Vers un CICE "super majoré" pour le tourisme Outre-mer ?

A l'occasion d'un colloque organisé par la FEDOM (Fédération des entreprises d'Outre-mer) à l'Assemblée nationale, la ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin a confirmé qu'un Crédit d'Impôts Compétitivité-Emploi "super renforcé" était à l'étude pour le secteur du tourisme Outre-mer.
Lors de son déplacement à la Réunion en août, François Hollande avait annoncé une majoration du crédit d'impôts Compétitivité-Emploi (CICE) Outre-mer. A terme il sera de 9 % contre 6 % dans l'hexagone. Depuis quelques jours, certains membres du patronat ultramarin défendaient une majoration au cas par cas, pour les secteurs les plus en difficulté. Ce jeudi, la ministre des Outre-mer a confirmé que la piste d'une majoration supplémentaire était à l'étude, "conformément au souhait du Président de la République".  

L'enjeu est de répondre à la perte de compétitivité des Outre-mer français face à des destinations voisines. Elle avait été soulignée en début d'année par la Cour des Comptes. L'Ile Maurice accueille chaque année 2 fois plus de touristes que la Réunion. La république Dominicaine 8 fois plus que la Martinique. 


Etudes de faisabilité

George Pau-Langevin a cependant conditionné ce CICE "super renforcé" aux études de faisabilité réalisées actuellement. Il faut notamment vérifier que ce taux doublement dérogatoire n'est pas contraire aux exigences de Bruxelles en matière de respect de la concurrence.  La question du taux n'est pas encore d'actualité selon la ministre, mais le chiffre de 12 % de crédit d'impôt est évoqué. Il faudra aussi définir à qui il s'appliquera. Doit-il concerner l'ensemble des professionnels du tourisme ou uniquement les métiers de l'hôtellerie? Les professionnels, eux même ne sont pas d'accord. La locataire de la rue Oudinot penche pour la première des hypothèses. Ecoutez George Pau-Langevin

George Pau-Langevin approuve le principe d'un CICE hyper renforcé pour le tourisme

Stabilité fiscale

Les dispositifs d'incitation fiscale à l'investissement "ne seront pas remis en cause au cours de ce quinquennat" a aussi affirmé George Pau-Langevin face à des représentants patronaux qui plaident pour la stabilité fiscale. En 2013, ils ont contribué à financer près de 48 millions d'euros d'investissements dans le secteur du tourisme Outre-mer. Ainsi, la très technique TVA non-percue récupérable sera maintenue. Sa suppression avait été évoquée il y a un an, au moment de l'examen du budget 2014.

Il faudra en revanche "réduire la voilure" sur d'autres outils jugés moins efficace. C'est le cas de l'aide à la rénovation hôtelière, qui n'a "contribué que très marginalement à la reconversion des structures d'accueil", selon George Pau-Langevin.

Vers la fin des aides à la rénovation hôtelière

Libéralisation des visas

La ministre a confirmé que la politique de libéralisation des visas serait poursuivie. Un nouveau partenariat devrait être signé avec "Atout France" pour "agir concrètement" et "mieux défendre et promouvoir les destinations ultramarines". Leur communication à l'international est régulièrement critiquée.

Enfin, un Conseil de promotion du Tourisme exclusivement dédié aux Outre-mer sera créé. Mis en place sous l'égide du quai d'Orsay l'été dernier, cette nouvelle instance a pour objectif de définir une stratégie de développement du secteur d'ici à 2020 avec l'ensemble des acteurs. 

En revanche, la crise requin et sa gestion à la Réunion ou la fin demandée de l'obligation de vaccination contre la fièvre jaune en Guyane n'ont pas été mentionnées par la ministre. Ces sujets, perçus comme des freins au développement du tourisme, avaient été longuement débattus par les professionnels durant la matinée.