès de la préfecture du département. Cette dérogation est sérieusement encadrée. Par ailleurs, selon l’article 17 de cet arrêté, en cas d’urgence climatique ou lorsqu’un organisme ne peut pas être maîtrisé par d’autres moyens que l’épandage aérien, des dérogations peuvent être accordées, quelles que soient les cultures. Ce qui signifie que toutes les cultures comme la banane pourraient, en cas d'urgence, faire l'objet d'épandages aériens de pesticides.
"C’est du mensonge"
L’association Agir Pour l’environnement, qui s’est fortement mobilisée contre les épandages aériens, s’avoue perplexe. Pour son délégué général Stephen Kerckhove, joint par la1ere.fr, "c’est assez malsain qu’une ministre annonce ainsi la fin des épandages alors qu’il existe toujours des possibilités de dérogations. C’est fou que Ségolène Royal se permette d’enjoliver la réalité à ce point-là, poursuit-il, c’est du mensonge !" Ecoutez la réaction de Stephen Kerckhove d'Agir pour l'environnement.Stephen Kerckhove de l'association Agir pour l'environnement
"Loin de l'interdiction"
Agir pour l’Environnement a lancé en juillet dernier une consultation sur internet sur la question des épandages aériens de pesticides qui a récolté plus de 17 000 messages, quatre seulement étant favorables aux épandages aériens, selon l’ONG. Pour France Nature Environnement, c’est aussi la déception. "Certes, il y a des progrès, souligne Marie-Catherine Schultz de FNE, moins de cultures sont concernées par les dérogations temporaires, mais on est encore loin de l’interdiction totale des épandages aériens en France".
La banane durable
De son côté, l’UGPBAN, l’Union des Groupements de producteurs de bananes, qui rassemble la majorité des planteurs de Guadeloupe et de Martinique, se refuse à tout commentaire sur le dossier. Selon leur service de communication, les bananiers ont tourné depuis bien longtemps la page des épandages aériens et se sont engagés vers une banane durable, avec le moins possible de pesticides.En cas d'urgence
En revanche, du côté de la coordination rurale, on salue la possibilité d’obtenir des dérogations d’urgence. Pour l’animatrice du pôle Outre-mer de ce syndicat agricole, l’arrêté permet au moins de faire face à des situations d’urgence. "Le secteur de la banane est le premier employeur aux Antilles, précise Adeline Gachein, animatrice de la coordination rurale. Il est donc nécessaire voir indispensable qu’en cas d’urgence l’on puisse procéder à des épandages aériens. S'il y a une grave maladie par exemple, la récolte est fichue. Des personnes risquent de perdre leur emploi". Ecoutez Adeline Gachein, animatrice pour l’Outre-mer de la Coordination rurale.Adeline Gachein de la Coordination rurale
"Les épandages terrestres sont pires pour la santé des agriculteurs"
La coordination rurale juge toutefois que la fin des épandages aériens a été très mal préparée par le gouvernement. En particulier en Martinique où, souligne Adeline Gachein, "certains petits producteurs vont devoir mettre la clef sous la porte. Des parcelles sont en pente et donc impossibles à traiter, ajoute-t-elle. Il aurait fallu prendre des mesures d’accompagnement. C’est légitime de prendre en compte les désirs de la société civile, mais il faut aussi tenir compte des efforts faits localement pour réduire l’utilisation de produits phytosanitaires. Et puis les épandages terrestres sont pires pour la santé des agriculteurs".Suspension du Conseil d'Etat
Les épandages aériens sont interdits dans l’Union européenne (directive de 2009). Le 6 mai dernier, le Conseil d’Etat saisi par trois associations en Guadeloupe avait ordonné la suspension de l’exécution de l’arrêté interministériel du 23 décembre 2013 relatif aux conditions d’épandage de produits phytosanitaires par voie aérienne. Ce qui avait obligé le gouvernement à revoir sa copie et donc à publier ce nouvel arrêté. Regardez ce reportage de Guadeloupe 1ère au Tribunal administratif de Basse-Terre.
21/06/2013 Reportage de Guadeloupe 1ère au Tribunal administratif de Basse-Terre. L' Association Lutte Vigilance Sanitaire demandait l'arrêt des épandages aériens.
Précisions du ministère de l'écologie
Le ministère de l'Ecologie précise que les dérogations d'urgence, très critiquées par les associations environnementales, sont une obligation communautaire, mais qu'elles ne pourront à aucun moment être appliquées, dans les faits, pour de nouveaux épandages aériens sur les plantations de bananes aux Antilles.Le ministère explique qu'il va faire de la pédagogie auprès des associations environnementales et des différents acteurs du dossier sur cet arrêté.